Eric Busch a levé 600.000 euros pour doper la présence de sa plate-forme de recrutement dans l’IT, dont l'atout principal est la dimension communautaire associée à l'intelligence artificielle. (Photo: Nexten.io)

Eric Busch a levé 600.000 euros pour doper la présence de sa plate-forme de recrutement dans l’IT, dont l'atout principal est la dimension communautaire associée à l'intelligence artificielle. (Photo: Nexten.io)

Info Paperjam. – Nexten.io a levé 600.000 euros, dont 400.000 euros auprès du Digital Tech Fund, pour booster sa solution de recrutement de ces développeurs et codeurs dont manque cruellement le pays… et tout le reste de la planète!

«Ça a été le deal le plus facile de ces 20 dernières années!»

Cofondateur d’Expon Capital, Alain Rodermann avait l’air très satisfait de l’accord qu’il a passé, pour le Digital Tech Fund, avec le CEO de Nexten.io, Eric Busch. «Eric est un chef d’entreprise expérimenté et cette start-up a et aura un impact très important pour le Luxembourg en y attirant des développeurs et des codeurs, non pas, comme beaucoup de chasseurs de têtes, par des CV, mais en créant une communauté de ces profils pour qu’eux-mêmes expliquent pourquoi il faut venir travailler ici!»

Après six mois de fonctionnement en situation réelle,  a attiré une cinquantaine de ces 1.000 profils IT que recherchent activement toutes les sociétés de la Place.

«Avec ces 600.000 euros, 400.000 euros du Digital Tech Fund et 200.000 de nos investisseurs historiques, nous espérons solidifier notre position. Notre premier objectif sera de passer de 5% à 20% du marché à court terme et d’ouvrir un premier bureau à l’international, à Bruxelles ou Francfort, probablement», explique en exclusivité M. Busch ce lundi matin.

«En un an, nous avons fait venir des talents du Brésil, de Tunisie, d’Uruguay, d’Ukraine ou d’Europe. Plus de la moitié vient d’au-delà de la Grande Région», explique le CEO de Nexten.io, aux commandes d’une équipe d’une dizaine de salariés depuis deux ans.

La communauté, meilleur ambassadeur du Luxembourg

La start-up luxembourgeoise a pris un pari différent de ce qui existe sur le marché: produire du contenu et des événements et ensuite amener ces développeurs à faire du «match making» avec des sociétés qui recherchent ces profils.

«Nous faisons un premier écrémage des candidats. Après un premier entretien téléphonique, nous ‘acceptons’ à peu près 25% des candidats avec lesquels nous répondons à de nombreuses questions que se posent les départements RH des sociétés. Pas la peine de mettre quelqu’un en contact avec une banque s’il veut travailler dans une start-up, par exemple. Et une fois le profil du candidat rempli, l’intelligence artificielle va voir avec laquelle des offres publiées par les 120 premières sociétés qui ont rejoint le mouvement correspond son profil. Nous les aidons aussi à arriver physiquement au Luxembourg avec les visas et tout ce qu’il faut savoir sur le Luxembourg», explique-t-il.

Parce que pour ces profils, le salaire n’est pas tout. Loin de là. «La première chose qu’ils regardent, c’est l’équipe! Puis l’intérêt du projet et la technologie. Ensuite la qualité de l’équilibre vie professionnelle-vie privée. Et enfin le salaire.»

«Le Luxembourg a encore un déficit d’image»

Aujourd’hui, au fur et à mesure que la digitalisation gagne du terrain, explique-t-il aussi, les DSI créent des équipes d’innovation ou de prospective en interne, qui ne sont plus seulement en français mais en anglais. «C’est un véritable changement culturel qui ouvre de nombreuses portes.»

La compétition pour ces profils est mondiale. «Quand il en manque 1.000 à 1.200 chez nous, il en manque plus de 80.000 en Allemagne et ça ne va pas s’arrêter avant une bonne dizaine d’années. Mais le Luxembourg a encore un déficit d’image. Par exemple, quand tu penses ‘Suisse’, tu vois les montagnes, le chocolat, l’horlogerie, les banques. C’est encore difficile d’associer le Luxembourg à des éléments tangibles, bien qu’on ait fait beaucoup. Les transports publics gratuits, par exemple, ça aide.»

Les initiatives sur l’apprentissage du code doivent accélérer, dit-il avec bienveillance. «Quand nous avons lancé le Kids Life Skills, il y avait une dizaine d’enfants de 4 à 11 ans. Aujourd’hui, nous en avons une centaine, à l’initiative des parents, qui comprennent l’intérêt de ces idées. Ce que fait la Lux Tech School est fantastique, mais il faut aller bien au-delà de WebForce3 pour remettre des demandeurs d’emploi sur le marché! Nous devrions tout faire pour avoir des antennes locales des écoles reconnues comme Epitech ou 42, pour pousser les cursus de l’Université qui peuvent diplômer des ingénieurs en informatique. Il est très important d’amener une masse critique!»

Nous allons voir émerger des ‘remote distribuées’, des équipes mixtes basées un peu partout et des free-lance qui travailleront de chez eux pour compléter les équipes en fonction des besoins ponctuels!»

Eric BuschCEONexten.io

«L’autre ‘problème’ que je vois, c’est la recrudescence des ‘remote team’ en Europe. Sous les radars, mais en Hongrie ou au Portugal. Cela crée de l’emploi pour des sociétés luxembourgeoises, mais pas au Luxembourg. Je crois que nous allons voir émerger des ‘remote distribuées’, des équipes mixtes basées un peu partout et des free-lance qui travailleront de chez eux pour compléter les équipes en fonction des besoins ponctuels!»

Le Luxembourg a tout de même bien amélioré : 11e d’un classement général dominé par le trio Australie-Suède-Suisse, le Luxembourg est 8e pour les meilleures opportunités.