Quel a été le rôle de l’UCVL ces dernières semaines?
Anne Darin. – «La situation est très compliquée depuis la fermeture brutale des commerces. Nous avons d’abord accompagné nos membres pour les aider à comprendre les mesures et les informer au mieux et au maximum. Tout le monde n’a pas le même niveau d’information et les situations sont très différentes.
Par ailleurs, nous les avons aidés à s’y retrouver par rapport aux différentes plates-formes numériques qui leur étaient proposées, en fonction de leur secteur d’activité, de leur taille et de leurs besoins.
La vente en ligne peut-elle être une bouée de sauvetage?
«Nous avons encouragé nos membres à être présents en ligne, même si cela ne remplace pas à 100% une activité en magasin. Mais la vente en ligne ou le ‘pick-up’ peuvent représenter 10 à 30% du chiffre d’affaires habituel et donc permettre de payer au moins les charges incompressibles. C’est pour cela que nous essayons d’accompagner au mieux nos membres dans la digitalisation de leur commerce. Il y a encore beaucoup de travail en ce qui concerne ce dossier et tout le monde n’est pas égal.
Certains ont déjà des sites internet ou sont présents sur des plates-formes, d’autres n’ont pas le droit de le faire, comme certains franchisés par exemple. Les situations sont très différentes d’un membre à l’autre.
De nombreuses plates-formes de vente en ligne ont été initiées récemment. Est-ce une bonne chose?
«C’est toujours mieux de concentrer l’offre, mais il y a eu beaucoup d’initiatives spontanées qui sont aussi très positives. La dynamique est bonne. Cela montre qu’il y a une prise de conscience au sujet de la visibilité online. Pour les commerçants, nous sommes entrés dans un autre paradigme. Il faut être présent en ligne. Cela va redéfinir leur visibilité et certainement continuer dans le temps.
Nous avons vu aussi l’augmentation des possibilités de ‘click & collect’ ou de livraison à domicile. Ce sont peut-être des services qui seront maintenus après le confinement.
Quelle est la situation au niveau du paiement des loyers?
«Il y a de grandes disparités, car c’est au bon vouloir des propriétaires. Nous avons conseillé à nos membres d’entrer en dialogue avec leur propriétaire pour initier une discussion et essayer de trouver une solution. C’est dans l’intérêt du propriétaire que le locataire s’en sort, car si après la crise il n’y a plus de commerçant, alors cela risque de lui coûter beaucoup plus cher. Ce n’est de la faute de personne et il faut trouver une solution gagnante pour tout le monde. Certains ont obtenu un mois gratuit, d’autres une forte réduction, un report de loyer, d’autres rien du tout.
Cela dépend aussi de la situation du propriétaire et là aussi les situations sont variables. Il y a des propriétaires privés, dont certains ont des prêts à charge, des fonds d’investissement. Le dialogue a pu être initié avec la plupart des propriétaires privés.
Avec les fonds d’investissement, c’est souvent plus difficile et la plupart des locataires qui sont dans cette situation n’ont pas encore de réponse. Tant qu’il n’y aura pas d’amendement, il n’y aura pas de contraintes pour les propriétaires et cela devra se passer par une négociation au cas par cas.
Avez-vous une idée de date pour la réouverture?
«Nous espérons obtenir une date cette semaine. Les discussions sont en cours entre les fédérations nationales et le ministère de l’Économie. La date du 11 mai semble être sous-entendue, mais une demande a été formulée pour le 4 mai. Nous devons surtout attendre les règles qui devront être mises en place et qui conditionnent beaucoup les possibilités de réouverture.
Mais il est nécessaire de rouvrir au plus vite les commerces de détail pour être à égalité avec les supermarchés, qui vendent des produits non alimentaires identiques à eux comme les chaussures, la puériculture, le multimédia, etc.
Est-ce que les commerçants sont prêts pour une réouverture?
«Les règles imposées pour la réouverture des commerces ne sont pas encore connues, donc il est difficile de dire si les commerçants sont à 100% prêts. En tout cas, beaucoup ont anticipé au maximum, se préparent le mieux possible, se procurent du matériel comme les masques et le gel hydroalcoolique, les bandes de distanciation, les plaques de plexiglas.
Certaines franchises reçoivent de l’aide de leur groupe. Pour les plus petits, la situation est plus difficile. Mais tous se tiennent prêts, tout en sachant que la reprise ne pourra être que progressive. Tout le monde n’ouvrira peut-être pas tout le temps, avec des horaires réduits. Les flux de clients seront aussi certainement réduits au début.
La disposition à l’intérieur des magasins devra être adaptée. Nous ne connaissons pas encore les possibilités de circuler dans la rue. Il reste encore beaucoup de questions qui conditionnent la réouverture et le matériel nécessaire.
Est-ce que les mesures d’aide mises en place par le gouvernement sont suffisantes?
«Un effort important a été fait, mais les commerçants ont besoin de packages d’aides plus importants, avec des aides directes, des exonérations de charges, des aides pour le loyer et surtout que cela dure dans le temps, car la reprise sera lente et progressive. Nous souhaitons pouvoir avoir des aides équitables et des propositions adaptées à la taille et à l’activité de chacun.
Les plus grandes difficultés n’arriveront peut-être pas maintenant, mais dans les mois à venir. Certains commerçants ont contracté des prêts qui devront être remboursés et si l’activité reste ralentie encore plusieurs semaines ou mois, cela risque d’être très dur.
Les soldes doivent-elles être maintenues?
«Cette question se décide au niveau national. Nous avons lancé un sondage auprès de nos membres pour connaître leur avis sur cette question, s’ils sont pour le maintien des soldes ou un recul de la date. Mais cette question va aussi dépendre de la date et des conditions de réouverture. Les discussions sont en cours.»