Débat décontracté à l’assemblée générale de la Fedil entre René Winkin, Étienne Schneider et Nicolas Buck.  (Photo: Lala La Photo)

Débat décontracté à l’assemblée générale de la Fedil entre René Winkin, Étienne Schneider et Nicolas Buck.  (Photo: Lala La Photo)

Après la grande réunion organisée pour lancer son centenaire en janvier dernier, la Fedil a de nouveau invité l’ensemble de ses membres mercredi pour son assemblée générale annuelle.

C’était l’occasion pour son président, Nicolas Buck, et son directeur, René Winkin, de faire le point sur les dossiers chauds et les revendications du monde industriel à quelques mois des élections législatives.

Orienter les jeunes

Les deux responsables s’alarment en premier lieu de l’attrait du pays par rapport aux besoins en talents de formation scientifique. Ils estiment qu’il faudrait notamment mieux orienter les jeunes vers les formations mathématiques et les études d’ingénieur afin que les PME, notamment, puissent aussi compter sur du personnel bien formé.

«L’université est évidemment importante, et la décision d’autoriser les étudiants non européens à pouvoir mener directement une carrière sur le territoire est vraiment une bonne chose», juge René Winkin.

«Il faut effectivement un cadre pour attirer les talents et les garder», convient Étienne Schneider. «Et il faut adapter le système scolaire par rapport aux besoins du Luxembourg.»

La Fedil a aussi profité de l’événement pour retaper du marteau sur le clou de la «croissance qualitative» qui nourrit le débat préélectoral. À plusieurs reprises, son président, Nicolas Buck, a déjà insisté sur le risque de laisser passer le message comme quoi le Luxembourg ne serait plus preneur de nouveaux investissements industriels.

Prioriser ne signifie pas exclure.

René Winkin, directeur de la Fedil

«Il faudrait que les entreprises ne produisent plus de nuisances en termes de transport, qu’elles n’aient pas d’impact énergétique et qu’elles n’entraînent pas des déplacements de frontaliers, résume René Winkin. Il faut bien entendu consentir des efforts pour un développement soutenable, mais prioriser ne signifie pas exclure.»

«Si nous voulons une économie uniquement basée sur la proximité des services, il y a un risque de devenir comme la Corse, qui attire des touristes deux mois par an. Mais comment paie-t-on les gens le reste de l’année?» s’interroge Nicolas Buck.

Quant au ministre de l’Économie, il se dit «choqué» par le débat sur la croissance. «Je suis choqué de voir certains partis demander une réduction de la croissance. C’est complètement fou. On va finir par se retrouver dans le Guinness Book en tant que seul pays qui veut devenir moins riche.»

On va finir par se retrouver dans le Guinness Book en tant que pays qui veut devenir moins riche.

Étienne Schneider, ministre de l’Économie

Pour lui, il faut faire comprendre à l’ensemble de la population l’intérêt de la croissance. «C’est la croissance qui permet les allocations, les retraites et le niveau de vie de tout le monde.»

Les deux responsables insistent aussi sur l’enjeu du télétravail comme solution, au moins partielle, face au défi des frontaliers. «Mais il faut trouver des règles similaires de télétravail avec les partenaires de la Grande Région», insiste Nicolas Buck.

Il faut trouver des règles de télétravail similaires pour tout le monde.

Nicolas Buck, président de la Fedil

«Il ne serait pas juste que les résidents luxembourgeois puissent prester 50 jours par an à domicile et les frontaliers seulement la moitié.» Un autre appel au monde politique pour des négociations au-delà des frontières.

«Il faut effectivement trouver des solutions», admet Étienne Schneider. «Trouver des formules de partage des recettes fiscales avec les pays voisins dès que les quotas de jours autorisés sont dépassés.»