D’imposantes cages grillagées trônent au milieu de l’usine de Longlaville, non loin de la frontière luxembourgeoise, depuis le lundi 17 août. La première machine permettant de concevoir à la chaîne des masques chirurgicaux est arrivée. «Nous commencerons la production lundi prochain», soit le 24 août, annonce fièrement Jean-Luc Doucet.

Jean-Luc Doucet Romain Gamba/Maison Moderne/archives
L’entrepreneur à la tête du groupe Family Concept : produire des masques made in France pour ne plus dépendre de l’Asie. Un investissement de 10 millions d’euros.
Planifié pour le 20 juillet, le lancement de la production a été reporté par sécurité. «Devant les événements récents et la peur d’une seconde vague, nous avons préféré homologuer un deuxième masque pour ne pas être bloqués en cas de rupture de stock des matières premières», explique-t-il. Il travaillera donc avec deux fournisseurs – français – différents, au lieu d’un, pour la livraison des filtres qui se trouvent entre la partie bleue et la partie blanche des masques.

L’usine a été aménagée sur l’ancien site des Soufflantes, témoin du passé sidérurgique du bassin de Longwy. (Photo: Romain Gamba/archives Paperjam)
De 200.000 à 1,8 million de masques par jour
La nouvelle machine ne chômera pas, puisque 30 millions de masques ont déjà été commandés et doivent être livrés pour mi-octobre. «Elle fonctionnera 24 heures sur 24 et produira entre 200.000 et 250.000 masques par jour au début, avant d’atteindre son régime normal de 300.000 par jour», indique Jean-Luc Doucet. Et ce grâce aux 12 personnes déjà embauchées.
Une deuxième machine arrivera en renfort dans une dizaine de jours, soit aux alentours du 28 août, avec 12 nouvelles recrues. D’ici la fin de l’année, six machines permettront de faire sortir 1,8 million de masques au quotidien.
Ses principaux clients sont l’État français et les grandes administrations. Jean-Luc Doucet a aussi été contacté par quelques entrepreneurs luxembourgeois dont les commandes sont à la marge. Des particuliers ont aussi déjà pu commander des masques sur son site internet à un prix de sortie d’usine: 0,35 euro toutes taxes comprises.
Plusieurs projets luxembourgeois
En parallèle, l’entrepreneur attend deux machines avant décembre 2020, qu’il installera au Grand-Duché, sur 1.200m2 sur le site d’Actionwear à Niederkorn. Ces dernières lui ont coûté 1,5 million d’euros, mais seront en partie financées par l’État luxembourgeois dans le cadre de l’aide à l’investissement contre le Covid-19.
«D’après tout ce qu’on entend, la demande sera très importante au moins jusqu’à la fin de l’année, voire au premier trimestre 2021», estime Jean-Luc Doucet. Et même si le port du masque ne devient, un jour, plus qu’un lointain souvenir, «le grand public ne représente que 1% de notre chiffre d’affaires», calcule-t-il.

L’usine pourrait aussi produire d’autres sortes de matériel dont le monde médical a besoin. Jean-Luc Doucet
Son marché principal se situe dans le monde médical. «Hors pandémie, en France, on utilise 20 millions de masques chirurgicaux par semaine. Cette demande sera toujours là.» Surtout que, «sur les producteurs de filtres, d’élastiques, de barrettes nasales et de cartons, trois se trouvent dans le Grand Est», insiste-t-il. «Ils sont contents qu’une usine comme la nôtre s’installe ici.»
Cette dernière ne se limitera d’ailleurs pas qu’aux masques: «Nous demandons un retour à nos clients pour savoir vers quoi aller en janvier 2021. Nous réfléchissons à un masque chirurgical ‘plus plus’, à valeur ajoutée pour le monde médical, avec un partenaire luxembourgeois», lance Jean-Luc Doucet sans révéler plus de détails.
Reste à savoir si ces clients continueront de se tourner vers le made in Europe après la crise, ou s’ils reprendront l’habitude de commander en Asie…