Après une hausse du nombre des infections au Covid-19 depuis deux semaines, celui des hospitalisations remonte aussi légèrement. Les 23 et 24 juin, il n’y avait plus de patients en soins intensifs, et le 26 juin, seulement neuf hospitalisations liées au Covid-19.
Mais la situation a évolué puisque, à ce jour, 21 personnes sont actuellement hospitalisées, dont trois en soins intensifs. Et cette hausse ne devrait pas s’arrêter là, puisqu’il existe un décalage dans le temps, de huit à dix jours, entre remontée des infections et hausse du nombre des hospitalisations.
«Dès le début du déconfinement, nous étions déjà préparés à ce qu’on appelle la deuxième vague, car il est alors normal qu’il y ait une recrudescence du virus», assure le président de la Fédération des hôpitaux luxembourgeois (FHL), Paul Junck. «Et l’augmentation peut aller très vite. C’est un virus qui se répand de façon exponentielle, donc si on veut éviter des scénarios catastrophes, il faut se préparer à toutes les éventualités.»
Pas de lockdown trop sévère
Une deuxième vague est donc depuis le début une hypothèse sur laquelle se sont basés les hôpitaux pour s’organiser. Et la stratégie diffère de celle mise en place en mars. Les hôpitaux avaient alors décidé de déprogrammer tous les autres soins qui n’étaient pas urgents et vitaux afin de mobiliser le personnel médico-soignant sur la gestion de l’épidémie.
«Si par malheur on arrivait vers une deuxième vague, on veut éviter de refaire un lockdown trop sévère au niveau des hôpitaux et conduire de front les deux activités: celle classique des hôpitaux avec les cas hors Covid, et en plus gérer les patients atteints du Covid», explique Paul Junck.
Deux filières maintenues
Pour rendre cela possible, la séparation dans les hôpitaux des patients en deux filières – l’une de patients Covid, l’autre de patients hors Covid – mise en place dès le mois de mars a été maintenue dans les quatre centres hospitaliers (CHL, Chem, CHDN et les HRS) au niveau des services d’urgence.
Concernant les soins stationnaires, les patients atteints du Covid-19 sont concentrés au service national des maladies infectieuses du CHL, dans la mesure de ses capacités, à savoir 20 patients en soins normaux et quatre en soins intensifs. Au-delà, si les hospitalisations viennent à augmenter encore et que les capacités du service sont dépassées, les trois autres hôpitaux reprendront du service pour les soins stationnaires, avec une organisation aussi en deux filières.
Si vous venez à l’hôpital, le risque d’attraper une infection croisée est très, très limité.
«Il faut avoir clairement une séparation des patients et des flux pour éviter des infections croisées», précise le secrétaire général de la FHL, Sylvain Vitali. «C’est un message clair à la population: nous faisons tout pour séparer les deux filières et, si vous venez à l’hôpital, le risque d’attraper une infection croisée est très, très limité.»
Recruter du personnel
Mais pour mener à bien et de front ces deux missions se pose aussi la question de la disponibilité du personnel médico-soignant. «Si nous sommes parvenus à gérer tant bien que mal la première vague, c’est parce que la déprogrammation des cas hors Covid nous a permis de libérer du personnel», prévient Paul Junck. «En cas de besoin accru, nous risquons d’avoir un goulot d’étranglement au niveau des ressources humaines.»
Déjà mentionné en présence des trois ministres de la Santé, de la Sécurité sociale et des Finances ainsi que du président de la CNS, Paul Junck réclame donc des moyens pour recruter dans les hôpitaux. «C’est un message très clair qu’on a fait passer à la CNS: il faut qu’elle libère des moyens financiers pour que les hôpitaux puissent recruter du personnel soignant assez rapidement pour être prêts dans les jours et les semaines qui viennent», déclare-t-il. «Je ne parle pas de centaines de personnes, mais je parle quand même de plusieurs dizaines de personnes dont nous avons absolument besoin pour gérer dans le futur une deuxième vague potentielle.»
Le ministère de la Santé a d’ailleurs contacté ces derniers jours les professionnels inscrits sur la réserve sanitaire au printemps afin de s’enquérir de leur disponibilité.
Il faut des moyens financiers pour que les hôpitaux puissent recruter du personnel soignant.
«Il est clair que s’il y a un goulot d’étranglement au niveau du personnel soignant, il faudra alors commencer à déprogrammer l’une ou l’autre des activités», prévient de son côté Sylvain Vitali.
Mais l’un des moyens les plus efficaces d’éviter une saturation des hôpitaux reste entre les mains de la population, rappelle le président de la FHL.
Le nouveau projet de loi rassure
«Lors du confinement, cela a très bien fonctionné. Tout le monde a respecté les règles avec une grande discipline, mais maintenant, on observe, lorsqu’il n’y a plus d’obligations légales mais uniquement des recommandations, qu’un certain nombre de gens commencent à oublier les bonnes pratiques et les gestes barrières», constate Paul Junck. «Il faut de nouveau appeler la population luxembourgeoise à faire attention. C’est un message très fort de la part des hôpitaux.»
Il faut de nouveau appeler la population luxembourgeoise à faire attention. C’est un message très fort de la part des hôpitaux.
La proposition du gouvernement de remettre en place des obligations légales pour les rassemblements de plus de 20 personnes va dans ce sens. «Cela nous rassure», admet Paul Junck. «C’est d’ailleurs ce que le gouvernement avait voulu il y a deux semaines: il ne voulait pas libéraliser aussi vite la vie privée. Le Conseil d’État, avec son opposition formelle, l’a fait capoter.»
La ministre de la Santé, (LSAP), espérait que ce projet de loi, déposé jeudi dernier, . Un délai qui paraît intenable, alors que le Conseil d’État ne devrait examiner ce projet que vendredi.