Pour Erwan Guillou et Céline Gaul, c’est le manque à gagner à un moment habituellement faste pour le lieu qui se fait à présent ressentir. (Photo: La Gaichel)

Pour Erwan Guillou et Céline Gaul, c’est le manque à gagner à un moment habituellement faste pour le lieu qui se fait à présent ressentir. (Photo: La Gaichel)

Le couple Céline Gaul – Erwan Guillou, propriétaire du Domaine de la Gaichel, a dû fermer ses cinq établissements le 15 mars dernier. Deux mois de remise en question sur une activité menée en famille qu’ils espèrent voir repartir dans un climat de confiance… et de plaisir.

Tous deux issus de familles de restaurateurs bien connus au Luxembourg, Céline Gaul et Erwan Guillou se sont retrouvés le 15 mars dernier, comme l’intégralité du secteur horeca, devant une situation inédite: devoir fermer leurs établissements, à savoir Le Jardin de la Gaichel et son hôtel, la Brasserie, l’Auberge et le Chalet de la Kreuzerbuch, à quatre kilomètres de là.

Une première dans l’histoire du Domaine de la Gaichel: «Ma grand-mère a connu la guerre, les Allemands, les Américains… Pourtant, jamais elle n’avait vu le domaine fermé!», déclare ainsi Céline Gaul. Si quelques établissements se sont rapidement mis à la vente à emporter, notamment en ville, cela se serait avéré trop compliqué pour elle et son mari Erwan Guillou, car il aurait fallu adapter son métier et engager des frais dans un lieu relativement isolé et donc peu propice à cette astuce en période de confinement.

Outre les pertes pures de denrées stockées, c’est le manque à gagner à un moment habituellement faste pour le lieu qui se fait à présent ressentir, comme le précise le couple: «La haute saison commence à Pâques, une première date manquée. Tous les mariages et les communions, qui représentent une partie importante de notre chiffre d’affaires en cette période, ont été annulés, ou repoussés dans le meilleur des cas. Heureusement, nous avons été suivis par nos banques, qui nous ont accordé un moratoire de six mois sur les traites. Ce qui va nous sauver, c’est la fidélité et la solidarité des clients!»

Car ils en sont convaincus: la clientèle sera de retour dès que possible. À condition de retrouver la confiance des clients.

L’inquiétude, puis le rebond

Avant même ce retour prochain à une certaine activité, ce sont deux bons mois de questionnement et de vie de famille confinée qu’ont dû traverser Erwan, Céline et leurs trois enfants. Une expérience unique et cependant appréciée par le couple, d’habitude très pris par la gestion de ses établissements et qui a pu passer du temps en famille. «Voir les enfants se lever et se coucher avec une journée normale faite de balades dans notre superbe région, une grande première!»

Mais les soucis matériels ne sont jamais loin: si 80% du personnel ont pu être placés en chômage partiel, les impôts et les cotisations – qui représenteraient 15.000 à 18.000 euros par restaurant – restent dus. De plus, les statuts d’indépendants des propriétaires et le bénéficiaire unique de leurs deux sociétés ont fait qu’ils ont dû renoncer à tout salaire et n’ont pu bénéficier que d’une seule aide de 12.500€ de l’État pour le moment.

«Depuis le départ, nous avons vu qu’il y avait une ligne de conduite et un pilote dans l’avion, ce qui nous a rassurés un temps. Mais il reste des choses à faire. Ce qui est perdu est perdu. De plus, nous avions fermé en janvier et n’avions rouvert que depuis quelques semaines. Ce sont donc quasiment cinq mois sans revenus auxquels nous nous attendons…», confie Erwan Guillou.

La question de continuer s’est posée, bien sûr. Mais le fait d’avoir été élevé dans le métier – sur place pour Céline, et au Toit pour Toi de Schouweiler de Guillou père entre autres pour Erwan –, et dans cette idée que tout peut s’arrêter du jour au lendemain, a finalement donné de nouvelles envies aux restaurateurs.

«On voit qu’il y a une vie après tout cela. On a des envies de travailler encore plus en local, de soutenir la communauté, même si l’objectif premier est tout d’abord de s’en sortir. Quoi qu’il arrive, on est certains d’une chose, c’est qu’on souhaite rouvrir des endroits joyeux et de partage, où on aura envie de sourire derrière nos masques. Pas des hôpitaux! On sait que cela va être difficile pour beaucoup. Ici, on a la chance d’avoir un magnifique parc et une grande terrasse que nous pouvons utiliser à notre guise, c’est un véritable luxe. On a vraiment hâte de retrouver nos clients», conclut le couple.