«En Europe, les fonds ESG représentent entre 48% et 58% selon les sources des actifs gérés par des professionnels», précise Christian Hertz. (Photo: Maison Moderne/archives)

«En Europe, les fonds ESG représentent entre 48% et 58% selon les sources des actifs gérés par des professionnels», précise Christian Hertz. (Photo: Maison Moderne/archives)

M. Hertz, pourquoi la finance d’impact connait-elle un si grand intérêt au Luxembourg?

«Il existe au Grand-Duché une longue tradition de domiciliation de fonds ayant des stratégies d’investissements responsables. D'ailleurs, si à l’origine cette conférence de l’Alfi sur la finance d’impact concernait la microfinance, nous l’avons aujourd'hui élargie à l’investissement responsable d’une manière générale.

La finance d’impact est d’autant plus un sujet d’actualité aujourd’hui qu’il s’agit d’un phénomène qui prend de l’ampleur. Nous avons d’ailleurs invité des intervenants qui représentent la crème de la crème de ce qui se fait dans le monde de l’investissement responsable.

L’investissement responsable englobe l’investissement vert. C’est plutôt sur ce segment que la place financière luxembourgeoise est en train de se faire connaître…

«Absolument. Et c’est pour cela que cette année, nous nous sommes particulièrement intéressés à tout ce qui concerne les produits financiers environnementaux. Sous l’impulsion de la COP21, la prise de conscience des politiques et des populations au niveau mondiale, et plus particulièrement occidentale, est de plus en plus importante. C’est donc un sujet qui est ‘top of the agenda’ dans l’esprit des décideurs et des investisseurs, tant publics que institutionnels.

Au Luxembourg, il existe désormais plusieurs outils pour les fonds qui souhaitent investir dans des produits environnementaux. On peut noter l'initiative de Luxflag, l’agence de certification de fonds, qui a lancé en septembre un label ‘Climate finance’. Ou encore celle de la Bourse de Luxembourg et son Luxembourg Green Exchange (LGX), un dispositif exclusivement destiné aux obligations vertes, lancé également à l’automne 2016.

Cette finance environnementale, encore confidentielle aujourd’hui, peut-elle devenir une alternative pour la Place?

«Il y a deux aspects dans la finance environnementale: l’un concerne les investissements d’impact, qui cherchent, par une stratégie positive, à avoir un impact positif sur l’environnement et plus généralement sur la société. Cette finance a vocation à rester confidentielle, car le nombre d’actifs disponibles et les besoins en financement dans ce segment ne pourront jamais devenir majoritaires.

En revanche, l’autre volet, qui n’est déjà plus confidentiel et a vocation à devenir la norme dans les années qui viennent, est celui des fonds ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). Il s’agit d’un critère qui assure que les projets financés respectent un certains nombre d’obligations environnementales, sociales et de gouvernance. En d’autres termes, ils s’engagent à affecter le moins possible l’environnement, sans avoir nécessairement un impact positif sur celui-ci. Du coup, n’importe quel fonds peut être éligible: immobilier, assurance, industriel, services…

Les fonds institutionnels, notamment du nord de l’Europe, doivent déjà répondre à tout un tas d’obligations qui vont dans ce sens. Et bientôt, les gérants de fonds devront se justifier s’ils ne respectent ces critères. En Europe, les fonds ESG représentent entre 48% et 58% des actifs gérés par des professionnels. Au niveau mondial, ce pourcentage varie de 26% à 30%, selon les sources. C'est donc le sens de l’histoire.»