Le magnifique domaine du Pont d’Oye renaît de ses cendres. Voici trois ans, ce joyau du patrimoine local était en grand danger. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le magnifique domaine du Pont d’Oye renaît de ses cendres. Voici trois ans, ce joyau du patrimoine local était en grand danger. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Tout au long de l’été, Paperjam vous invite à découvrir les plus beaux châteaux du Luxembourg et de la Grande Région, qui ont résisté aux affres du temps et qui connaissent une nouvelle vie. Voici trois ans, l’avenir du domaine du Pont d’Oye à Habay s’annonçait bien sombre. Sans perdre son âme, il a retrouvé toute sa superbe.

Il fallait sans doute être un peu fou pour se lancer dans un tel projet. On le dit souvent à . Mais que serait la vie sans un brin de folie? Originaire de Neufchâteau, ayant habité à Arlon, cette figure de la Place connaissait le Pont d’Oye de Habay – à un peu moins de 45 kilomètres de Luxembourg-ville – depuis 40 ans. Entre promenades dans la forêt d’Anlier, juste à côté, et dégustation de chocolat chaud quand le château accueillait encore un restaurant réputé avec Thierry Neyens aux fourneaux, «c’était un peu une madeleine de Proust», avoue-t-il.

Restaurer et insuffler la vie

En 2018, il cherche à acquérir un pied-à-terre familial en Ardenne via des amis. Ceux-ci ne trouvent pas le chalet forestier idéal, mais finissent par glisser à l’oreille de Vincent Gouverneur que le Pont d’Oye est à vendre. Celui-ci hésite très peu avant de réorienter complètement son projet initial. «Mon premier objectif a été de sauver ce patrimoine local. Pour moi, c’est une manière de rendre à cette région ce qu’elle a su me donner», dit-il. Mais il sait aussi que restaurer ne suffira pas, il faudra insuffler de la vie au site. «J’ai élaboré un mini business plan. J’ai vu dans ce domaine un spot idéal pour des mariages, des séminaires d’entreprise, des team buildings.» Avec un atout majeur: Pont d’Oye, c’est un nom qui parle, une marque, un synonyme de prestige…

Il visite une première fois les lieux en décembre 2018. L’état général des bâtisses et les travaux à mener ne le découragent pas. Les négociations peuvent débuter avec la famille Nothomb, propriétaire depuis 1932, pour l’acquisition de la société anonyme qui détient les deux ailes de bâtiments, le parc de 7 hectares, le vaste étang et ses abords… Elles aboutissent quelques mois plus tard.

Que le domaine retrouve son lustre

Les travaux vont pouvoir débuter, sous la supervision d’un couple d’amis, Diane et Philippe, devenus ses maîtres d’ouvrage délégués, bien qu’il veille attentivement lui-même au bon avancement du chantier. Les urgences sont partout. La priorité va aux toitures, à refaire intégralement. «Je voulais ensuite attaquer les châssis, plus de 80, et la zinguerie. Puis travailler sur les abords», explique Vincent Gouverneur. Il faut rendre assez vite aux lieux un certain lustre, un certain cachet, même si d’importants travaux se poursuivent ensuite dans les deux bâtiments.

Un cadre enchanteur pour un mariage ou des cérémonies de prestige. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Un cadre enchanteur pour un mariage ou des cérémonies de prestige. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le premier, réservé aux événements, est terminé. Outre quelques très jolies chambres, il propose de très belles et spacieuses salles de réunion et de restauration, lumineuses et modernes, évidemment équipées de toute la technologie nécessaire. «Nous étions dans les temps prévus par notre business plan avec plusieurs mariages réservés. Mais le confinement est arrivé», explique Vincent Gouverneur. Les mariages ont été reportés, «sauf un qui a eu lieu en juillet». Et qui restera pour toujours le premier du «nouveau» Pont d’Oye. Quelques événements sont prévus cette année, mais déjà 30 inscrits à l’agenda 2022. «Et des engagements sont pris pour 2023 et 2024.»

Ces couples-là pourront découvrir l’autre aile du château, réservée aux chambres et à des salons, qui sera entièrement finie dans un an. La rénovation aura été intégrale, mais en préservant les plus beaux éléments comme un mur en torchis, de belles maçonneries en ardoises, un magnifique escalier en bois, tandis que les salons du rez-de-chaussée auront été peu modifiés pour conserver leur âme, mise en valeur par de très belles cheminées historiques… «Tout le reste a été remis à neuf: électricité, sanitaires, plafonnage et autres. Il n’y avait rien de récupérable. Mais, oui, nous avions la volonté que le château conserve son âme, son authenticité.» Au total, on comptera 13 chambres dans cette partie, dont plusieurs destinées à des familles.

Un gîte familial et un vaste étang

Un chantier titanesque, mais exemplaire en ce qui concerne le respect des lieux et le soin apporté aux détails par «des entreprises qui viennent de 25km aux alentours, tout au plus». Un bel exemple de rénovation raisonnée du patrimoine ancien.

À terme, 60 personnes pourront loger au domaine. Car un peu après avoir acquis le château, Vincent Gouverneur a en effet eu l’opportunité d’acheter le gîte de grande taille qui le jouxte, très moderne et remarquablement aménagé. Qui apporte une solution idéale au stationnement via de vastes terrasses.

Le magnifique étang, vidé, curé et dont les berges ont été renforcées, renforce le caractère enchanteur du domaine du Pont d’Oye, complété par le réputé restaurant voisin avec qui des synergies vont «se mettre naturellement en place».

Le «nouveau» Pont d’Oye a déjà fière allure, et sera plus beau encore dans quelques mois. Et même quelques années, puisque Vincent Gouverneur nourrit d’autres projets d’embellissement ou à même de compléter son offre actuelle. De quoi écrire quelques chapitres de plus de cette nouvelle histoire.

Pour Vincent Gouverneur, la madeleine de Proust est devenue le coup de cœur d’une vie.