Après deux éditions chahutées par le Covid-19, l’Uni revit enfin une rentrée «classique»?
– «Oui. On essaie d’être dans les mêmes standards qu’en 2019, avant la crise sanitaire, donc. Beaucoup de nos étudiants arrivent au Luxembourg pour la première fois, et il est important que tout se passe le plus sereinement possible. Avec le plus de présentiel possible. Pour ce Welcome Day, il n’y a pas de distanciation sociale, de régime CovidCheck ou de masque obligatoire. Ils peuvent se rencontrer librement et visiter les facultés.
Et au niveau des cours?
«Nous avions repris le présentiel l’année dernière et nous continuons dans cette voie. Tout en offrant aux étudiants touchés par le Covid une alternative. En pouvant suivre les cours à distance par caméra interposée lorsque c’est possible. Ou bien en faisant en sorte que les professeurs envoient les notes à l’étudiant et lui offrent le soutien nécessaire à la compréhension.
Les deux dernières années, marquées par les confinements, les cours à distance, etc., ont-elles provoqué une hausse des échecs ou des décrochages parmi vos étudiants?
«Pas vraiment. En matière de statistiques, nous avons pour habitude de mesurer le degré de progression entre la première et la deuxième année. Nous regardons ainsi le nombre d’étudiants qui ne s’inscrivent pas aux examens ou ne se présentent pas aux épreuves. Or, quand on jette un œil à ces stats, on ne constate pas d’‘impact Covid’.
Les inscriptions pour cette année académique sont toujours ouvertes, mais on se dirige vers un total de 6.700 étudiants, similaire à ce qu’on a connu lors des deux derniers exercices. Il n’y a plus vraiment de croissance?
«Ce total inclut presque 1.000 étudiants candidats en doctorat. Si on ne tient compte que de ceux en bachelor ou en master, on se situe vers 5.500 élèves. En matière de progression, cette dernière se situe généralement vers les 2% par an. Ces deux dernières années, nous n’avons pas connu de baisse, mais plutôt des augmentations très légères qui n’étaient pas vraiment conformes aux attentes des programmes mis en place. Cet été, il m’a semblé que nous étions davantage dans ce qui était la normalité en 2019.
Quand on examine les chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche sur les aides financières octroyées pour les études supérieures, on constate que, sur les plus de 33.000 étudiants aidés, seuls un peu moins de 4.500 étudient au Luxembourg…
«Notre université est encore relativement jeune, puisqu’elle n’a que 19 ans. Et il existe cette tradition bien ancrée au Luxembourg d’effectuer ses études à l’étranger. Les parents se sont expatriés pour étudier et considèrent logique que leurs enfants en fassent de même. C’est assez compréhensible. Tout comme de voir ceux qui ont des racines dans un pays étranger rejoindre ce pays afin d’y suivre des études. C’est d’ailleurs en partant de ces constats-là qu’il a été décidé d’inclure une obligation de mobilité dans nos bachelors. Les étudiants doivent ainsi étudier quelques mois à l’étranger durant leur cursus. Une bonne manière de garder cet esprit d’ouverture sur l’international.
Il faut garder en tête que l’Uni est une petite université, qui n’a pas été conçue pour absorber tous les étudiants du pays.
Et puis, il faut garder en tête que l’Uni est une petite université, qui n’a pas été conçue pour absorber tous les étudiants du pays. Et cela, même si je peux vous dire que nous en attirons de plus en plus. Notamment dans certains programmes liés au marché du travail luxembourgeois. Comme, par exemple, le BScE, le bachelor en sciences de l’éducation, qui s’adresse aux étudiants souhaitant enseigner dans le système scolaire luxembourgeois. Ou bien celui en droit ou en sciences sociales et éducatives. Sans oublier le bachelor en médecine.
Ce dernier entre dans sa troisième année. Est-il toujours question de le compléter par un master?
«C’est toujours en discussion, oui. En décembre 2023, nous aurons nos premiers diplômés. Et une évaluation est prévue après deux promotions, avant de partir dans le sens d’un master dans certaines matières. Cela nous emmène donc vers 2025 ou 2026.
Vous sentez que l’État luxembourgeois pousse en ce sens? On sait que la pénurie de médecins guette, et les étudiants qui vont réaliser leur master à l’étranger ont peu tendance à rentrer au Luxembourg par la suite…
«Tout à fait. Or, il est plus facile d’engager de nouveaux médecins formés chez soi que de tenter d’attirer ceux qui ont effectué leurs études et leurs stages pratiques ailleurs. Le Luxembourg pense à moins dépendre de l’étranger à ce niveau-là. Notre bachelor en médecine est ainsi là pour former les médecins luxembourgeois de demain, avec notamment un accent important sur les langues et un haut niveau d’allemand, de français et d’anglais.
Nous lançons la première formation universitaire en sciences infirmières. Nous venons de nommer deux professeurs qui vont développer une offre d’études complète.
Vous allez aussi lancer un bachelor en sciences infirmières?
«Oui. Quatre formations. La première formation universitaire en la matière au Luxembourg. Nous venons de nommer deux professeurs qui vont développer une offre d’études complète.
Vous évoquiez aussi le BScE, le bachelor en sciences de l’éducation. Le ministre de l’Enseignement, (DP), en a parlé lors de …
«Oui. Du BScE, qui est un bachelor en quatre ans, mais aussi du programme de recrutement ‘Quereinsteiger’ (qui offre aux détenteurs d’un bachelor dans une matière enseignée à l’école la possibilité de devenir enseignants après une formation pédagogique d’un an, ndlr). À ce niveau, nous allons créer un programme d’un an qui s’appellera le bachelor en formation pédagogique qui durera un an et que pourront suivre tous ceux qui ont le profil adéquat. Nous planchons toujours sur la structure et les modalités de ce programme, qui devrait être disponible à la rentrée prochaine.
Un budget de 12 millions a été débloqué par l’État…
«Afin d’augmenter le nombre d’étudiants en BScE et d’arriver jusqu’à un nombre de 180 diplômés par an (alors que cette année, notre offre était de 125 places). Mais aussi de pouvoir accueillir une centaine de personnes au niveau du bachelor en formation pédagogique. Sans oublier la création de trois nouveaux masters, en inclusion, gestion et management des écoles et, enfin, en matière de développement pédagogique.
Certains étudiants trouvent nos frais d’inscription (200 euros par semestre, ndlr) très attractifs. Mais nous devons leur faire comprendre qu’à côté, le coût de la vie est important et que le logement risque de vider une bonne partie de leur enveloppe…
Cette année sera aussi particulière en raison du changement de recteur prévu en cours d’année, avec le départ de et la nomination de . Qu’est-ce que cela va impliquer?
«C’est la première fois qu’un recteur est ainsi recruté en interne. Mais, à mon sens, ce changement en cours d’année ne changera pas grand-chose. Vu que Jens, qui était vice-recteur à la Recherche, est déjà recteur nommé, et donc associé dans les décisions avec Stéphane. Et cela fait déjà quelques années qu’ils travaillent ensemble.
En octobre 2021, en évoquant la problématique du logement étudiant, . Où en êtes-vous?
«Nous avons avancé… sans encore prendre de décision. Le débat sur le logement est un problème à l’échelon national. Nous écoutons donc ce que le gouvernement avance en la matière. De notre côté, nous faisons de notre mieux pour stabiliser la situation, essayer de fournir ce qui est nécessaire aux étudiants et assurer surtout la qualité des biens que nous offrons. Nous ne pouvons pas offrir un logement à chaque étudiant, mais, là aussi, nous essayons de rester stables, aux environs des 20%. Avec un total de plus ou moins 1.000 logements, dont le prix locatif varie de 400 euros pour une chambre à plus de 1.000 euros pour un studio. Largement en dessous des prix du marché, donc.
Cette problématique est-elle un vrai frein à l’expansion de l’Uni?
«C’est tout d’abord un frein pour les étudiants. Nous essayons de beaucoup communiquer sur le sujet avec ceux qui veulent nous rejoindre. Certains trouvent nos frais d’inscription (200 euros par semestre, ndlr) très attractifs. Mais nous devons leur faire comprendre qu’à côté, le coût de la vie est important et que le logement risque de vider une bonne partie de leur enveloppe…
Et qu’en dit le gouvernement?
«Pas mal de discussions sont en cours sur le sujet. Le gouvernement cherche une solution pour le logement abordable à un échelon national. Et notre rôle est de sensibiliser sur la situation particulière de l’Université et des étudiants…»