Rénové durant de longues années, le château a retrouvé sa superbe. Même s’il a été impossible de tout restituer à l’identique. (Photo: Maison Moderne)

Rénové durant de longues années, le château a retrouvé sa superbe. Même s’il a été impossible de tout restituer à l’identique. (Photo: Maison Moderne)

Tout au long de l’été, Paperjam vous invite à découvrir les plus beaux châteaux du Luxembourg et de la Grande Région, qui ont résisté aux affres du temps et qui connaissent une nouvelle vie. Parmi eux: le mal prononcé Malbrouck.

Il est bel et bien situé sur un éperon rocheux en Moselle française, mais le château de Malbrouck n’en demeure pas moins à portée d’arquebuse du Luxembourg et de l’Allemagne. Un château dont le nom est déjà une histoire en soi. Rien à voir avec Manderen, commune où il se situe. Rien à voir non plus avec Mensberg, la traduction allemande du nom de la municipalité.


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Le nom du château, désormais adopté, vient du duc de Marlborough, qui, en 1705, y a installé son QG et s’apprête à envahir la France dans le cadre de la guerre de succession d’Espagne. Il a en face de lui le maréchal de Villars, mais tarde si longtemps à attaquer que ses soldats souffrent de la faim et désertent en nombre. Marlborough quitte la place sans combattre, et se replie vers Trèves et Maastricht. Assez pour que les Français inventent la chanson moqueuse «Malbrouck s’en va en guerre», en écorchant le nom de leur adversaire. Le souvenir de cette débandade fait tant plaisir que la ritournelle va traverser les âges, et sera apprise très tôt aux enfants. Curieusement, les Britanniques vont s’emparer de cet air pour créer la tout aussi populaire «For He’s a Jolly Good Fellow», chantée lors de toutes les occasions… joyeuses. «Son nom vaut toutes les publicités», y dit-on.

Voilà le château entré dans l’histoire. Mais cela ne le sauve pas de la dégradation. Transformé en ferme, il souffre de la Révolution, est vendu comme bien national en 1793. Petit à petit, l’édifice laisse place à une ruine romantique. Classé au patrimoine national en 1930, il est cependant gravement endommagé par des obus en 1945. Le château est abandonné, pillé de ce qui peut l’être… Ce n’est qu’en 1975 que le Conseil général de Moselle en devient propriétaire.

Il faudra encore 14 ans pour qu’une réhabilitation soit mise sur papier. Les travaux dureront 7 ans, de 1991 à 1998. Un chantier de taille: 15 millions d’euros et la plus grande entreprise sur un monument historique après les travaux au Parlement de Bretagne à Nantes.

Mais l’investissement a payé, le château, qui se visite, est devenu un phare culturel avec, tout au long de l’année, de nombreux spectacles, des expositions, un très beau salon de la BD et une fête médiévale qui attire les foules.

Actuellement, c’est celle qui est consacrée à «Astérix l’Européen» qui méritera un détour de votre part.