«La durabilité sociétale et environnementale est un domaine dans lequel je vois de grandes ambitions pour nous», explique celui qui est devenu le premier recteur de l’Université du Luxembourg recruté en interne.  (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

«La durabilité sociétale et environnementale est un domaine dans lequel je vois de grandes ambitions pour nous», explique celui qui est devenu le premier recteur de l’Université du Luxembourg recruté en interne.  (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Jens Kreisel a officiellement succédé à Stéphane Pallage en tant que recteur de l’Université du Luxembourg, le 1er janvier 2023. Ce jeudi 19 janvier, il était officiellement présenté aux côtés de Claude Meisch (DP), le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. 

Né en 1969 à Dortmund, a étudié la physique et la science des matériaux à Karlsruhe, Lyon et Grenoble, avant d’effectuer un post-doctorat à l’Université d’Oxford et d’occuper, en France, un poste de directeur de recherche au CNRS. Tout cela, c’était avant qu’il rejoigne le Luxembourg en 2012, afin de devenir le directeur fondateur du département Materials Research and Technology du List. Puis vice-recteur à la recherche à l’Université du Luxembourg en 2018. Avant de succéder à Stéphane Pallage dans le fauteuil de recteur de l’Uni au 1er janvier dernier.


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Avec vos quatre années en tant que vice-recteur, votre bagage de scientifique, mais aussi votre profil de citoyen allemand ayant effectué une bonne partie de ses études en France, vous faisiez un peu figure de candidat idéal pour prendre la tête d’une université comme celle du Luxembourg, non?

Jens Kreisel. – «Ce parcours est en tout cas certainement un avantage. Et ce n’était pas une grande surprise que je me porte candidat au poste de recteur. Je connais, en effet, les cultures allemande, française et luxembourgeoise. Avoir passé six ans au List et quatre ans à l’Uni me permet également de connaître les différents acteurs locaux, et donc d’éviter une certaine période d’adaptation à ce niveau-là. Et puis, c’est vrai qu’avoir été moi-même un scientifique pour qui la science et la recherche sont au centre de tout me permet de comprendre mes chercheurs. Et d’imaginer ce que mes collaborateurs peuvent attendre de moi.

Je compte porter la thématique de la durabilité durant les cinq ans de mon mandat.
Jens Kreisel

Jens Kreiselnouveau recteurUni

Quelles grandes perspectives avez-vous pour l’Université du Luxembourg?

«L’Uni est une université de recherche interdisciplinaire qui se positionne essentiellement sur trois grands axes: la médecine et la santé, la transformation digitale et, enfin, tout ce qui est lié à la durabilité. Cette dernière thématique me tient particulièrement à cœur. Je compte la porter durant les cinq ans de mon mandat. La durabilité sociétale et environnementale est un domaine dans lequel je vois de grandes ambitions pour nous.

Comment vont se matérialiser ces ambitions?

«En tant que vice-recteur, j’ai eu la chance d’être impliqué par mon prédécesseur, Stéphane Pallage, dans la conception d’. Un travail très intéressant, mais avant tout intellectuel. Or, moi, ce que j’aime par-dessus tout, c’est le concret, ce qui s’inscrit dans le réel. Donc, au-delà de dire que nous devons nous positionner dans un domaine comme le développement durable, il faut le prouver par des actes. Nous allons donc mettre en place un nouveau centre de recherche interdisciplinaire sur cette thématique. Ce sera le quatrième pour l’Uni, après le SnT (Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust), le LCSB (Luxembourg Centre for Systems Biomedicine) et C2DH (Luxembourg Centre for Contemporary and Digital History).

Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Claude Meisch (DP), était là afin de présenter le nouveau recteur.  (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Claude Meisch (DP), était là afin de présenter le nouveau recteur.  (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Sait-on déjà exactement ce qu’on y fera?

«Nous avons fixé des balises. Ainsi, ce nouveau centre interdisciplinaire sera donc positionné dans une approche liée à l’environnement et à la durabilité. Mais les domaines exacts d’expertise, eux, ne sont pas encore connus. Tout simplement parce que nous avons lancé . Ces derniers avaient jusqu’au 8 janvier pour nous transmettre le concept qu’ils voudraient développer dans ce nouveau centre interdisciplinaire. Nous allons désormais analyser, d’ici à l’été prochain, tous les dossiers reçus. Le but étant donc de trouver la personne idéale, celle avec le meilleur concept. Une personne dont l’ambition sera également celle de ce nouveau centre.

À quelle échéance verra-t-il le jour?

«Il devrait arriver en 2024. Du moins, c’est à cette période que j’imagine le début de ses activités. Après, il faut avoir conscience que cela prendra cinq à dix ans pour trouver une vitesse de croisière. Ce qui, pour moi, correspond à un effectif de 100 à 150 personnes. Ce centre se situera ici, à Belval, où on retrouve également nos activités en matière de physique, d’ingénierie ou de computer science. Je m’attends donc à des synergies très importantes.

Le but de la création du poste de vice-recteur aux partenariats? Tout simplement de pouvoir choisir à l’avenir les meilleurs partenariats.
Jens Kreisel

Jens Kreiselnouveau recteurUni

Qui compose l’équipe dirigeante qui vous entoure?

«À l’heure actuelle, nous ne sommes que deux, avec la vice-rectrice aux affaires académiques, Catherine Léglu. Mais nous avons recruté la personne qui me succédera en tant que vice-recteur à la recherche. Il s’agit de , qui est spécialiste dans le domaine de la biomédecine, et notamment l’oncologie. Elle commencera son travail à mes côtés le 1er mars prochain. Nous avons aussi ouvert un poste qui n’existait pas avant, celui de vice-recteur orienté vers les partenariats et les relations internationales. J’espère pouvoir communiquer un nom dans le courant du mois de mars.  

Quel est le but derrière cette création de postes?

«Tout simplement de pouvoir choisir à l’avenir les meilleurs partenariats. Afin de tirer encore un peu plus notre université vers la qualité et l’excellence. Je voudrais que nous nous dotions d’une vraie stratégie en la matière.

Je ne pense pas qu’on puisse espérer voir un nouveau campus au Kirchberg dans les cinq ans.
Jens Kreisel

Jens Kreiselnouveau recteurUni

Rêvez-vous de voir l’Uni encore grandir en termes d’infrastructures ou de nombre d’étudiants?

«Aujourd’hui, nous comptons approximativement entre 6.000 et 7.000 étudiants, selon qu’on prenne en compte ou non les doctorants. Et cela alors que notre plus grand campus, celui de Belval (de plus petits existent au Kirchberg et au Limpertsberg, ndlr), est prévu pour accueillir 7.000 étudiants. Donc, si nous voulons garder cette relation de proximité qui existe chez nous entre nos étudiants et nos professeurs, on se doit de rester une université de taille moyenne. Si j’ai une ambition de croissance, celle-ci n’est pas folle. Nous n’accueillerons pas plus de 10.000 étudiants.

Au campus de Kirchberg, l’auditorium baptisé «The Cloud» a été présenté. Mais qu’en est-il du reste du nouveau campus (qui était prévu dans l’accord de coalition gouvernementale)?

«Je ne pense pas qu’on puisse espérer voir un nouveau campus dans les cinq ans, soit avant la fin de mon mandat (qui court jusqu’au 31 décembre 2027 et est renouvelable une fois, ndlr). Ma responsabilité sera surtout de réussir à mettre en place un projet et les plans qui vont avec. De manière à préparer l’avenir. Qui sait, ce nouveau campus sera peut-être pour mon second mandat…»