Jean-Paul Schaaf, bourgmestre d’Ettelbruck. (Photo: Commune d’Ettelbruck)

Jean-Paul Schaaf, bourgmestre d’Ettelbruck. (Photo: Commune d’Ettelbruck)

Préparer la rentrée politique, c’est le devoir de vacances que Paperjam a donné à plusieurs acteurs de la vie publique! Aujourd’hui, Jean-Paul Schaaf, bourgmestre d’Ettelbruck, nous confie ses objectifs et les enjeux qui attendent le Luxembourg cette année.

Trois points parmi d’autres que j’attends du gouvernement en 2019-2020?

1. L’aménagement du territoire

Les plans sectoriels sont enfin devenus réalité. Présentés en 2014, puis retirés, il a fallu quatre ans pour les revoir! La consultation publique n’a pas vraiment eu lieu, à part les avis des communes et très partiellement retenus. Pour la région Nordstad, je regrette très fort que le contournement indispensable Ettelbruck-Feulen soit refoulé en deuxième priorité par le plan sectoriel transport.

Les soucis journaliers de toute la population qui habite au nord-ouest de la ville d’Ettelbruck sont ignorés. Ils restent contraints à emprunter un réseau routier local totalement surchargé par 11.500 passages/24h, tendance à la hausse sur le tronçon Ettelbruck-Feulen! Après que tous les travaux préparatoires en cours furent suspendus par le ministre en 2013, il commence enfin à s’intéresser très doucement à ce dossier. Le gouvernement n’est pas à la hauteur des attentes des citoyens de la région.

Depuis l’étude dite «IVL» de 2004, aucune actualisation profonde n’a été faite pour projeter la volonté gouvernementale de croissance dans l’avenir. 
Jean-Paul Schaaf, bourgmestre d’Ettelbruck

Jean-Paul Schaaf, bourgmestre d’Ettelbruck

Le plan sectoriel logement ne solutionne pas les défis majeurs du pays. Il apporte des petits éléments à quelques endroits et ne fait en somme que comptabiliser les efforts des communes dans le domaine de la création d’espaces à bâtir.

J’attends du gouvernement un éventail législatif: transparence des prix des terrains dans les actes notariés – prix de l’achat, prix de la valorisation et prix de revente avec taxation de la plus-value, interdiction de lier l’acte de vente du terrain à l’acte de construction, encourager la vente privée à la commune ou aux constructeurs de logements à prix modéré (notion à définir), limiter le prix de location à 5% d’une valeur représentative et non d’une valeur du marché exorbitante, etc.

Depuis l’étude dite «IVL» de 2004, aucune actualisation profonde n’a été faite pour projeter la volonté gouvernementale de croissance dans l’avenir.

2. Les finances communales

La loi sur les finances communales de 2016 distribue 82% des ressources communales sur base de la population et apporte un facteur correctionnel sur base de l’aménagement du territoire.

Si 12 centres régionaux, le centre de développement et d’attraction (CDA) d’ordre supérieur de la capitale et moyen d’Esch-sur-Alzette sont fidèlement repris, seules les villes de la Nordstad ont été rayées de la loi sur les finances communales par rapport à l’aménagement du territoire – qui prévoit que Diekirch et Ettelbruck sont à traiter pour le Nord comme Esch pour le Sud.

À noter que la Ville de Luxembourg absorbe de façon incroyable les finances communales nationales.
Jean-Paul Schaaf, bourgmestre d’Ettelbruck

Jean-Paul Schaaf, bourgmestre d’Ettelbruck

À mes yeux, ceci est scandaleux. Nous perdons les 25% des subventions étatiques dont bénéficie Esch, sans la moindre justification. À noter que la Ville de Luxembourg absorbe de façon incroyable les finances communales nationales.

J’attends une révision sérieuse et urgente des finances communales afin qu’elles soient enfin en ligne avec l’aménagement du pays.

3. L’avenir du pays

Le développement économique fulgurant est apprécié par le gouvernement. Or sa vision reste à court terme. J’attends un débat sur le développement du pays, la densification de l’habitat, la nécessaire croissance à l’infini des emplois et des habitants avec le système actuel de la sécurité sociale, et une sérieuse remise en cause de la politique en termes de pauvreté croissante et d’égalité des chances.

Les actions de la Place ne suffisent pas pour faire face au déficit écologique, au changement du climat, à la nécessaire consultation du peuple sur des questions-clés de la Constitution et aux limites de l’État providence.