Christian Strasser, président de l’Aca, évoquera la situation des taux d’intérêt bas dans son discours lors de l’Aca Insurance Day 2019. (Photo: Matic Zorman / Archives)

Christian Strasser, président de l’Aca, évoquera la situation des taux d’intérêt bas dans son discours lors de l’Aca Insurance Day 2019. (Photo: Matic Zorman / Archives)

Environ 800 personnes sont attendues à l’Aca Insurance Day ce jeudi 21 novembre, rassemblement annuel des acteurs de l’assurance. Christian Strasser, président de l’Aca (Association des compagnies d’assurances et de réassurances) et directeur général de Lalux, fait le point sur les thèmes qui y seront abordés et les problématiques auxquelles le secteur fait face actuellement.

Quels seront les thèmes principaux abordés lors de l’Aca Insurance Day?

. – «Cette année, nous avons choisi le thème général ‘’. Nous allons évoquer différentes typologies de challenges, comme le changement climatique. Nous avons d’ailleurs la chance de compter parmi nos intervenants Butch Bacani, programme leader des Principes pour l’assurance durable de l’Onu Environnement.

Comme d’habitude, il y aura également des ‘break-out sessions’. La première portera sur les questions techniques relatives à l’harmonisation européenne des fonds de garantie nationaux. Et la seconde abordera des thèmes plus opérationnels, comme les risques climatiques ou les risques cyber.

Les cyberattaques deviennent courantes: chez Lalux, en 2018, nous avons ainsi recensé plus de 2.500 attaques, heureusement sans conséquences. Il faut être capable de s’en prémunir et de réagir, aussi bien au sein des compagnies qu’en termes d’accompagnement des clients.

Le dernier panel débattra enfin des évolutions de l’environnement fiscal, avec l’intervention de , ministre des Finances.

L’Aca pour l’assurance durable. Quelle est l’étape suivante?

«Nous avons lancé un groupe de travail dédié à l’Aca. Sa première action concrète a consisté à proposer aux membres de l’association* de faire analyser leurs portefeuilles d’investissement, et 27 d’entre eux ont accepté de participer. Les résultats seront connus d’ici la fin de l’année et donneront un premier panorama du marché sur la part des investissements ‘responsables’ des compagnies.

Nos clients sont exposés à de nouveaux risques, dont la probabilité de survenance s’accroît.
Christian Strasser

Christian StrasserprésidentAca

Quelles sont les opportunités à saisir pour le business de l’assurance en Europe et au Luxembourg dans les années à venir?

«Les risques climatiques comme les risques cyber créent de nouvelles obligations pour les assureurs, mais aussi de nouvelles opportunités, à condition de bien savoir appréhender ces risques.

Chez Lalux, nous avons par exemple créé une couverture inondation, et nous ne gagnons pas d’argent avec! Mais nos clients sont exposés à de nouveaux risques, dont la probabilité de survenance s’accroît. C’est un ‘mauvais produit’ pour l’assureur, mais les clients en ont besoin. C’est donc de notre responsabilité d’assureur d’agir.

Et c’est la même chose en matière d’assurance contre les risques cyber.

De nombreuses compagnies sont venues s’installer au Luxembourg dans l’anticipation du Brexit. Qu’est-ce que cela change pour le secteur?

«Au total, 22 nouveaux acteurs sont venus s’installer au Luxembourg, mais tous ne sont pas des ‘Brexiters’. Ils interviennent de manière prédominante sur le marché de l’assurance non-vie internationale, ce qui constitue une nouveauté pour la Place.

Selon les , les primes des entreprises du Brexit représentent plus de 71% de l’encaissement non-vie total.

Je me réjouis donc que nous ayons une nouvelle corde à notre arc, car plus le secteur est complet et diversifié, moins il est fragile.

Cela va aussi avoir un impact sur notre association. Il faut désormais intégrer tous ces nouveaux acteurs pour qu’ils deviennent membres à part entière de l’Aca. Pour cela, nous avons organisé des séances de présentation et d’échanges avec eux. Nous avons déjà remarqué qu’ils pouvaient nous apporter des éclairages nouveaux sur différentes problématiques et challenger un peu la Place.

Le secteur de l’assurance doit à la fois relever des challenges économiques, politiques et sociétaux. Mais c’est bien la situation des taux d’intérêt bas qui est la plus préoccupante pour notre industrie.
Christian Strasser

Christian StrasserprésidentAca

Lundi 18 novembre, la perspective 2020 du secteur européen de l’assurance, notamment en raison de l’impact des taux d’intérêt bas. Quelle est votre réaction à ce sujet?

«Il est normal que les agences de notation réagissent et j’évoquerai d’ailleurs cette situation de taux dans mon discours. Le secteur de l’assurance doit à la fois relever des challenges économiques, politiques et sociétaux.

Mais c’est bien la situation des taux d’intérêt bas qui est la plus préoccupante pour notre industrie. Historiquement, sont essentiellement basés sur les obligations d’État, qui sont un placement peu risqué pour une compagnie, mais qui ont aujourd’hui des taux d’intérêt très bas. Or il est difficile d’effectuer des placements un peu plus risqués pour rechercher plus de rendement, à cause du coût que cela représente en termes de fonds propres.

Je profiterai donc de l’Aca Insurance Day pour faire passer un (Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles, ndlr), à savoir que les assureurs doivent honorer leurs engagements vis-à-vis de leurs assurés, mais que le coût en capital pénalise les compagnies dans la recherche de nouveaux rendements.»

*L’Aca compte 36 compagnies d’assurance-vie, 35 compagnies d’assurance non-vie, 16 réassureurs et 45 membres associés (fournisseurs de services aux entreprises d’assurance).