Sanjeev Gupta, le CEO de GFG Alliance, la maison mère de Liberty Liège-Dudelange, est venu hisser ses deux drapeaux sur le site de Dudelange. Qu’il veut voir tourner à 100% de ses capacités avant d’embrasser une nouvelle stratégie, qui sera dévoilée en novembre. (Photo: Nader Ghavami)

Sanjeev Gupta, le CEO de GFG Alliance, la maison mère de Liberty Liège-Dudelange, est venu hisser ses deux drapeaux sur le site de Dudelange. Qu’il veut voir tourner à 100% de ses capacités avant d’embrasser une nouvelle stratégie, qui sera dévoilée en novembre. (Photo: Nader Ghavami)

Sanjeev Gupta, le CEO de GFG Alliance, la maison mère de Liberty Liège-Dudelange, promet d’investir afin de développer ses usines partout où elles sont. Son credo: l’acier vert. Comment y parvenir, c’est là que réside toute la question de la stratégie à venir fin novembre.

Pour la prise de pouvoir officielle, mardi matin à Dudelange, il est arrivé dans une Toyota Hybride d’un Webtaxi. Indien, résidant à Londres et passionné par l’acier, Sanjeev Gupta n’a aucun autre point commun avec son prédécesseur, . Et derrière son sourire débonnaire se cache visiblement un redoutable analyste de marchés.

Sanjeev Gupta, quelle drôle d’idée, pour un homme d’affaires comme vous, d’investir dans un secteur industriel en plein déclin, qui doit faire face à de multiples challenges et concurrents...

Sanjeev Gupta. – «Oui, nous sommes face à un dragon à trois têtes. Il y a la concurrence. L’an dernier, les importations d’acier en Europe ont augmenté de 13%. Elles représentent entre un quart et un tiers des volumes d’acier vendus contre les trois quarts pour les producteurs européens. Ensuite, il y a le prix de l’électricité très élevé au Luxembourg et en Europe.

Enfin, nous devons compenser nos émissions de CO2, ce qui nous coûte cher. De 30 euros la tonne, nous savons que le prix va passer à 60 euros la tonne. Mais même si nous sommes un nouveau venu, nous voyons un marché à prendre! Nous allons prendre des initiatives à l’issue de notre période de 100 jours (de début juillet, cette période devait se terminer fin septembre-début octobre, mais elle se terminera en novembre, ndlr).

Depuis 2015, nous sommes actifs dans l’acier et nous voulons produire un acier vert. Et si ce n’était pas viable à Dudelange, je ne serais pas là! Nous avons des clients, avec nos usines, nous allons principalement servir nos clients régionaux, au Luxembourg, en Allemagne ou en France.

Réduire nos émissions aura de toute façon un impact sur nos finances.

Sanjeev GuptaCEOGFG Alliance

Comment allez-vous faire, vous le nouveau venu, sans centre de recherche ni brevet, pour rivaliser avec des géants comme ArcelorMittal qui investissent des dizaines de millions d’euros depuis des années dans leurs centres de recherche pour offrir à leurs clients les aciers dont ils ont besoin?

«Nous allons revisiter les processus de fabrication. Par exemple, pour l’instant, les déchets sont exportés. Mais nous pourrions les réutiliser pour les faire entrer dans la production. Ce sont des aspects sur lesquels nous travaillons déjà au Royaume-Uni, en Australie ou aux États-Unis.

Nous pourrions aussi imaginer produire nos aciers avec de l’hydrogène. Réduire nos émissions aura de toute façon un impact sur nos finances. Mais je crois que nous avons toute l’expertise en interne. S’il nous faut formaliser cela ou investir massivement, nous verrons cela dans le cadre de notre stratégie. Tout est encore ouvert.

On comprend que votre stratégie n’est pas encore prête. Mais vous avez déclaré vouloir augmenter vos ventes de 50% en trois ans et neutraliser les effets des prix flottants dans l’industrie. Vous êtes pour l’instant «sous perfusion» d’ArcelorMittal pour son brevet sur l’Usibor et pour les bobines qui viennent de Florange. Pour deux ans, c’est ça?

«Nous avons de nombreux accords commerciaux avec ArcelorMittal et je ne les connais pas par cœur. Voyez avec mon service de presse.

(En fin de conférence de presse, le directeur du site Liège-Dudelange, Frédéric Tancrez, explique que, parmi les éléments stratégiques, la production à 100% de galvanisé, ou 600.000 tonnes par an, s’accompagnera d’une hausse de près de 100% de la production d’électrozinc ou 140.000 tonnes contre 60 à 70.000 tonnes actuellement).

Après, c’est un héros (Lakshmi Mittal) de notre histoire pour avoir réussi à se hisser à ce niveau-là.

Sanjeev GuptaCEOGFG Alliance

Lakshmi Mittal, c’est un ami, un modèle, un concurrent?

«J’ai d’excellentes relations d’affaires avec lui. C’est uniquement professionnel. Après, c’est un héros de notre histoire pour avoir réussi à se hisser à ce niveau-là. Et puis c’est le numéro un mondial et qui se respecte à ce titre-là.

Mittal est un concurrent. Tout à l’heure, vous parliez de la Turquie ou de la Russie, hors d’Europe et donc pas soumis à la question de la compensation des émissions de gaz à effet de serre. Mais pas un mot sur la Chine. Vous seriez le seul à ne pas voir dans la surproduction chinoise un problème...

«Nous sommes allés trop loin dans les commentaires avec la Chine. La Chine a déjà réduit sa production. Elle est elle-même confrontée à des défis environnementaux et développe beaucoup d’innovations pour ne plus être le mauvais élève du secteur. Vraiment, ce n’est pas là qu’il faut regarder...»