«Que sont 5.000 euros pour un commerçant qui aura avancé 100.000 euros en marchandise qu’il va devoir vendre à perte?», se demandent les professionnels du secteur de la mode. (Photo: Shutterstock)

«Que sont 5.000 euros pour un commerçant qui aura avancé 100.000 euros en marchandise qu’il va devoir vendre à perte?», se demandent les professionnels du secteur de la mode. (Photo: Shutterstock)

Obligés de fermer pour cause de confinement, les professionnels de la mode réclament la réouverture de tout un secteur qui se voit confronté au retour de la concurrence frontalière. Avec des stocks de printemps qui ne pourront pas s’écouler comme prévu.

Il n’y aura vraiment plus de saisons dans la mode cette année. Alors que les commerçants du secteur s’appuient traditionnellement sur le retour des beaux jours pour réaliser de belles affaires, la première quinzaine grise et venteuse de mars, suivie par les deux premières semaines du confinement, a douché leurs espoirs printaniers.

«Mars, avril et mai, c’est normalement le moment le plus important, les gens sont positifs, ils attendent le beau temps pour acheter de nouveaux vêtements, et puis il y a Pâques, les communions, les mariages…», énumère Jean-Paul Herber, membre du conseil d’administration de la Fédération de la mode, la Femo, affiliée à la CLC.

Comble du hasard malheureux, la fermeture des commerces non essentiels depuis un mois aura laissé filer de beaux jours aux commerçants. Et autant d’affaires possibles.

Jean-Paul Herber demande une réouverture dès que possible, assurant de la bonne préparation du secteur sur le plan sanitaire. (Photo: DR)

Jean-Paul Herber demande une réouverture dès que possible, assurant de la bonne préparation du secteur sur le plan sanitaire. (Photo: DR)

«Rien qu’au mois de mars, nos magasins ont perdu entre 55 et 75% du chiffre d’affaires par rapport à l’année passée», ajoute Jean-Paul Herber. Et si la date de réouverture survient mi-mai, «on achète un short, un bermuda, un t-shirt, des articles qui ont un prix moyen qui est le tiers de ceux du printemps. C’est pour vous dire ce que nous avons raté», se désole le patron des boutiques Hoffmann Thill.

Des aides spécifiques réclamées

Des collections printemps invendables, l’annulation de braderies… et une trésorerie mise à mal pour l’achat des collections suivantes. En plus de souffrir des mêmes maux que les autres commerces fermés, les acteurs de la mode réclament des aides spécifiques.

«Le chômage partiel auquel nous avons fait appel fonctionne très bien et nous avons reçu l’argent très vite, même dès mi-avril pour les salaires versés en fin de mois», souligne M. Herber. Qui fait remarquer par ailleurs que les commerçants qui disposent de plus de neuf employés, mais répartis sur plusieurs magasins, ne pouvaient pas , car la logique du bénéficiaire économique prévalait. «Que sont 5.000 euros pour un commerçant qui aura avancé 100.000 euros en marchandise qu’il va devoir vendre à perte?», interroge par ailleurs le communiqué de la Femo.

Entre-temps, le ministre des Classes moyennes, (DP), a annoncé mercredi

Les représentants du secteur doivent s’entretenir jeudi avec les instances ministérielles. Deux idées sont mises en avant pour atténuer les effets de deux postes de dépenses importants après les salaires: le loyer et l’achat de stock.

«Il n’y a que ceux qui ont qui auront la chance de ne pas payer le loyer d’avril, mais les autres ont eu un report plus ou moins long, ils devront donc payer avril avec zéro recette pour ce mois-là», note Jean-Paul Herber.

D’où l’idée de proposer au gouvernement un crédit d’impôt à l’attention des propriétaires, pour que les boutiques locataires puissent bénéficier d’une diminution de leur mensualité.

Quant au stock de saison et au stock «à risque» qui sont achetés, le représentant de la Femo imagine l’accès du secteur à un prêt à un taux avantageux pour donner un peu d’air à une trésorerie en souffrance.

Trèves, Arlon, Metz… le déconfinement transfrontalier

«Pour permettre la reprise, il est essentiel de nous permettre de rouvrir nos boutiques immédiatement!», martèle la Femo dans son communiqué de presse. L’Allemagne a levé les interdictions d’ouverture pour les magasins de moins de 800m². La Belgique a commencé son déconfinement.»

La crainte est de voir les clients franchir à nouveau la frontière. «Tous les magasins auront leurs masques, leur gel, les mesures seront prises pour être en règle, pour qu’il n’y ait pas trop de personnes dans les magasins», assure Jean-Paul Herber. «Nous faisons tout pour nous préparer à vivre au moins jusqu’à l’année prochaine avec ce virus, jusqu’au moment où un vaccin sera trouvé.»

Prévue pour le 11 mai prochain, ne prévoit pour l’instant que la reprise du secondaire.

«Nous devons entrer dans une deuxième phase, une phase où chacun est responsable. On ne peut plus bloquer des secteurs économiques, sinon la crise économique va prendre le dessus et de loin», conclut Jean-Paul Herber.