Le prix des masques a baissé de quelques dizaines de centimes en grande surface comme en pharmacie, mais reste largement supérieur à celui pratiqué avant l’arrivée du Covid-19. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne / Archives)

Le prix des masques a baissé de quelques dizaines de centimes en grande surface comme en pharmacie, mais reste largement supérieur à celui pratiqué avant l’arrivée du Covid-19. (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne / Archives)

Le prix des masques a légèrement baissé au Luxembourg, alors que la production s’est organisée un peu partout dans le monde. La raison principale: les grossistes seraient toujours en train d’écouler les quantités commandées au cœur de la crise. Ils ne prévoient cependant pas de baisse dans les prochains mois, tant la demande reste importante.

1,60 euro par-ci, 35 centimes par là… Combien coûte vraiment un masque chirurgical?

«Nous les commercialisons à prix coûtant: 29,90 euros la boîte de 50», indique Auchan Luxembourg. Soit un peu moins de 60 centimes l’unité. «Nous avons considéré que face à la situation sanitaire, la priorité était de permettre leur accessibilité au plus grand nombre.» L’enseigne précise avoir bénéficié de tarifs avantageux en commandant des quantités importantes auprès de ses fournisseurs.

Chez Cactus, «les premiers masques que nous avons vendus étaient de la marque Yongkang, au prix de 9,95 euros les dix pièces. Plus tard, ils ont baissé à 7,95 euros la boîte de dix.» On se situe donc autour des 80 centimes le masque. De même, ses boîtes de 50 masques de la marque Xiantao sont passées de 32,90 à 23,95 euros, soit moins de 50 centimes l’unité. «Nos stocks n’ont jamais été trop importants. Ainsi, nous avons pu réagir rapidement à la baisse de prix du marché et adapter nos prix de vente.»

Un prix toujours quatre fois plus élevé qu’avant le Covid

En officine, les prix sont un peu plus élevés: 1,38 euro à la Pharmacie du Globe à Luxembourg-ville, 1,20 euro à celle du Parc à Differdange… Soit seulement quelques centimes de moins qu’au cœur de la crise, où la crainte d’une pénurie .

Pourquoi ne revient-on pas aux masques à «quelques centimes» d’avant Covid-19, alors que les producteurs se sont organisés partout dans le monde pour répondre à la demande?

«Le prix auquel nous les achetons chez les grossistes est toujours le quadruple d’avant la crise», indique Alain de Bourcy, président du Syndicat des pharmaciens luxembourgeois (SPL). À quoi s’ajoutent les marges que se font les pharmaciens, qui n’ont pas augmenté avec la crise, selon lui: «Nous sommes obligés de les baisser, sinon les produits ne se vendraient pas. Elles sont inférieures à 45% du prix de vente, comme pour les médicaments.» Il ne souhaite pas communiquer de montants précis, mais si on enlève 40% d’un euro, on retrouve bien des prix d’achat proches des 60 centimes communiqués par les grandes surfaces. Il se souvient d’une période où la boîte de 50 masques se vendait 10 euros.

Pas de marges amplifiées

Pourtant, en sortie d’usine, on peut trouver un masque à  en France, ou entre 4 et 16 centimes en Chine, d’après les informations de . Il faut ensuite compter les frais de transport et de douane, et la marge des grossistes.

Cette dernière «n’a pas changé» d’après Cindy Bejham, assistante de pharmacie au Comptoir pharmaceutique luxembourgeois (CPL). «Elle se situe aux alentours de 12%.»

La raison pour laquelle les prix du grossiste ont si peu baissé: il est toujours en train d’écouler ses stocks payés au prix fort. «Pendant la crise, nous avons commandé en grande quantité», dit Cindy Bejham. «Nous avons préféré anticiper une éventuelle seconde vague.»

Alors, peut-on s’attendre à une baisse des prix des masques en pharmacie dans les prochains mois? «Nous restons tributaires des fabricants», répond-elle.

Alain de Bourcy complète: «On dit qu’il n’y a plus de pénurie, mais c’est à la fois vrai et faux.» Même s’il ne connaît plus de ruptures de stock, le pharmacien affirme toujours courir derrière les livraisons. «Le masque est obligatoire un peu partout, il y a toujours beaucoup de demande», justifie-t-il. Il craint alors la fin de l’été, avec le retour au bureau et une possible seconde vague qui risquent, à nouveau, de faire grimper la demande… et les prix.