Rajaa Mekouar a quitté la présidence pour occuper le poste de CEO de la LPEA. (Photo: DR)

Rajaa Mekouar a quitté la présidence pour occuper le poste de CEO de la LPEA. (Photo: DR)

Chaque rentrée est synonyme de chantiers à mettre en œuvre pour les acteurs du secteur financier. Pour poursuivre cette série sur les défis de la Place, Rajaa Mekouar, CEO de la LPEA, détaille les quatre défis qui attendent le secteur du private equity.

Les investissements en private equity ont le vent en poupe, et la Luxembourg Private Equity & Venture Capital Association (LPEA), qui représente ses acteurs au Luxembourg, a du pain sur la planche pour défendre les intérêts de son millier de membres.

Son ancienne présidente, devenue son CEO, , estime que quatre grands défis attendent la LPEA dans les mois qui viennent.

1. Gérer les incertitudes liées au Brexit

Depuis trois ans, le secteur financier est au taquet sur le sujet et navigue dans le brouillard le plus total. «On a toujours tendance à dire que le Luxembourg profite du Brexit», note Rajaa Mekouar. «Mais en cas d’afflux de professionnels venant de Londres vers le Luxembourg, il faudra pouvoir répondre à leurs demandes, leur fournir les autorisations nécessaires, leur trouver du personnel, des bureaux. Ce n’est pas si évident.»

À l’inverse, la Fédération doit également communiquer pour les membres qui sont présents au Royaume-Uni pour leur faire savoir les démarches à entreprendre dans le contexte du retrait britannique.

Elle insiste aussi sur la nécessaire flexibilité à préserver, pour être prêt également au cas où un autre accord que celui imaginé pour l’instant sortirait finalement du chapeau. «Il faut être à la fois agile, créatif et structuré. Ce n’est pas évident. Nous travaillons sur ce sujet avec nos membres, notamment les grands cabinets d’avocats, pour être le mieux au fait et communiquer correctement vers nos membres.»

2. Offrir les bonnes ressources

Le secteur du private equity a besoin de personnel, mais de personnel compétent. Actuellement, un millier d’offres d’emplois sont ouvertes pour le Luxembourg. Il est donc nécessaire de pouvoir former les gens pour leur permettre d’intégrer le secteur. «La LPEA va être très occupée dans la mise en place d’un programme de formation. Il sera accessible à la fois aux personnes qui travaillent déjà dans l’industrie, mais aussi à celles qui veulent y rentrer», explique Rajaa Mekouar.

3. Accueillir les nouveaux types d’investisseurs

Traditionnellement, l’investissement en private equity reste réservé aux investisseurs fortunés, à cause de tickets d’entrée très élevés. «Mais aujourd’hui, il existe des solutions pour investir à partir de 50.000 ou 100.000 euros», explique la CEO de la LPEA, «selon les formules, les pays et les réglementations». Pour elle, il faut donc éduquer au sens le plus large et montrer pourquoi investir dans cette industrie fait du sens. «Ce n’est que comme cela qu’on pourra gérer la croissance future basée sur la diversification des types d’investisseurs.»

4. Assurer une place aux femmes dans l’industrie

Le sujet tient à cœur à la nouvelle CEO. «Nous sommes encore sous la moyenne des autres industries financières, où les femmes sont pourtant déjà sous-représentées.» À l’échelle européenne, à peine 6% des décisionnaires sont des femmes et, pour Rajaa Mekouar, «c’est une catastrophe». Son objectif est donc de parvenir à attirer plus de femmes, mais surtout de les retenir et les faire progresser.

Pour y parvenir, la LPEA a créé l’association PE4W, se prépare à mettre en place un système de mentoring et s’alliera à des initiatives semblables dans d’autres pays. «Nous allons aussi adhérer à l’engagement de l’association Équilibre, qui vise à mettre en avant les femmes et à rétablir l’égalité.» Son objectif est de prévoir la présence d’au moins une femme parmi les intervenants lors de chaque manifestation publique. «Ce n’est pas facile à respecter, mais nous le faisons de manière symbolique pour que tout le monde se creuse la tête pour proposer une femme, à compétences égales», explique encore Mme Mekouar.

Outre ces défis, la LPEA resserre les boulons pour rendre son fonctionnement interne encore plus professionnel à la veille de ses 10 ans, qui seront fêtés en 2020. Les préparatifs sont déjà lancés.