Après le défi de protéger les populations face à un danger inconnu que représente le Covid-19, les gouvernements doivent désormais, en même temps, préparer la reprise économique en continuant à soutenir les acteurs et en initiant des politiques de relance.
Avec le problème supplémentaire que les défis du «monde d’avant» restent les mêmes. Notamment celui du réchauffement de la planète. Or, la menace de voir se réduire les investissements orientés vers une économie à plus faible taux d’émissions de gaz à effet de serre est évidente.
Pour tenter d’éviter cette fuite en avant vers la solution la plus simple, l’ONG Climate Action Tracker a mené , allant de la relance par les énergies fossiles à des scénarios de relance verte plus ou moins intenses.
1,2% du PIB dans les technologies vertes
Selon ses calculs, si les gouvernements voulaient se donner la peine d’investir 1,2% du PIB dans les technologies vertes entre 2020 et 2030, tout en réduisant le soutien au secteur des énergies fossiles de 0,4%, les objectifs de pourraient être respectés.
Dans son étude, reprise par Novethic.fr, l’ONG a calculé que les dommages économiques causés par la pandémie de Covid-19 entraîneront vraisemblablement une baisse des émissions mondiales de CO2 provenant des combustibles fossiles et de l’industrie de l’ordre de 4 à 11% en 2020. Une baisse de 1% pourrait encore se produire en 2021 par rapport à la situation de 2019.
Mais sans nouvelles politiques de reprise durables, les émissions pourraient être plus importantes en 2030 que ce qu’elles auraient été sans crise sanitaire. D’où l’intérêt d’agir dans le sens du climat.
Des mesures pour agir
Reste évidemment à savoir comment le faire. Climate Action Tracker propose donc dans son étude un catalogue de mesures que les responsables politiques peuvent adopter pour faire évoluer la situation favorablement. Avec pour grand principe de conditionner les aides publiques aux efforts faits pour faire évoluer favorablement le climat.
L’ONG note par exemple que, à la mi-avril, le gouvernement autrichien avait déjà annoncé que toute aide d’État destinée à soutenir Austrian Airlines devrait être liée à des conditions spécifiques au climat. Exemples: la réduction des vols court-courriers, une coopération accrue avec les compagnies ferroviaires, une utilisation plus importante de carburants respectueux de l’environnement et des contributions fiscales plus importantes.
Voici, par secteur, quelques mesures préconisées par l’ONG et d’autres à proscrire.
Énergie
Limiter les aides directes aux infrastructures et technologies «zéro émission».
Ne pas renflouer les producteurs d’énergies fossiles s’ils ne proposent pas de plan de transition vers une production neutre en CO2.
Automobile
Incitants financiers pour les véhicules «zéro émission».
Conditionner l’aide aux constructeurs automobiles à des projets de transition vers des véhicules propres.
Industrie
Soutenir l’adoption d’équipements, de systèmes d’éclairage et d’outils numériques performants.
Cibler les aides vers les entreprises qui entreprennent des efforts conséquents en faveur du climat.
Aviation
Soutenir les efforts en recherche et développement et apporter une aide conditionnée à certains efforts vers plus de durabilité.
Éviter d’assouplir les réglementations et les taxes environnementales.
Bâtiments
Offrir des aides pour l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments existants ainsi que pour les nouvelles constructions à faibles émissions.
Refuser tout soutien pour les constructions qui ne prennent pas en compte la performance énergétique.
Environnement et aménagement du territoire
Offrir des aides à la reforestation et à l’aménagement du paysage.
Ne pas assouplir les règlements environnementaux et ne pas réduire les mesures de protection de l’habitat naturel.