Cédric Degoutin, le responsable de la Pharmacie de la Liberté, a commencé à passer des coups de fil pour trouver des masques de protection il y a dix jours. Aujourd’hui, il est presque «sold out». (Photo: Paperjam)

Cédric Degoutin, le responsable de la Pharmacie de la Liberté, a commencé à passer des coups de fil pour trouver des masques de protection il y a dix jours. Aujourd’hui, il est presque «sold out». (Photo: Paperjam)

Les médias et les réseaux sociaux alimentent le commerce des masques de protection contre le coronavirus. Au point que la pénurie guette les pharmaciens et oblige les clients à adopter de surprenantes idées alternatives. Ambiance.

«Mes clients me disent qu’ils vont chez Hornbach ou Bâtiself… pour acheter des masques de protection utilisés dans la construction.»

 Assis à la caisse du supermarché chinois Dafa, dans le quartier de la gare, l’employé désigne les rayons qui ne proposent que des produits alimentaires. «Nous sommes Chinois, oui, mais nous commandons tous nos produits à des importateurs européens de produits chinois… mais pas de masques!»

«Tous les masques ne se valent pas!», précise Cédric Degoutin, le responsable de la Pharmacie de la Liberté, à deux pas de là. Deux petits panneaux, sur sa vitrine, indiquent qu’il a encore des masques à vendre. Quatre types de masques différents, même. La première boîte, de masques chirurgicaux, vaut 10,63 euros pour 50 masques bleus qui ressemblent à du papier avec des élastiques. «Ils ne sont pas efficaces contre le coronavirus mais nous avons des clients qui les demandent, principalement des Asiatiques qui les expédient chez eux, en Chine ou ailleurs.»

Et puis, depuis dix jours, le pharmacien passe son temps au téléphone pour trouver des FFP – la norme européenne. Les FFP1 garantissent bloquer 70% des particules, les FFP2 95%, et les FFP3 99%. Il a même deux modèles du FFP3, dont un avec une cartouche de filtrage qui vaut 7 euros pièce, contre 3 euros pour le FFP2 avec une sorte de barrette pliable sur le nez, ou 2,50 euros pour la version moins évoluée.

Les sociétés veulent protéger leur personnel

«J’ai commencé à chercher à m’approvisionner quand des entreprises ont commencé à me solliciter, sur de plus gros volumes, pour protéger leurs employés. Mais comme moi, je veux pouvoir fournir des masques à tous ceux qui m’en demandent, j’ai essayé d’en avoir davantage. En gros, j’ai deux types de clients: les sociétés et les voyageurs. J’ai eu un client qui partait pour trois semaines à Singapour et auquel j’ai conseillé le FFP3, comme à ceux qui doivent passer par des aéroports», explique le pharmacien.

Sur la vitrine, de petits panneaux indiquent que la pharmacie a encore des masques. Les principaux clients sont les Asiatiques, qui les envoient souvent à leur famille. (Photo: Paperjam)

Sur la vitrine, de petits panneaux indiquent que la pharmacie a encore des masques. Les principaux clients sont les Asiatiques, qui les envoient souvent à leur famille. (Photo: Paperjam)

Aujourd’hui, plus de la moitié des masques dont il dispose sont réservés, et l’approvisionnement commence à être compliqué.

Face aux nombreuses demandes de ses clients, il a fini par réaliser une fiche technique en A4, qui explique comment bien mettre un masque et comment vérifier qu’il remplit bien sa fonction. Quatre consignes sont également indiquées:

- La durée de l’efficacité de protection du masque de protection respiratoire est en moyenne de huit heures;

- Le masque de protection perd de son efficacité en cas de barbe ou de toute autre pilosité qui empêche le contact parfait entre le visage et le bord du masque;

- Le masque de protection doit être enlevé APRÈS tout autre matériel de protection (gants, surblouse, lunettes de protection);

- Les mains doivent être désinfectées après le retrait du masque.

Le meilleur conseil, dit-il, «reste de se désinfecter soigneusement les mains! Mais je ne sens pas de psychose des résidents», explique-t-il aussi. «On devrait plus craindre la grippe!»

Face à la gare, à la Pharmacie du Globe, pas de panneau ni de masques. «J’en ai commandé, mais je ne sais pas quand ils vont arriver. Ni même s’ils seront encore utiles. Dans trois semaines, peut-être que plus personne n’en parlera», commente le pharmacien, Marc Bray. Chez lui, un seul écriteau, avec des étoiles jaunes sur fond rouge, en chinois, pour dire aux clients qu’ici, «il y a toujours quelqu’un qui parle chinois!».