L’exposition «The Rape of Europe» présente les œuvres de Maxim Kantor réalisées durant les 30 dernières années. (Illustration: Maxim Kantor)

L’exposition «The Rape of Europe» présente les œuvres de Maxim Kantor réalisées durant les 30 dernières années. (Illustration: Maxim Kantor)

Du 29 avril au 16 octobre, le Musée national d’histoire et d’art accueille «The Rape of Europe – Maxim Kantor on Putin’s Russia (Works 1992-2022)». Organisée en partenariat avec la Croix-Rouge luxembourgeoise, cette exposition a pour objectif de soutenir les réfugiés ukrainiens au Grand-Duché. Cependant, l’association LUkraine, par le biais d’une lettre ouverte, a émis des réticences quant à l’esprit de solidarité généré par cet événement.

Connu pour ses positions critiques vis-à-vis du régime de Vladimir Poutine, Maxim Kantor a donné vie à l’exposition «The Rape of Europe – Maxim Kantor on Putin’s Russia (Works 1992-2022)» au Musée national d’histoire et d’art (MNHA) à Luxembourg. À partir du 29 avril, cette exposition présentera une soixantaine d’œuvres politiques de l’artiste qui dépeignent le totalitarisme et l’agressivité du régime russe actuellement en place.

En collaboration avec la Croix-Rouge luxembourgeoise, le musée, qui a mis sur pied cet événement, souhaite réagir et démontrer sa solidarité avec le peuple ukrainien suite à l’ depuis le 24 février dernier. «Par pure coïncidence, au début des hostilités, nous étions déjà en contact avec l’artiste Maxim Kantor», indique Michel Polfer, directeur du MNHA. «Il a spontanément accepté d’organiser une exposition d’urgence.»

Des points de vue divergents

En réaction à l’organisation d’une telle exposition, l’asbl LUkraine, représentante de la communauté ukrainienne au Luxembourg, a publié une lettre ouverte pour manifester son désaccord. Ce dernier fait suite à une phrase publiée par l’artiste russe et utilisée pour la promotion de son exposition sur les réseaux sociaux: «Je ne fais pas de distinction entre les victimes de la guerre (le peuple ukrainien et le peuple russe, ndlr). À mes yeux, elles méritent toutes la compassion.» 

«Nous pensons que M. Kantor ne pourrait pas avoir plus tort, et nous trouvons cette comparaison très offensante pour la communauté ukrainienne et les victimes de cette guerre», a écrit, en réponse à l’artiste, l’asbl LUkraine dans sa lettre ouverte. Cette dernière n’a pas manqué de faire part de ses craintes concernant les fonds récoltés lors de l’exposition: «Le danger très réel est qu’une partie des dons de M. Kantor à la Russie soit versée aux familles des criminels de guerre.» Et d’estimer que «selon les conventions militaires internationales, tout soldat a le droit de désobéir aux ordres illégaux ou illégaux. Nous savons pertinemment que de nombreux soldats russes qui ne voulaient pas participer à ces atrocités se sont rendus aux forces armées ukrainiennes».

Dénonciation de la guerre

Observateur critique de la société et du monde politique russes, l’artiste de nationalités russe, allemande et argentine présente les travaux qu’il a réalisés durant les 30 dernières années. Par des couleurs sombres accompagnées de rouge, de squelettes et de figures politiques reconnaissables, l’artiste dénonce ici, à travers l’expression de ses pinceaux et de ses crayons, les grondements les plus profonds des guerres passées et du conflit qui se déroule actuellement en Ukraine.

«Cette exposition, réalisée en très peu de temps en réaction à la guerre en Ukraine, rassemble des œuvres que l’on peut qualifier de politiques», indique Maxim Kantor. «Nous vivons dans une société qui croyait avoir vaincu la guerre. Nous pensions que le fascisme était vaincu pour toujours, mais il s’est montré très résistant.» En effet, le titre de l’exposition («Le Viol de l’Europe») soulève des questions importantes.

Maxim Kantor est peintre, dessinateur, écrivain, philosophe et historien de l’art. Né en 1957 à Moscou, il a grandi et étudié en Russie où il a rapidement pris position contre le gouvernement en publiant, dès 1972, des écrits antisoviétiques. Durant sa carrière, il n’a cessé de se définir comme un homme «tourné vers la société» sans jamais revendiquer et appartenir à un mouvement ou groupe, mais en promulguant son propre message. Il a quitté la Russie en 1992 et vit désormais en France.

«The Rape of Europe – Maxim Kantor on Putin’s Russia (Works 1992-2022)», du 29 avril au 16 octobre 2022 au Musée national d’histoire et d’art. L’exposition est organisée en collaboration avec la Croix-Rouge luxembourgeoise. L’entrée est libre, mais les visiteurs sont invités à faire un don pour venir en aide aux réfugiés ukrainiens accueillis au Luxembourg.