Les organisateurs Luka Heindrichs (de Gudde Wëllen), Michel Welter (Den Atelier), Dan Biancalana (bourgmestre de Dudelange) et John Rech (Opderschmelz).  (Photo: Julien Carette/Maison Moderne.)

Les organisateurs Luka Heindrichs (de Gudde Wëllen), Michel Welter (Den Atelier), Dan Biancalana (bourgmestre de Dudelange) et John Rech (Opderschmelz).  (Photo: Julien Carette/Maison Moderne.)

Le week-end des 11 et 12 juin prochains, les fans de musique auront droit aux Francofolies à Esch… et à Usina 22, un nouveau-venu qui se tiendra, lui, à Dudelange. Présenté ce jeudi, ce dernier s’annonce comme aussi incontournable que son concurrent eschois. Même s’il faudra bien choisir.

«Voici trois ans, on s’est retrouvé avec Michel (Welter, de l’Atelier, ndlr) et Luka (Heindrichs, du Gudde Wëllen, ndlr) à une réunion en vue d’initier des idées musicales pour Esch2022 – Capitale européenne de la culture. Et en sortant de celle-ci, nous avons un peu échangé. Ils m’ont parlé de leur idée d’organiser un festival, tout en ne parvenant pas à trouver un site. Je leur ai alors glissé: ‘Moi, j’en ai un extra!’ Et nous sommes de suite montés en voiture direction Dudelange pour le voir. Malgré la pluie qui tombait, ils sont tous les deux directement tombés amoureux de celui-ci! Du coup, en tant que chef du service Culture de la ville de Dudelange, j’ai directement téléphoné à notre bourgmestre, (LSAP), pour lui parler de ce projet. Et dans la seconde, il a répondu: ‘d’accord!’»

Voilà comment John Rech, le directeur d’Opderschmelz, raconte la naissance de ce nouveau festival luxembourgeois qui a été présenté ce jeudi au centre culturel dudelangeois.

Si vous vous posez la question, sachez que le site en question est en fait l’ancienne friche industrielle, Neischmelz. Là même où . Un lieu particulier pour un festival au concept tout aussi étonnant, puisque regroupant plus d’une douzaine d’acteurs différents du monde culturel luxembourgeois.

39,5 euros le ticket

Certains acteurs sont des incontournables de la scène culturelle luxembourgeoise, tels l’Atelier, Opderschmelz, le Gudde Wëllen, les Rotondes et la Kulturfabrik. D’autres, beaucoup moins. À l’image du festival (pour toute la famille) Koll an Aktioun, du collectif hip-hop et urbain De Läbbel, de celui plutôt branché musique du monde Itinerantes, ou encore du Rocklab, la cellule d’accompagnement des jeunes pousses musicales luxembourgeoises.

«Le nom de travail de ce projet était ‘festival de vitrines’. Parce qu’il est là pour offrir une vitrine à tous ces acteurs» sourit John Rech. «Le but étant que chacun propose les éléments qui le représentent le mieux» complète Luka Heindrichs.

Tout cela donne un plateau très éclectique (deux ou trois noms manquent encore à l’appel), en pot-pourri. Avec quelques belles têtes d’affiche qui devraient pousser le public à se déplacer. Les Américains de Kings of Leon tout d’abord, dont le nom avait déjà été avancé en fin d’année dernière. Mais aussi ce petit génie de la musique électro qu’est Caribou, les nouveaux prince et princesse de l’électro belge Charlotte Adigery et Bolis Pupul (dont le premier album fait sensation dans le monde entier). Sans oublier l’une des dernières pépites du rock garage britannique, The Mysterines. Et les projets luxembourgeois qui montent, à l’image de et Tuys.

Tout ça, pour la somme défiant toute concurrence de 39,5 euros. Soit le prix de la journée du samedi 11 juin. Celle du lendemain, davantage familiale, étant, elle, gratuite.

5.000 tickets déjà vendus, plus d’un million d’euros de budget

Les 11 et 12 juin? Des dates qui correspondent à celles d’un autre grand festival luxembourgeois, les (8 au 12 juin). On devrait donc se retrouver ce samedi soir là avec les Kings of Leon sur la «main stage» à Dudelange pendant que Clara Luciani enflammera, elle, le Gaalgebierg. Assez hallucinant dans un pays où on ne peut pas vraiment dire que tous les week-ends estivaux sont squattés par de grands événements.

«C’est dommage mais tout ça est dû au hasard», explique John Rech. «Les Francofolies devaient se tenir le week-end précédent. Et puis, quand on a annoncé les Kings of Leon le 11 juin, ils nous ont dit que c’était aussi leur week-end. Ils avaient, apparemment, changé sans l’annoncer publiquement. Enfin, les deux événements ne drainent pas forcément le même public. Et de notre côté, nous avons veillé à ne pas programmer d’artistes chantant en français.»

Le site de Neischmelz tel qu’il devrait être pour la journée du 11 juin, avec cinq scènes. La grande scène (A) disparaîtra le lendemain.  (Photo: Usina 22)

Le site de Neischmelz tel qu’il devrait être pour la journée du 11 juin, avec cinq scènes. La grande scène (A) disparaîtra le lendemain.  (Photo: Usina 22)

On ne semble donc pas se tracasser outre mesure de cette situation au sein des organisateurs d’Usina 22. Il est vrai que plus de 5.000 tickets ont déjà trouvé preneurs à l’heure actuelle. Et ce, alors que le site de Neischmelz (qui comprendra cinq scènes) devrait pouvoir en accueillir entre 8.000 et 10.000. En plus, le break-even n’est, apparemment, plus très loin pour cette organisation dont le budget se situe au-dessus du million d’euros.

«Faire venir un mastodonte comme Kings of Leon demande un budget conséquent», expliquait Dan Biancalana. Un budget qu’il est possible de tenir grâce à l’apport d’Esch2022, mais aussi de la ville de Dudelange.

Un «one-shot» ou non?

Si, au vu des préventes, ce Usina 22 semble donc déjà se profiler comme un succès, reste à savoir s’il s’agit d’un «one-shot» et s’il est voué à se prolonger dans les prochaines années? Une question qui n’amène pas de réponse claire. Même si on sent une envie de voir un tel événement perdurer. «Il faut aussi se confronter à la réalité économique», expliquait . «Si le prix du billet d’entrée est bon marché, c’est grâce à un soutien public très important. Il faudra voit comment on pourrait financer un tel événement dans le futur. Certaines volontés semblent se dessiner au niveau politique. On verra. Pour le moment, faisons tout pour réussir ce Usina 22. Cela pourra peut-être nous aider à trouver un financement futur.»