Des attractions à sensation, des manèges pour enfants, à boire et à manger… Il y en a pour tous les goûts. (Photo: Julien Becker / Archives)

Des attractions à sensation, des manèges pour enfants, à boire et à manger… Il y en a pour tous les goûts. (Photo: Julien Becker / Archives)

Comme chaque année, on verra vendredi, des moutons et une fanfare, ouvrir le cortège des édiles de la Ville pour inaugurer la plus grande kermesse du pays. La Schueberfouer marque traditionnellement la fin de la saison d’été et cette 674e édition ne fera pas exception. Il n’est plus indispensable de rappeler que c’est Jean l'Aveugle, roi de Bohème et comte de Luxembourg, qui fonda la foire par la charte du 20 octobre 1340. Il y statua entre autres: «Elle commencera chacun an la vigile de la fête de St Bartholomé, et durera huit jours continuels tous entiers en cette matière.» Ceci explique pourquoi le début de la Schueberfouer est toujours lié à la date du 24 août, fête de la Saint-Barthélemy.

Ce que l’on sait moins, ce sont les coulisses de cette gigantesque entreprise temporaire qui attire environ deux millions de visiteurs par édition. Coulisses qui n’ont plus de secrets pour Marc Weydert, responsable du service des Foires et Marchés à la Ville de Luxembourg qui suit l’organisation depuis près de 25 ans.

C'est généralement, déjà, en juillet que l'on commence à monter le traditionnel portail d'entrée au nord du champ de foire. Mais les premiers forains et les restaurateurs arrivent vers le 10 août, date à laquelle le grand espace de parking doit être libéré des voitures pour faire place aux camions. Les grands métiers (on ne dit pas manège dans le langage des forains) prennent possession du Glacis une semaine avant l'ouverture, arrivant d'autres foires en Belgique, en France, en Autriche, en Allemagne ou au Luxembourg.

5.000 personnes mobilisées

Cette année, 184 établissements forains (qui appartiennent à 165 exploitants) ainsi que 81 camelots (sur l’allée Scheffer) seront présents. «Mais on peut estimer qu’environ 5.000 personnes travaillent pour cette foire», évalue Marc Weydert: en comptant le transport des manèges et stands, leur montage et démontage, le personnel qui travaille sur les stands pendant les trois semaines d’activité, les services de police, de contrôle de sécurité et d’hygiène, les pompiers…

C’est évidemment le secteur de la restauration qui emploie le plus de personnel. «Nous suivons la législation du travail, et vu l’amplitude des heures d’ouverture, nous devons avoir deux équipes», souligne Manon Schmit, propriétaire du Chalet Kugener et d’un stand de crémant qui, à elle seule, emploie 90 personnes pendant la foire. Comme d’autres forains, elle souligne que tous les employés sont déclarés et payés au salaire minimum légal (soit 11,80 euros de l’heure; 8,80 pour les étudiants). «Des obligations qui n’ont pas cours en Allemagne où il n’y a pas d’horaires fixes ni de salaire minimum dans le secteur des foires», constate-t-elle quand on parle des prix de Luxembourg.

Du prix de l’emplacement

Dans le coût de la foire pour les forains, la location de l’emplacement représente une partie importante. Attribués en fonction de l’ancienneté selon le système «bekannt und bewährt» (connu et éprouvé), les emplacements ne font pas l’objet d’enchères ou de négociations. Certains emplacements sont réservés aux restaurants à cause de la présence des canalisations nécessaires, certaines traditions semblent immuables, comme la position de la grande roue et des camelots de l’Allée Scheffer.

Le calcul des «loyers» dont s’acquittent les forains est assez complexe. Le droit d’emplacement est inchangé depuis 25 ans selon un système mis en place par Marc Weydert. Le mètre courant (sur 3,5m de profondeur) est facturé à 50 euros, le côté à 25 euros par mètre linéaire et 1 euro le m2 au milieu. «On a plafonné ce droit de place à 2.500 euros pour 23m de diamètre.»

Mais les frais annexes sont autrement plus importants. La Ville de Luxembourg facture en effet aux forains les raccordements à l’eau (arrivée et évacuation), le gaz, l’électricité ainsi que leurs consommations. La sécurité représente un autre poste très important, les contrôles effectués sur les métiers tout au long du montage et du déroulement sont pris en charge à 75% par les forains eux-mêmes, la Ville s’acquittant du reste. Reste d’autres frais annexes de gardiennage, de contributions aux festivités, de la Sacem…

Le prix et le coût

Il est très difficile d’obtenir des informations chiffrées de l’un ou l’autre forain quant à la rentabilité de son stand. C’est donc à un chiffre d’affaires global qu’il faudra se fier. «Depuis une dizaine d’années, le chiffre global de l’ensemble est de 25 millions d’euros», avance Marc Weydert. Un chiffre stable que les forains ne contestent pas, «mais il faut chaque année 1 à 2 % de visiteurs en plus pour atteindre le même chiffre», insiste Charel Hary, vice-président de l’association des forains qui possède le «mini-scooter».

Ce chiffre cache des disparités importantes entre les différentes activités. Quand le ticket moyen dans la restauration tourne autour de 25 euros, certaines attractions pour enfants ne coûtent que 2,5 euros. Le public se plaint régulièrement du prix des manèges, mais le responsable des Foires ne veut pas fustiger les forains. «Par exemple, le Bayern Kurve était à 60 francs luxembourgeois il y a 25 ans, il est désormais à 3 euros. Son prix a donc été multiplié par deux, ce qui est sans doute moins que dans beaucoup de domaines.» Si certaines attractions sont plus chères, parfois jusqu’à 6 euros, c’est qu’elles ne peuvent accueillir que quelques personnes à la fois.

Les investissements pour les métiers sont aussi très variables. Une grande roue coûte jusqu’à 6,5 millions d’euros alors que les petits manèges comme celui de Charel Harry tournent autour de 100.000 euros. «On comprend mieux que certaines multinationales se spécialisent dans le leasing de métiers. Mais ici, il n’y a que des propriétaires qui exploitent eux-mêmes», souligne Marc Weydert.

À la veille de l’ouverture, il fait comme les forains: il scrute la météo et espère que cette fin de mois d’août offrira assez de soleil pour remplir les allées de la Schueberfouer.

www.fouer.lu

Plan des emplacements.