Romain Urhausen a réalisé une série photographique dans les Halles à Paris, à l’occasion de son séjour dans la capitale dans les années 1950. Ces photographies ont fait l’objet d’une publication avec des textes de Jacques Prévert. (Photo: Romain Urhausen/Collection de l’artiste)

Romain Urhausen a réalisé une série photographique dans les Halles à Paris, à l’occasion de son séjour dans la capitale dans les années 1950. Ces photographies ont fait l’objet d’une publication avec des textes de Jacques Prévert. (Photo: Romain Urhausen/Collection de l’artiste)

L’œuvre du photographe luxembourgeois Romain Urhausen sera mise à l’honneur par Lët’z Arles à l’occasion des Rencontres d’Arles l’été prochain. Une œuvre riche et protéiforme qui s’inscrit dans une approche plus muséale que les éditions précédentes.

La préparation de l’exposition ne devait pas tout à fait se passer comme elle s’est déroulée… Sélectionné par un jury il y a deux ans pour incarner la présence luxembourgeoise aux Rencontres d’Arles 2021, Romain Urhausen est malheureusement décédé en juillet l’année dernière. L’édition 2021 n’ayant pu se tenir, c’est donc cet été que cette exposition sera finalement présentée à Arles. «Nous avions commencé à travailler avec Romain sur la sélection des photos, les conditions d’espace et les correspondances entre les images. Si le projet a toutefois évolué depuis nos dernières discussions, nous avons essayé de rester le plus fidèles possible à l’esprit de Romain», explique Paul di Felice, commissaire de l’exposition et visiblement ému pendant la conférence de presse.

Une exposition plus muséale

Cette édition 2022, toujours organisée sous la houlette de l’association Lët’z Arles, sera aussi un peu différente des éditions précédentes puisqu’il ne s’agit pas cette année de présenter des œuvres de la jeune génération de photographes luxembourgeois, mais l’œuvre d’un photographe plus inscrit dans l’histoire de la photographie luxembourgeoise et européenne.

Le nom de Romain Urhausen est déjà bien connu dans le milieu luxembourgeois, notamment grâce à . Mais il y a encore bien d’autres volets à découvrir et à approfondir au sein de cette œuvre riche et protéiforme. «Cette exposition rassemble une centaine de photos de Romain Urhausen qui entreront en dialogue avec 45 photos de 13 photographes allemands et français», explique le commissaire. «Ces regards croisés nous permettent de souligner deux dimensions importantes dans l’œuvre d’Urhausen: la photographie humaniste et la photographie subjective. De plus, Romain ayant vécu à la fois au Luxembourg, mais aussi en France et en Allemagne, nous nous sommes concentrés sur les photographes de ces deux pays.»

Si Urhausen a été un artiste pionnier dans les années 1950 et 1960, il reste encore largement méconnu du public français. Cette exposition est donc l’occasion de positionner ce photographe dans une histoire de la photographie qui dépasse les frontières du Luxembourg et de poursuivre l’étude de son vaste corpus. C’est pour cela que Christoph Wiesner, le directeur des Rencontres d’Arles, a choisi d’intégrer cette exposition à la programmation officielle dans la section «Revisiter».

«En complément de la collection de Romain Urhausen, de la collection du CNA et d’une collection privée luxembourgeoise, nous avons fait appel à des prêteurs internationaux dont, entre autres, le Museum Folkwang à Essen, le Saarlandmuseum à Sarrebruck, l’Atelier Robert Doisneau et la Fondation Henri Cartier-Bresson», précise Paul di Felice. «Ces prêts exigent des conditions d’exposition spécifiques qui nous ont amenés à changer de lieu d’exposition. C’est pourquoi l’exposition cette année ne sera pas présentée dans la Chapelle de la Charité que nous occupions jusqu’à présent, mais dans l’espace Van Gogh, un ancien Hôtel-Dieu», précise le commissaire.

En parallèle de l’exposition «Romain Urhausen, en son temps», l’espace Van Gogh accueillera au rez-de-chaussée une exposition consacrée à l’œuvre de Lee Miller, photographe majeure internationalement reconnue et dont Romain Urhausen était très admiratif.

Une extension à Luxembourg

En parallèle de l’exposition à Arles, plusieurs actions sont prévues au Luxembourg pour mettre en avant l’œuvre du photographe. Avec la complicité de la Ville de Luxembourg, 16 photographies de Romain Urhausen seront présentées de juin à octobre sur des panneaux installés dans le parc de Merl.

Poursuivant l’histoire tissée avec l’ARBED, puisque Romain Urhausen a illustré en 1965 leur rapport d’activité, ArcelorMittal a proposé de mettre à disposition la galerie d’exposition du Schlassgoart à Esch-sur-Alzette pour y organiser une exposition du photographe en 2023, 30 ans après l’exposition que le photographe avait réalisée dans ces mêmes lieux et qu’il considérait comme l’une de ses préférées.

Un partenariat avec les CFL offre la possibilité de présenter une autre série de photos dans le hall-verrière de la gare centrale entre octobre et novembre.

Par ailleurs, Post Luxembourg a initié la création de huit timbres à partir de certaines photos de l’artiste.

Enfin, une nouvelle publication est en cours de conception avec Delpire & Co. Plus qu’un catalogue d’exposition, ce livre présente plus largement l’œuvre photographique de Romain Urhausen et regroupera des textes de Paul di Felice et de l’historienne de la photographie Carolin Förster (parution en juin 2022).

«Romain Urhausen, en son temps», du 4 juillet au 25 septembre aux Rencontres d’Arles,