La réduction des émissions de gaz à effet de serre passe par le prix des quotas de CO 2 . (Photo: Shutterstock)

La réduction des émissions de gaz à effet de serre passe par le prix des quotas de CO 2 . (Photo: Shutterstock)

Le 14 juillet, l’Union européenne annoncera de nouvelles réductions importantes des quotas de CO2 pour soutenir son objectif de réduction des émissions de 55% pour 2030. Depuis cette annonce, fin 2020, les prix s’envolent et les spéculateurs s’en mêlent.

Ça chauffe sur le marché des quotas de CO2. En l’espace d’un an, le prix de la tonne a doublé, passant de 27,6 euros au 1er juillet à 50 euros début juin 2021, après une pointe record à 56,65 euros le 15 mai dernier.

Ces quotas, qui fonctionnent comme une monnaie d’échange que les entreprises polluantes doivent reverser chaque année en fonction de leur niveau d’émission de gaz à effet de serre (GES), sont en partie distribués gratuitement à certains secteurs pour leur permettre de rester concurrentiels. Les besoins supplémentaires sont payants et doivent les pousser à réduire leur niveau de pollution.

35% de quotas en moins

Mais en fonction des objectifs de réduction que l’Union européenne se fixe à telle ou telle échéance, ces permis de polluer se réduisent. Entre 2005, date de l’entrée en service de ce marché, et 2019, les «chèques» disponibles ont été réduits de 35%. Et, en 2019, un système de réserve de stabilité du marché a été mis en place afin de pouvoir retirer des quotas du système lorsqu’il est excédentaire.


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Ce système de réserve a permis de produire un mouvement à la hausse sur ces quotas, dont les tarifs restaient trop bon marché par rapport aux impératifs de réduction des GES. Or, en décembre 2020, dans le contexte du Green Deal, l’UE a aussi revu fortement à la hausse son objectif de réduction des GES, le faisant grimper de 40% à 55% d’ici 2030 par rapport aux niveaux d’émissions de 1990.

La nouvelle cible a été entérinée par un accord entre les parlementaires européens et les représentants des États le 20 avril dernier. Mais ce n’est que le 14 juillet prochain que la Commission devrait annoncer des décisions importantes concernant de nouvelles réductions des quotas de CO2 – un quota représente une tonne – disponibles pour permettre d’atteindre l’objectif en 2030.

La spéculation s’en mêle

Dans l’attente de cette annonce, le marché du carbone s’anime et attire également de plus en plus de spéculateurs. Certains hedge funds ont en effet pris conscience du potentiel de hausse de ces permis de polluer qui, depuis 2005, peuvent s’échanger sur le SEQE-UE (système d’échange de quotas d’émission), la première plateforme mondiale en la matière.

En agissant ainsi, ils ne font donc que contribuer à faire grimper les prix de la tonne de CO2. De quoi pousser les industriels à se transformer plus rapidement? Peut-être! Mais les secteurs concernés – les producteurs d’électricité et de chaleur, l’avion commercial et les industries à forte intensité énergétique (raffineries, aciéries, cimenteries, chimie…) – ont toutefois besoin de temps pour assurer la transition.

L’Union européenne, en même temps qu’elle réduira les permis de polluer – assez drastiquement selon les prévisions –, devra aussi tout faire pour enrayer la spéculation qui ne respecte plus de logique économique. Mais ce n’est pas gagné!

Cet article est issu de la newsletter Paperjam Green, le rendez-vous mensuel pour suivre l’actualité verte au Luxembourg.