Gast Gibéryen: «Le Luxembourg est aujourd’hui polarisé comme il ne l’a jamais été du temps de l’«État CSV» conspué par Gambia.» (Photo: Matic Zorman/archives)

Gast Gibéryen: «Le Luxembourg est aujourd’hui polarisé comme il ne l’a jamais été du temps de l’«État CSV» conspué par Gambia.» (Photo: Matic Zorman/archives)

Préparer la rentrée politique, c'est le devoir de vacances que Paperjam a donné à plusieurs acteurs de la vie publique! Aujourd’hui, Gast Gibéryen, député ADR, nous confie ses objectifs et les enjeux qui attendent le Luxembourg cette année.

Soyons clairs: cela va faire six ans que nous attendons quelque chose de ce gouvernement inédit, composé de trois partis réunissant tout juste une majorité parlementaire. Pour dire nos attentes, sans beaucoup d’illusions, énumérons nos critiques.

Cette majorité hétéroclite promettait plus de transparence et «un vent nouveau». Nous constatons des agissements opaques à l’instar de l’affaire du «casier bis», une forme inédite de népotisme et son explosion de postes gouvernementaux et un acharnement idéologique pour bouleverser la société luxembourgeoise sous le prétexte d’une «modernisation».

Le Luxembourg est aujourd’hui polarisé comme il ne l’a jamais été du temps de l’«État CSV» conspué par Gambia. Quand la raideur idéologique remplace la discussion consensuelle, le travail parlementaire en souffre autant que le travail d’intégration indispensable avec une forte immigration. Ce décalage explique la déroute spectaculaire du référendum de 2015.

La fuite dans la croissance n’est pas une issue, notre territoire et nos ressources étant limités.
Gast Gibéryen

Gast GibéryendéputéADR

Notre croissance faramineuse crée des problèmes quasi insurmontables: manque de logements abordables, embouteillages, infrastructures surchargées, personnel introuvable ou environnement pollué. Or, il faudrait s’attaquer à un ajustement du système de retraite afin d’échapper à la terrible logique de croissance qu’il nous impose. Alors que le Statec constate que les fruits de cette croissance ne profitent pas aux résidents, des ajustements mineurs rapides au système des retraites pourraient garantir celles-ci à long terme et éviter les mesures draconiennes résultant de l’attentisme actuel. La fuite dans la croissance n’est pas une issue, notre territoire et nos ressources étant limités.

La diversification économique est un outil essentiel de croissance. Mais elle manque clairement de concept et Gambia tâtonne avec ses «stratégies» de numérisation et de l’espace qui n’ont de stratégies que le nom. Des projets hasardeux, tels , ou encore , viennent compléter cette panoplie. Il faudra calculer l’impact durable de toute nouvelle implantation, évaluant les coûts écologique, social, logistique et les comparant aux recettes publiques potentielles. Le PIB n’est pas la seule aune à laquelle se mesurent la performance économique et le bien-être.

Nous attendons de Gambia 2 qu’il se comporte en patron et cesse de n’en prendre que la pose.
Gast Gibéryen

Gast GibéryenDéputéADR

Gambia semble figé dans l’euphorie des premiers 100 jours d’un changement: arrogance du vainqueur, désinvolture (Gambia 2 va-t-il battre le record d’oppositions formelles de son prédécesseur?), manque d’expérience et difficulté d’apprentissage. Les pannes de communication rappellent la confusion, les semi-vérités et la totale absence de transparence sur beaucoup de dossiers antérieurs, grands ou petits (ESMA, LuxLeaks, Buergbrennen…).

Bref, nous attendons de Gambia 2 qu’il se comporte en patron et cesse de n’en prendre que la pose. Nous attendons que le gouvernement écoute et ne se hasarde pas dans des choix sociétaux partagés par une minorité. Et nous attendons le respect absolu des institutions plutôt qu’une ardeur «révolutionnaire» du changement. Priorité des priorités: que le gouvernement nous sorte du piège de la croissance, dans lequel le pays s’est englué.