Les tentes du nouveau site Tony Rollman pourront accueillir jusqu’à 500 réfugiés. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Les tentes du nouveau site Tony Rollman pourront accueillir jusqu’à 500 réfugiés. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le déplacement des réfugiés d’Ukraine du hall 7 de Luxexpo à des tentes en dur construites en urgence au Kirchberg a déclenché un début de polémique. Mais les infrastructures d’accueil existantes n’étaient pas prévues pour faire face à un tel afflux. L’adaptation est à marche forcée.

Ce week-end, les quelques centaines de personnes fuyant la guerre en Ukraine accueillies dans le hall 7 de Luxexpo n’y seront plus. En cause, la nécessité de libérer de la place pour accueillir l’International Dog Show les 16 et 17 avril, comme l’avait expliqué le journal . Ces réfugiés seront à terme déplacés dans des tentes en dur construites en urgence par le CGDIS devant le Parlement européen, au Kirchberg.

Ce qui n’a pas manqué de déclencher une polémique, menée par le député (Piratepartei), qui s’est fendu d’un tweet le 12 avril: «Mettre les réfugiés dans des tentes pour que Luxexpo puisse tenir un ‘dog show’ n’est pas seulement honteux, c’est limite misanthrope.»

«Sans surprise»

Le CEO de Luxexpo The Box, , a tenu à clarifier la situation dans un communiqué publié le 14 avril: un contrat conclu le 15 mars prévoyait, à la demande du gouvernement, la mise à disposition en urgence d’un hall de Luxexpo afin d’y loger des réfugiés, «dans l’attente d’une solution plus adaptée», «». «Sans surprise, et conformément aux accords qui ont été passés, le site a été libéré à la date convenue», a ajouté Morgan Gromy.

Une telle situation interpelle et peut heurter. Il ne faut toutefois pas perdre de vue le caractère exceptionnel de la crise des réfugiés dans laquelle se trouve plongée l’Europe, et, par conséquent, le Luxembourg, depuis le début de la guerre en Ukraine. Au total, plus de 4,7 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis l’invasion russe le 24 février, selon les chiffres au 14 avril du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR). Au Luxembourg, au 13 avril, 4.654 personnes avaient fait une demande de protection temporaire (1.845 l’avaient obtenue).

Adaptation dans l’urgence

En comparaison, 1.250 personnes avaient introduit une demande de protection internationale auprès du Luxembourg sur l’ensemble de l’année 2021. L’afflux est «soudain, rapide et à une échelle jamais connue», commente la Croix-Rouge luxembourgeoise, qui a observé un volume plus important en un seul mois que sur toute une année.

Les structures d’accueil ont donc dû s’adapter dans l’urgence. «Des centres d’accueil pour réfugiés existaient déjà, mais ils étaient complets, d’autres ont donc dû être mis en place», explique la Croix-Rouge.

Caritas, qui s’occupe, avec la Croix-Rouge, de la gestion du suivi socio-éducatif et psychologique des personnes accueillies – un rôle délégué par l’Office national de l’accueil (Ona), qui dépend lui-même du ministère des Affaires étrangères –, disposait ainsi d’une quinzaine de structures comptabilisant environ 1.500 lits. À la demande de l’Ona, l’association a dû en ouvrir 1.000 supplémentaires en seulement 10 jours.

Gestion du primo-accueil

À Luxexpo, le hall 6, qui peut accueillir 200 personnes, est dédié à la structure d’hébergement d’urgence du Kirchberg (SHUK), qui gère le primo-accueil des personnes fuyant la guerre en Ukraine et arrivant au Luxembourg. «Ce centre propose un abri pour les premiers jours, des repas, ainsi que des produits de première nécessité aux personnes souhaitant demander une protection temporaire au Luxembourg, mais aussi pour celles souhaitant rejoindre un autre pays européen. Après les premiers jours, ces personnes seront dirigées vers d’autres structures gouvernementales», explique le ministère des Affaires étrangères.

Le hall 7 avait été mis en place d’urgence pour étendre les capacités de primo-accueil. Et ce de manière temporaire, jusqu’au déplacement des réfugiés dans les nouvelles tentes du site Tony Rollman, qui est, assure le ministre des Affaires étrangères, (LSAP), plus «agréable» et plus «flexible». Environ 200 personnes ont cependant été déplacées depuis le hall 7 dans une salle de sport d’une école en attendant que le nouveau site, qui a une capacité comprise entre 400 et 500 lits, puisse les accueillir, selon le journal .

Stabilisation

«Dans une telle crise, avec les volumes qu’on connaît, on ne peut plus faire avec les structures normales», explique la Croix-Rouge. Et des mouvements entre structures temporaires mises en place d’urgence et lieux plus permanents paraissent malheureusement inévitables. «Cela bouge beaucoup, c’est très rapide», constate la Croix-Rouge.

«Tout cela n’existait pas il y a quelques mois, c’est un sacré effort que beaucoup de gens font», reconnaît de son côté le directeur opérationnel de Caritas, Tom Brassel. «Tout le monde s’est mobilisé, mais on ne peut pas aller plus vite que la musique.» La situation semble toutefois désormais s’améliorer, estime-t-il: «C’était compliqué, mais, désormais, cela se stabilise un peu.»

Au vendredi 15 avril, l’Ona dispose en tout cas de 19 structures d’hébergement opérationnelles pour les personnes fuyant la guerre en Ukraine, selon le ministère des Affaires étrangères. Des structures qui permettent de disposer d’une capacité d’accueil totale d’environ 2.000 places.