Le Luxembourg est devenu en 2020 le domicile le plus populaire pour les fonds européens de capital-investissement et de capital-risque. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Le Luxembourg est devenu en 2020 le domicile le plus populaire pour les fonds européens de capital-investissement et de capital-risque. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Les stratégies alternatives européennes s’orientent vers une année de levée de fonds record selon Preqin et Amundi. Qui soulignent le rôle crucial que peut jouer le capital-investissement dans la reprise européenne après la pandémie et la transition vers la neutralité carbone.

Preqin et Amundi ont examiné comment l’industrie s’est développée dans les principaux secteurs et classes d’actifs, explorant les tendances actuelles sur 13 marchés européens, avec une couverture approfondie de 6 marchés principaux.

Si on se penche justement sur l’évolution des pays, 2020 sera l’année durant laquelle le Luxembourg a dépassé le Royaume-Uni en tant que domicile le plus populaire pour les fonds européens de capital-investissement et de capital-risque. Le Royaume-Uni reste cependant le plus grand centre européen de gestion des investissements alternatifs. 

Ce qu’il faut cependant retenir de l’édition 2021 du «rapport sur les actifs alternatifs en Europe», c’est que le niveau des encours vole de record en record.

Niveau record d’encours

Fin 2020, ils atteignaient 2.060 milliards d’euros, en hausse de 13,6% par rapport à 1.810 milliards d’euros un an plus tôt. Le capital-investissement et le capital-risque confirment leur position de première classe d’actifs alternatifs en Europe avec 866 milliards d’euros d’encours, devant les hedge funds (581 milliards). Et 2021 devrait confirmer cette tendance: l’activité de capital-investissement a démarré sur les chapeaux de roue cette année, avec 236 milliards d’euros de transactions enregistrées au premier semestre, soit 83% du total de 284 milliards d’euros pour l’année 2020. De plus, avec 159 milliards d’euros de capitaux levés par des gestionnaires de fonds de capital-investissement basés en Europe au cours des six premiers mois, 2021 est en passe d’être une année record pour les levées de fonds.

Les hedge funds se sont également bien comportés, minimisant les pertes face à la baisse des marchés au premier semestre de 2020 et rebondissant plus rapidement que les marchés boursiers, «les dislocations de marchés résultant d’une reprise mondiale inégale créant des opportunités». Après plusieurs années de sortie nette de cette classe d’actifs, les flux nets sont devenus positifs au deuxième semestre 2020 et se sont stabilisés en 2021.

Progression également pour les produits de dette privée: l’allocation cible médiane des investisseurs européens a augmenté ces dernières années pour atteindre 5,2%. Avec une allocation médiane réelle à 4%, tout laisse à penser que les allocations à cette classe d’actifs continueront de croître jusqu’à ce que l’allocation cible soit atteinte. Les encours de la dette privée européenne s’élevaient à 183 milliards d’euros au 31 décembre 2020. 

Belle année également pour les infrastructures avec 87 milliards d’euros de transactions réalisées au premier semestre 2021, soit quasiment le niveau atteint en 2020. «La croissance des infrastructures a vu sa part des encours des marchés privés en Europe passer de 13% en 2011 à 17% en 2020, à près de 250 milliards d’euros. Les stratégies en matière d’énergies renouvelables dominent le pipeline en nombre, mais les télécommunications ont augmenté leur part dans la valeur totale des transactions ces dernières années.»

Enfin, le nombre d’opérations immobilières et la valeur totale des transactions ont diminué en 2020. La fin de la pandémie devrait relancer les investissements. Les modes de travail post-pandémique pourraient permettre aux investissements dans les projets de rénovation des bureaux de l’emporter sur les nouveaux développements, indique l’étude pour qui les encours commerciaux et hôteliers pourraient revenir sur le devant de la scène jusqu’en 2021 et 2022. 

Face à l’incertitude et à la baisse des rendements de toutes les classes d’actifs traditionnels, les actifs alternatifs restent attractifs et sont également des opportunités d’investissement innovantes dans la finance verte.
Mark O’Hare

Mark O’HarePDGPreqin

Une dynamique appelée à continuer selon Mark O’Hare, fondateur et PDG de Preqin, pour qui «étant sur la voie de la reprise post-pandémie, les économies européennes vont très certainement atteindre de nouveaux records de croissance en 2021. Nos discussions avec les investisseurs axés sur l’Europe confirment qu’ils maintiennent leurs allocations en faveur des actifs alternatifs. Face à l’incertitude et à la baisse des rendements de toutes les classes d’actifs traditionnels, les actifs alternatifs restent attractifs et sont également des opportunités d’investissement innovantes dans la finance verte.» 

Autres atouts relevés: les actifs réels présentent l’avantage d’offrir une protection contre l’inflation et des perspectives de rendements plus élevés. Ils peuvent également aider à relever les défis posés par la reprise économique post-Covid et répondre aux attentes des investisseurs en matière de performance et d’impact, notamment en contribuant à allouer des capitaux vers des projets liés à la transition énergétique», ajoute Dominique Carrel-Billiard, directeur du métier actifs réels chez Amundi. De fait, les gestionnaires de fonds européens sont des leaders mondiaux dans l’adoption de l’ESG, avec 80% des encours sous engagements ESG, contre seulement 47% en Amérique du Nord et 24% en Asie.