Les ouvriers qui reprendront le travail lundi devront respecter une distance de deux mètres entre eux ou porter un masque. (Photo: Shutterstock)

Les ouvriers qui reprendront le travail lundi devront respecter une distance de deux mètres entre eux ou porter un masque. (Photo: Shutterstock)

La protection des employés lors de la reprise du travail lundi dans certains secteurs, notamment celui de la construction, sera un élément essentiel pour éviter toute relance de l’épidémie. Le gouvernement prévoit de distribuer cinq masques par salarié.

Pour éviter toute contamination lors de la reprise du travail lundi pour les secteurs concernés, les consignes sont «assez strictes», selon le directeur de la Santé, : «Nous recommandons aux personnes qui ont des symptômes, même faibles, de ne pas se rendre au travail et d’aller se faire tester. Une bonne part du résultat dépendra de cette autodétection, de l’implication des populations concernées.»

Évaluer la prévalence du virus dans le secteur

Alors que les 45.000 salariés du secteur de la construction pourront à nouveau se rendre sur les chantiers dès lundi, l’organisation de leur protection face au Covid-19 est un élément essentiel pour leur sécurité et afin d’éviter une relance de la propagation de l’épidémie.

S’il est impossible de tester l’ensemble des salariés du secteur et de vérifier si chaque individu est malade – d’autant que les tests perdent de leur fiabilité en l’absence de symptômes –, un échantillon de salariés du secteur sera sélectionné afin d’être dépisté d’ici la fin de la semaine, prévient le directeur de la Santé, Jean-Claude Schmit: «Cela donnera une idée de la prévalence du virus au sein du secteur. Même si, comme pour le reste de la population, le taux d’infection sera probablement très faible, nous pourrons être plus précis grâce à des données fiables. Mais cela sera très difficile à réaliser en 24 heures.»

Pour le reste, «la Direction de la santé et l’Inspection du travail et des mines ont élaboré un certain nombre de recommandations qui seront diffusées dans les prochains jours aux entreprises», prévient Jean-Claude Schmit: règles d’hygiène et gestes barrières à respecter, distanciation sociale d’au moins deux mètres et, si cela n’est pas possible, port du masque.

Obligation d’assurer la sécurité de son employé

«L’obligation du patron de protéger ses employés est inscrite dans le Code du travail, il est responsable de la sécurité des travailleurs et doit donc fournir des masques dans le cas où la distance de deux mètres ne peut pas être respectée», précise le directeur de la Santé.

«À partir du moment où il y a réouverture des chantiers et en même temps la préconisation du port du masque pour tout le monde si une distance de deux mètres ne peut être respectée, il pourrait relever de l’obligation sécurité santé de l’employeur de fournir ces masques», confirme l’avocat et responsable du département Droit du travail chez Linklaters, Audrey Bertolotti. «Toutefois, l’État s’est aussi engagé à fournir ces masques pour les travailleurs résidents comme frontaliers. S’ils n’arrivent pas avant la reprise des chantiers, c’est bien aux employeurs que reviendra l’obligation de pourvoir eux-mêmes leurs salariés en masques. Cela peut être compliqué pour eux car ils n’ont pas forcément les moyens de le faire.»

Cinq masques par salarié

Pour les entreprises artisanales concernées par la reprise, le gouvernement a en effet prévu de remettre cinq masques par salariés. entre vendredi et lundi via un système de drive-in. Pour les autres entreprises, les modalités sont encore à définir.

«Le secteur de la construction recevra assez de masques pour faire un démarrage sécurisé dès lundi», assure, confiant, le président de la Fédération des entreprises luxembourgeoises de construction et de génie civil, . «Et des entreprises s’en sont dotées de leur côté donc nous en avons aussi en stock.»

Gérard Zoller, CEO de Peintures Robin, est plus perplexe. «Depuis ce jeudi matin, je reçois de nombreux appels de clients qui cherchent des gants, des masques… et n’en trouvent pas. Ou bien à des prix qui ont flambé. Selon moi, que tout redémarre lundi est mission impossible.»

«Un travail monstre»

Pour ensuite distribuer les masques aux salariés, il faudra dans un premier temps identifier lesquels se rendront effectivement au travail. «Je pense que la moitié ou 60% des travailleurs seront présents, du fait des congés maladie ou pour raisons familiales, du chômage partiel ou autre», prévient Roland Kuhn.

Puis les chefs d’équipe distribueront les masques lundi matin aux ouvriers «avant l’entrée dans les camionnettes». À l’intérieur des camionnettes, une distance d’un siège devra être respectée et le port du masque sera obligatoire. Sur les chantiers, les ouvriers porteront le masque selon leur situation. «Un grutier ou un machiniste n’a pas besoin de masque quand il travaille», explique Roland Kuhn. «Mais une fois descendus, s’ils sont au contact avec d’autres, ils devront le remettre et donc toujours l’avoir avec eux à disposition.»

Une guideline a été élaborée par la Fédération des entreprises luxembourgeoises de construction et de génie civil en collaboration avec le Service de santé au travail de l’industrie (STI). «C’est un travail monstre d’organiser tout cela en quelques jours», reconnaît Roland Kuhn. «Mais il est très important de respecter les règles de sécurité, que ce soit par les dirigeants ou par les salariés qui doivent aussi se protéger eux-mêmes.»

Des chiffres suivis de près

Du côté de la Direction de la santé, les chiffres de la contamination seront suivis de près une fois la reprise effectuée. «Actuellement, nous avons une cinquantaine de cas par jour. Nous ne verrons rien dans les cinq jours qui suivront la reprise. Mais si cela augmente à cent d’ici la fin de la semaine prochaine, nous saurons d’où cela vient», prévoit Jean-Claude Schmit. «D’autant qu’au niveau du ministère de la Santé, nous avons l’identité des personnes testées positives et nous pouvons ainsi retrouver dans quel secteur la personne travaille.»

L’espoir est que tout le monde joue le jeu et respecte les consignes de sécurité. «Si tous les acteurs travaillent comme il faut, patrons d’entreprise, salariés, alors nous aurons de bons résultats», assure Jean-Claude Schmit.