Installé sur trois éperons rocheux, le château domine la petite ville de Bouillon. (Photo: Shutterstock)

Installé sur trois éperons rocheux, le château domine la petite ville de Bouillon. (Photo: Shutterstock)

Tout au long de l’été, Paperjam vous invite à découvrir les plus beaux châteaux du Luxembourg et de la Grande Région, qui ont résisté aux affres du temps et qui connaissent une nouvelle vie. Intimement lié au célèbre Godefroy… de Bouillon, le château ardennais demeure un des plus importants vestiges médiévaux de Belgique. Et l’objet de nombreux superlatifs.

Situé à 90km de Luxembourg-ville, juste à côté de la frontière française, le château de Bouillon est depuis longtemps un des fleurons du patrimoine médiéval belge. Et l’objet de nombreux superlatifs. Sa situation, sur trois éperons rocheux à l’entrée d’une boucle de la Semois, dominant toute la ville, lui vaut d’être considéré comme le plus beau de toute la Belgique. Ses dimensions, plus de 300 mètres de long et 40 de large, en font un des plus grands et un des plus majestueux. Son lien avec Godefroy, duc de Basse-Lotharingie au 11e siècle, figure emblématique de la première croisade et premier roi de Jérusalem, lui assure le titre de château le plus célèbre du royaume.

Godefroy y aurait passé ses jeunes années

Cependant, la relation entre le célèbre seigneur et le château demeure, sinon mystérieuse, au moins quelque peu nébuleuse. Certitude: Godefroy n’y est pas né, et a ensuite régné sur un territoire beaucoup plus vaste que le seul duché de Bouillon. Il aura notamment la main sur les futurs duché de Brabant, comté de Hainaut, duché de Limbourg, comté de Namur, duché de Luxembourg… Y a-t-il seulement séjourné, alors qu’il disposait de nombreuses autres propriétés? La légende veut évidemment que oui, et même mieux. «Selon ce qu’on en sait, Godefroy a en effet passé sa jeunesse à Bouillon», indique, non sans malice, Thierry Props, directeur du château. Il y aurait fait son apprentissage de chevalier.

Si les premières fortifications datent sans doute du 8e siècle, Bouillon s’affirme en tant que place forte vers 1080-1090, quand Godefroy, une nouvelle fois lui, ordonne la construction d’un puissant donjon, aujourd’hui disparu. Une façon de rendre la mariée plus belle? Peut-être, car il vend son château de Bouillon, ainsi que le duché, en 1096 au prince-évêque de Liège pour financer sa croisade en Terre sainte, d’où il ne reviendra pas. Les Liégeois en resteront propriétaires jusqu’en 1794, avant que le bien passe sous régime français, puis hollandais, avant de revenir à la Belgique en 1830.

Le château est évidemment la carte de visite de toute la région de Bouillon.

Thierry Propsdirecteur du château de Bouillon

Colossal et imprenable, rarement assiégé, Bouillon n’a jamais été en danger de disparaître. D’autant que son usage militaire a perduré au fil des siècles, assurant son entretien. Mais à travers le Moyen Âge et le 16e siècle, les ajouts, modifications, réaménagements vont aussi être nombreux, au gré des besoins, au point de rendre la lecture archéologique des vestiges un rien complexe. La physionomie médiévale va en tout cas petit à petit être dénaturée, suite au conflit entre Valois et Habsbourg et le siège de 1521, les fortes transformations apportées par Vauban, puis celles des Hollandais en 1813… C’est en 1853 que le château perd officiellement sa fonction militaire.


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Il est depuis lors un haut lieu touristique, qui attire plus de 130.000 visiteurs chaque année. Évidemment, le Covid est passé par là, «mais nous faisons une bonne saison estivale. Les Belges sont beaucoup restés en Belgique et redécouvrent leur patrimoine», souligne Thierry Props.

Au fil des siècles, les lieux ont profondément changé. (Photo: Shutterstock)

Au fil des siècles, les lieux ont profondément changé. (Photo: Shutterstock)

Il est vrai que met tout en œuvre pour satisfaire les visiteurs. Les activités sont aussi très nombreuses dans la ville, tout au long de l’année: fête de la chasse, marché médiéval, brocante… «Le château est évidemment notre phare, la carte de visite de toute la région de Bouillon», souligne Thierry Props. On le soigne donc au mieux. Propriété de l’État fédéral, il est géré par le SI local. En 2017-2018, toute la mise en lumière a été revue, par exemple. «Sur le prix d’un billet d’entrée, 40% repartent dans un fonds destiné aux travaux et à l’entretien, 10% repartent vers le ministère des Finances, et le reste sert à payer le personnel et les charges diverses», conclut le directeur.

Cette année, l’événement à ne pas manquer est , un magnifique mapping vidéo proposé en plusieurs endroits de la ville, et notamment au château, pour en raconter les 1.000 ans d’histoire.