Christine Lagarde annonce une révision à la hausse des anticipations d’inflation et de croissance, qui passent respectivement à +2,2% et à +5%. (Photo: Shutterstock)

Christine Lagarde annonce une révision à la hausse des anticipations d’inflation et de croissance, qui passent respectivement à +2,2% et à +5%. (Photo: Shutterstock)

Une décision qui était attendue et qui ne surprend pas les marchés, sur fond de reprise de la croissance et d’une poussée inflationniste jugée temporaire. Le niveau de rachats de dettes va être recalibré de manière souple.

Le taux d’intérêt des opérations principales de refinancement, ainsi que ceux de la facilité de prêt marginal et de la facilité de dépôt, demeurera inchangé, à respectivement 0,00%, 0,25% et -0,50%. Autrement dit, les banques se verront appliquer un prélèvement de 0,50% sur les dépôts qu’elles confient à la Banque centrale au lieu de les prêter à leurs clients.

La BCE confirme que le statu quo sur les taux risque encore de durer longtemps. Au moins jusqu’en 2023, selon les analystes. Le Conseil des gouverneurs semble leur donner raison en déclarant prévoir que «les taux d’intérêt directeurs de la BCE resteront à leurs niveaux actuels ou à des niveaux plus bas» jusqu’à ce que l’inflation soit stabilisée aux alentours de 2% à moyen terme. Une poussée inflationniste liée à la reprise économique, comme cela se constate aux États-Unis, ne la fera pas dévier de ce scénario.

Inflation et croissance revues à la hausse

En août, l’inflation a atteint 3% dans la zone euro, portée par le rebond de la consommation et par des pénuries de matières premières et de composants industriels créant des goulots d’étranglement. La BCE revoit d’ailleurs ses anticipations d’inflation et les porte à 2,2% en 2021, contre 1,9% en juin. Christine Lagarde, présidente de la BCE, indique que l’inflation sous-jacente devrait augmenter graduellement à moyen terme. Révision à la hausse également pour l’estimation de croissance de la zone euro, qui passe à 5%, contre 4,6% il y a un trimestre.

Ralentissement «modéré» des rachats de dettes

Statu quo également sur le programme de rachat d’actifs (APP) destiné à soutenir la croissance lancée en 2016. Le Conseil des gouverneurs continuera à y avoir recours «aussi longtemps que nécessaire pour renforcer les effets accommodants de ses taux directeurs, et d’y mettre fin peu avant de commencer à relever les taux d’intérêt directeurs de la BCE».

Les achats liés à ce programme vont se poursuivre au rythme de 20 milliards d’euros par mois.

Le programme d’achats d’urgence face à la pandémie (PEPP), doté d’une enveloppe de 1.850 milliards d’euros, va lui aussi se poursuivre jusqu’en mars 2022, et, «dans tous les cas, jusqu’à ce que la crise du coronavirus soit terminée». Le Conseil des gouverneurs estime cependant que les actuelles conditions économiques permettent de ralentir le rythme d’achat net d’actifs. Un ralentissement qui s’effectuera de manière «souple» afin d’éviter «un resserrement des conditions de financement incompatible avec la lutte contre les effets à la baisse de la pandémie sur la trajectoire projetée de l’inflation».

«Ce n’est pas un tapering», a martelé Christine Lagarde.

Entre mai et juillet, la BCE a acheté pour 80 milliards d’actifs mensuellement. Les analystes tablent sur un niveau de transaction autour des 70 milliards désormais.