Le Nasdaq a franchi pour la première fois la barre des 11.000 points la semaine dernière. (Photo: Shutterstock)

Le Nasdaq a franchi pour la première fois la barre des 11.000 points la semaine dernière. (Photo: Shutterstock)

À Wall Street, le Nasdaq a atteint des niveaux records la semaine dernière et le S&P 500 est passé à un fifrelin de sa meilleure performance de février dernier. Wall Street a donc déjà balayé la crise. Aveuglement? Excès d’optimisme? Sans doute, mais aussi forte activité des géants technologiques.

Sur quelle logique s’appuient encore les marchés financiers? Alors que ou de restructurations se succèdent ces dernières semaines dans l’économie réelle, les indices américains atteignent déjà de nouveaux sommets, effaçant donc en quatre mois à peine .

Le 12 août dernier, le Nasdaq, l’indice de la Bourse de New York à forte composante technologique, a franchi pour la première fois la barre des 11.000 points. Après avoir atteint 11.116 points en séance le 13 août, il a clôturé vendredi 14 août en léger recul à 11.042,5 points.

Le jeudi 13 août encore, l’indice S&P 500 a aussi flirté avec son record de février 2020 (3.386,15 points), atteignant 3.386 points en séance.

Mais qu’est-ce qui fait donc courir Wall Street à ce point?

«Le premier élément à prendre en compte c’est l’optimisme des marchés, dont on peut quand même s’étonner», pointe Philippe Ledent, expert economist chez ING Belux. «Les investisseurs ont déjà digéré l’idée que 2020 est une année perdue pour les entreprises et se focalisent sur le retour des bénéfices en 2021 et 2022.»

Un argument douteux

«Ce sont ces attentes bénéficiaires non négligeables pour les années futures qui sont déjà intégrées dans les cours des entreprises», explique l’économiste. «Pour eux, la situation actuelle n’est pas dramatique dans un calcul d’évaluation, le futur sera meilleur.»

Une attitude logique? Philippe Ledent se montre pour le moins réservé face à ce raisonnement. «Si on suit l’argument que la situation sera toujours meilleure par la suite, les marchés boursiers ne peuvent que progresser. Or, rien ne dit que la crise actuelle permettra de revenir à une situation normale en 2022.»

Les marchés boursiers reflètent de moins en moins l’ensemble de l’économie et de plus en plus les acteurs qui gagnent.
Philippe Ledent

Philippe Ledentexpert economistING Belux

Le deuxième argument qui explique la remontée boursière en flèche aux États-Unis est lié à la performance des géants technologiques au sein de l’économie et à leur présence en bourse. «Les marchés boursiers reflètent de moins en moins l’ensemble de l’économie et de plus en plus les acteurs qui gagnent. Or, dans cette crise liée à la pandémie, ce sont justement les géants technologiques comme Microsoft ou Amazon qui ont tiré les plus grands bénéfices», observe l’économiste d’ING.

L’Europe se redresse moins vite

C’est aussi la raison qui explique que les marchés américains remontent bien plus rapidement que les bourses européennes. «Si les gagnants de demain sont plus présents à Wall Street qu’en Europe, il est logique que sa remontée soit plus rapide», admet Monsieur Ledent.

Il estime cependant «choquant, d’un point de vue économique, que les marchés n’intègrent pas un certain niveau de prudence lié à l’incertitude des prochains mois».