Le Dr Claude Schummer, directeur général des Hôpitaux Robert Schuman, voit en la gestion du personnel le «défi majeur» de cette seconde   vague de contaminations au Covid-19 au Luxembourg.   (Photo: Nader Ghavami / Maison Moderne) 

Le Dr Claude Schummer, directeur général des Hôpitaux Robert Schuman, voit en la gestion du personnel le «défi majeur» de cette seconde   vague de contaminations au Covid-19 au Luxembourg.   (Photo: Nader Ghavami / Maison Moderne) 

Si les hôpitaux ont appris de la première vague pour parfaire leur organisation face au Covid-19, la gestion du personnel est devenue leur principal défi.

Avec plus de 200 patients hospitalisés, dont une trentaine en soins intensifs, soit autant qu’en avril, sous l’effet de la première vague, les hôpitaux nagent en pleine seconde vague – après une comptant une cinquantaine d’hospitalisations, à son paroxysme. , ils ne se sont pas trouvés dépourvus lorsque la vraie seconde vague est arrivée. Aussi parce que leur coordination ne s’est pas relâchée. «Nous échangeons quotidiennement au téléphone s’il le faut, et nous nous réunissons deux fois par semaine», indique le Dr , directeur général des Hôpitaux Robert Schuman. «La solidarité est très grande entre les hôpitaux.» Preuve en est le transfert quotidien de deux patients Covid du Centre hospitalier Emile Mayrisch (Chem) vers les HRS, et aussi vers le Centre hospitalier de Luxembourg (CHL), afin de soulager le Chem, «submergé de patients du sud du pays, qui est devenu le point chaud de l’épidémie».

«La solidarité joue également plus largement: tout le système de santé doit fonctionner, et pas seulement les hôpitaux», ajoute le Dr Schummer, évoquant les difficultés du Centre hospitalier du Nord en début de seconde vague, en raison de la prise en charge désorganisée dans les maisons de soins. Maisons de soins, réseaux de prise en charge des personnes dépendantes, ligne de garde des médecins généralistes: «tout doit fonctionner». Et en aval aussi: le Rehazenter vient d’ouvrir 10 places pour accueillir des convalescents du Covid en rééducation, tandis que le château de Colpach est sollicité pour accueillir 20 lits supplémentaires.

Nous devons maintenir une activité normale de l’hôpital, puisque nous ne pouvons pas priver les gens de soins non-Covid pendant des mois.
Dr Claude Schummer

Dr Claude Schummerdirecteur généralHôpitaux Robert Schuman

Le principal obstacle sur la voie reste humain: «Le goulot d’étranglement, c’est le personnel», constate le Dr Schummer. Bien équipés, mieux préparés, les hôpitaux affrontent la recrudescence de cas potentiellement graves avec une nouvelle variable difficile à maîtriser. Pourquoi le personnel est-il tant en tension? «Nous devons maintenir une activité normale de l’hôpital, puisque nous ne pouvons pas priver les gens de soins non-Covid pendant des mois. Cette situation peut encore durer six mois en attendant un plan de vaccination de la population.»

De fait, chaque hôpital a dû transiger et fermer une ou plusieurs unité(s) afin de ménager une réserve de personnel. Aux HRS, une unité et un bloc opératoire sont à l’arrêt – soit une trentaine de soignants mis à disposition d’autres unités ou gardés en réserve. Au Chem, trois unités sont également fermées.

Conséquence: «Nous essayons de favoriser le virage ambulatoire», explique le Dr Schummer. Dans l’air du temps depuis une dizaine d’années et , ce prend tout son sens lorsqu’un hôpital manque de personnel pour prendre en charge les patients hospitalisés plus d’une journée. «Nous avons donné un quota à chaque spécialité en fonction de son volume d’activité initial. Ce sont les médecins eux-mêmes qui décident à quels patients ils donnent la priorité.»

Nous ne sommes pas engagés dans un sprint comme au printemps, mais dans un marathon.
Dr Claude Schummer

Dr Claude Schummerdirecteur généralHôpitaux Robert Schuman

Les urgences et la chirurgie oncologique (cancers) restent assurées à 100%. Les endoscopies, l’imagerie médicale, la polyclinique fonctionnent également normalement. «Nous ne sommes pas engagés dans un sprint comme au printemps, mais dans un marathon. Il est très important pour nous de maintenir les soins non-Covid au plus haut niveau possible.»

Autre écueil concernant le personnel: le virus étant plus largement répandu dans la population, les quarantaines et isolements se multiplient, puisque les soignants peuvent avoir un cas de Covid dans leur entourage au-delà de la contamination à l’hôpital. Les besoins en personnel sont aussi plus élevés dans les zones Covid: 30% de plus en soins normaux, et 50% de plus en réanimation.

Un personnel résilient, mais fatigué

Les hôpitaux ont mis à profit l’été pour généraliser les formations entamées en accéléré au printemps. «À travers des courtes formations et introductions, les infirmiers des services Bloc op, policliniques, urgences et autres ont été préparés à la prise en charge adéquate des patients Covid-19», précise ainsi le Chem. «Les formations ont porté sur le contexte théorique et les options de traitement, l’habillage et l’enlèvement de l’équipement de protection (blouse, masque, charlotte, gants, lunettes, etc.), ainsi que sur la mise en position couchée des patients. Le positionnement sur le ventre est une des mesures thérapeutiques centrales et une technique très complexe. Des vidéos didactiques et pédagogiques ont été réalisées et mises à disposition du personnel soignant sur l’intranet.» Rien qu’au Chem, 200 professionnels de santé ont ainsi été «familiarisés avec les bases du traitement de nombreux patients Covid-19».

Suspendus à l’évolution de la propagation de l’épidémie, les hôpitaux tiennent. «Durant la première vague, on sentait l’enthousiasme du personnel d’aller au front», note le Dr Schummer. «Quelque chose a changé. Le personnel – et les médecins aussi – est résilient, mais fatigué.» Une des raisons pour lesquelles le vaccin est tant attendu. Et si les HRS ne peuvent l’imposer à leur personnel, ils demanderont à ceux qui ne souhaitent pas se faire vacciner de porter un masque en permanence.