La scolarisation des enfants et des jeunes réfugiés ukrainiens est une «priorité pour le gouvernement, une obligation légale, et c’est aussi et surtout un devoir moral pour l’ensemble des acteurs de la communauté scolaire luxembourgeoise», avait expliqué Claude Meisch. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

La scolarisation des enfants et des jeunes réfugiés ukrainiens est une «priorité pour le gouvernement, une obligation légale, et c’est aussi et surtout un devoir moral pour l’ensemble des acteurs de la communauté scolaire luxembourgeoise», avait expliqué Claude Meisch. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

Ils étaient près de 700 élèves réfugiés ukrainiens à faire leur rentrée sur les bancs des écoles luxembourgeoises ce mardi, sur les quelque 1.200 en âge d’être scolarisés. La deuxième partie d’entre eux devrait pouvoir intégrer à leur tour les écoles la semaine prochaine.

«Les chiffres n’augmentent guère depuis quelques semaines. Nous avons actuellement un peu moins de 1.200 enfants réfugiés ukrainiens en âge d’être scolarisés, arrivés au Luxembourg suite à l’attaque de la Russie dans leur pays», explique Pierre Reding, premier conseiller de gouvernement et chef de la direction générale de l’intégration au ministère de l’Éducation nationale.

Déjà annoncée par le ministre de l’Éducation nationale (DP) en mars dernier, la scolarisation des enfants et des jeunes réfugiés ukrainiens est une «priorité pour le gouvernement, une obligation légale, et c’est aussi et surtout un devoir moral pour l’ensemble des acteurs de la communauté scolaire luxembourgeoise».

Contrairement aux vagues d’afflux de réfugiés précédentes, comme en 2015, le système éducatif public dispose aujourd’hui d’écoles internationales permettant une offre linguistique plus flexible, avec notamment des sections anglophones. L’offre internationale publique est donc au cœur du dispositif mis en place pour les élèves réfugiés ukrainiens, et les six écoles internationales publiques sont en première ligne: le lycée Michel-Lucius à Luxembourg-ville, le lycée Edward Steichen à Clervaux, l’école internationale Anne Beffort à Mersch, le Lycée de Lënster à Junglinster, le Lycée Michel Lucius dans la capitale, l’EIDE à Differdange et Esch-sur-Alzette et l’école internationale de Mondorf-les-Bains.

Certains enfants sont encore dans des structures provisoires

«Nous avons effectivement seulement 10% des enfants ukrainiens scolarisés au sein du système ‘classique’ luxembourgeois, tout le reste a intégré ou va intégrer des classes d’accueil anglophones. L’anglais reste la langue qui leur servira le plus, qu’ils restent au Luxembourg ou qu’ils retournent en Ukraine. Après, suivant leur niveau et leur évolution, ils pourront intégrer des classes ‘régulières’». Le ministère s’attend également à une deuxième vague d’arrivées, suite

L’Office national de l’accueil (ONA) a également informé récemment le ministère de l’Éducation nationale que certains réfugiés étaient déjà retournés en Ukraine ou avaient quitté le Luxembourg pour demander la protection internationale temporaire dans d’autres pays. «Les enfants qui ne sont pas encore scolarisés pourront l’être lorsqu’ils habiteront dans des structures définitives. Pour le moment, ils vivent avec leur famille dans des structures provisoires et cela ne sert à rien de les scolariser dans une école pour les en changer au bout de quelques jours ou semaines. L’effet serait pire au niveau de leur perte de repère», poursuit Pierre Reding.

Le Luxembourg a l’habitude d’accueillir chaque année entre 2.000 et 3.000 nouveaux élèves arrivants dans le pays, en raison de son attractivité économique, «on a donc l’habitude de gérer la scolarisation d’autant d’enfants et par chance, Claude Meisch avait annoncé il y a quelques mois qu’il voulait encore renforcer notre service d’accueil avec un projet de loi et de nouvelles embauches. Donc nos équipes étaient prêtes».

300 personnes recrutées

Quelque 300 personnes ont tout de même été recrutées dans le cadre de la scolarisation des enfants et jeunes ukrainiens. «La moitié d’entre eux est destinée au fondamental, pour le préscolaire ou le primaire, et l’autre partie va évoluer au sein des écoles internationales. Avant les congés de Pâques, la Chambre des députés avait également voté une loi qui assouplit les conditions de recrutement des enseignants dans le système international.» Jusqu’à la fin de cette année, les écoles peuvent en effet recruter des enseignants qui ont moins de cinq ans d’expérience professionnelle à l’étranger.

«Un quart des 300 personnes sont des modérateurs interculturels ukrainophones. Ce ne sont pas des traducteurs, ils sont là pour expliquer le fonctionnement de l’école, la culture luxembourgeoise et pour expliquer aux enseignants des réactions des enfants ukrainiens, par exemple», ajoute Pierre Réding.

Ces modérateurs sont des personnes issues de la communauté ukrainienne déjà établie au Luxembourg, mais il s’agit également, pour certains, de réfugiés eux-mêmes suite au conflit en cours dans leur pays. «Nous avons demandé à tous les parents qui sont venus pour scolariser leurs enfants s’ils étaient enseignants, ou évoluaient dans le domaine de l’éducation ou du social, et parlaient anglais ou allemand ou français. Puis nous leur avons rédigé une promesse d’embauche en attendant qu’ils aient leurs papiers pour rester sur le territoire.» Un moyen d’intégrer à la fois les parents et les enfants réfugiés d’Ukraine.