Les annonces faites par Xavier Bettel font évidemment l’objet d’un consensus presque unanime au sein des autres partis de la majorité gouvernementale.  (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Les annonces faites par Xavier Bettel font évidemment l’objet d’un consensus presque unanime au sein des autres partis de la majorité gouvernementale.  (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Le discours sur l’état de la Nation prononcé mardi à la Chambre par Xavier Bettel, le Premier ministre, a fait réagir de suite. Après la séance, certains faisaient grise mine, alors que d’autres avaient le sourire. Et pas seulement dans le camp de la majorité gouvernementale… 

Après 18 mois d’exil sanitaire au Cercle Cité, les députés ont retrouvé, ce mardi, l’hôtel de la Chambre au Marché-aux-Herbes. Avec, au programme de leur après-midi, le discours sur l’état de la Nation de , Premier ministre et ministre d’État.

Un discours qui est apparu  que celui prononcé pratiquement 12 mois plus tôt jour pour jour par l’ancien bourgmestre de la Ville de Luxembourg. Il est vrai que les perspectives face au Covid-19, avec notamment l’avancée de la vaccination, ne sont évidemment plus les mêmes aujourd’hui qu’en octobre 2020.

Après coup, dans le camp de majorité tricolore DP-LSAP-déi Gréng, on se ralliait largement aux idées avancées pendant presque deux heures par le Premier ministre. Ainsi, chez déi Gréng, on se montrait notamment satisfait du large volet consacré à la crise climatique.

«Impliquer les citoyens pour le climat est une bonne idée»

«Ce discours a appuyé sur ce qui est important. En étant concret. Le Premier ministre m’a convaincue sur beaucoup de points», glissait ainsi , la présidente du groupe parlementaire des Verts. «On a senti l’envie d’emmener la société vers les buts que nous nous sommes fixés et les objectifs que nous voulons atteindre, notamment au niveau de la réduction en termes de CO2 (une diminution de 55% pour 2030, 100% pour 2050, ndlr).»

La représentante de déi Gréng se montrait aussi enchantée de la mise en place d’un «Bureau du citoyen pour le climat», un conseil qui réunira 100 personnes de tous horizons, qui discuteront de problèmes climatiques spécifiques. «C’est quelque chose qui avait déjà été fait au niveau de l’aménagement du territoire en 2017 et qui avait connu un fort engouement. C’est une bonne idée d’impliquer les citoyens et de leur donner une certaine responsabilité.»

Sven Clement et le fil mauve de Xavier Bettel

Sans surprise, dans l’opposition, on faisait plutôt grise mine après avoir entendu Xavier Bettel énoncer son huitième discours de politique générale. Enfin, pas tout le monde. Il y en a un qui arborait un sourire éclatant: (Piraten). «J’ai découvert un ‘fil mauve’ dans le discours du Premier ministre! Beaucoup d’idées que nous avions formulées par le passé et qui avaient été rejetées par le gouvernement ont été apparemment repêchées», glissait le chef de file des Pirates, évoquant ainsi «la consultation des citoyens, dont on nous disait qu’elle n’avait pas d’intérêt, et qui sera effective avec un ‘Bureau du citoyen pour le climat’, ou la ‘compensation CO2’(des missions gouvernementales, ndlr), que nous avions proposée à la Chambre et dont on nous avait rétorqué qu’elle était impossible.»

 «Je suis satisfait qu’un petit parti puisse pousser le gouvernement à changer d’avis», concluait-il, sans se départir de son sourire.

Et la réforme fiscale?

Dans les rangs du principal parti d’opposition, le CSV, , la coprésidente de la fraction parlementaire, balayait pratiquement d’un revers de la main les propositions de la majorité. «Où est la réforme fiscale? C’était LA grande réforme du gouvernement Bettel II, et elle est absente. Ce n’est pas acceptable», expliquait celle qui n’a «pas vraiment vu de solutions aux grands problèmes qui nous touchent aujourd’hui, à savoir les crises du climat et du logement, dans ce qui a été proposé. Cela fait huit ans que la réforme de l’impôt foncier est annoncée. Or, je n’ai encore rien vu de concret…»

Xavier Bettel ayant annoncé que «le gouvernement prévoyait de déposer un projet de loi sur la réforme de l’impôt foncier au cours des 12 prochains mois», ce dernier a donc encore une année pour faire mentir ce constat.  Et mettre en place ce qui est apparu comme une des mesures phares de son discours de ce mardi. 

«Un beau discours… du dimanche»

Dans le camp de l’ADR, ce discours de politique générale a conforté  dans le constat qu’il dressait déjà voici quelques jours: «Les partis de la coalition sont entrés clairement en mode pré-électoral», lançait-il. «Ce n’était pas un discours de gouvernement, mais de gestion du pays… Et où est, dans ce discours, la réforme de la Constitution, dont on dit pourtant qu’elle est le grand projet de cette majorité? On manque d’ambition en évoquant des choses qu’on a déjà entendues 1.000 fois. Et puis, on distribue de l’argent…»

Un dernier constat qu’a aussi tiré (déi Lénk): «On donne des cadeaux à ceux qui votent pour les partis de la majorité, mais on ne pense pas à ceux qui sont au plus bas de l’échelle. Il m’a manqué du social, de l’éducation, et surtout des choses concrètes. C’était un beau discours… du dimanche.»