Au-delà de leur fonction première d’indicatrices de l’heure, elles sont devenues de véritables marqueurs sociaux, objets de collection, voire investissements. Retour sur l’évolution de la montre et tour d’horizon du marché. (Photo: Paperjam/Archives)

Au-delà de leur fonction première d’indicatrices de l’heure, elles sont devenues de véritables marqueurs sociaux, objets de collection, voire investissements. Retour sur l’évolution de la montre et tour d’horizon du marché. (Photo: Paperjam/Archives)

Les montres font rêver. Pourquoi? Penchons-nous sur les ressorts d’un objet passionnant pour se familiariser, chemin faisant, avec des termes techniques pas toujours bien employés.

Si mesurer le temps est une préoccupation qui remonte à… la nuit des temps, le chronomètre est une invention relativement récente (1735) attribuée à John Harrison. Il doit son essor au développement du commerce maritime. En effet, pour calculer une position en mer, il faut connaître sa latitude et sa longitude. La première se mesure grâce à l’astronomie. Mais pour connaître la seconde, on doit être capable de mesurer précisément l’heure du passage du soleil au méridien et comparer l’heure de ce passage au port de départ. Une minute d’erreur, et c’est 15 miles marins d’incertitude…

Nos montres modernes sont les descendantes directes du chronomètre. Les premières montres portatives remontent au 16e siècle. Ce sont de petites horloges avec un anneau soudé sur le côté pour que l’on puisse les porter autour du cou. Ovales, elles vont s’aplatir pour devenir des montres à gousset – du nom de la petite poche du gilet prévue à cet effet – portées au bout d’une chaîne. Elles domineront le marché jusqu’au début du 20e siècle. Les montres-­bracelets étaient, pour leur part, initialement destinées à une clientèle féminine. Il faudra attendre que les militaires s’aperçoivent qu’avoir l’heure à portée de bras peut s’avérer pratique pour qu’elles s’invitent aux poignets de la gent masculine. Le mouvement s’amorça avec la guerre des Boers pour culminer avec la Première Guerre mondiale. Les montres ne cessèrent alors plus de se miniaturiser, de se perfectionner et de se spécialiser.

Vue de l’intérieur

Voilà pour l’extérieur. Et à l’intérieur, comment ça se passe? Il existe deux catégories de montres: les mécaniques et les électriques. Commençons par ces dernières. Si la première montre électrique date de 1924, il faudra attendre 1945 pour que la miniaturisation des piles permette d’intégrer celles-ci dans le boîtier. La pile fournit l’énergie nécessaire au fonctionnement du mécanisme, remplaçant ainsi le ressort.

La montre à quartz, qui appartient à la famille des montres à pile, est venue après. La pile fournit l’énergie tandis que le quartz est utilisé pour ses oscillations stables, précises et reproductibles. Si on lui applique un courant électrique, il vibre de façon régulière. Une qualité incontournable en horlogerie.

C’est en 1965 que Seiko commercialise la première montre à quartz à affichage analogique, la Seiko Astron. Un choc dont l’industrie des montres suisses mettra près de 15 ans à se remettre. La naissance de la marque Swatch va incarner ce renouveau qui passera en parallèle par un redéploiement sur le segment du haut de gamme.

Le quartz est également sorti du capot pour s’afficher. Certaines montres ont vu leurs aiguilles remplacées par des affichages analogiques grâce à la technologie LCD. Des goûts et des couleurs…

Dans une montre mécanique, le fonctionnement est assuré par le mouvement des pièces les unes par rapport aux autres. L’énergie nécessaire est apportée par un ressort qui se détend progressivement, faisant tourner les différents rouages. Qui dit montre mécanique dit remontage. Il se fait une fois par jour grâce à la couronne. Il est achevé dès que celle-ci se bloque. La montre automatique est une montre mécanique dont le remontage s’effectue dès lors qu’elle est portée grâce à un rotor situé dans le boîtier. Le choix entre ces différentes familles? Une question de style. Et de moyens…

Des orfèvres du temps

Cantonner sa montre à la simple lecture du temps? Ce serait du gâchis. Les horlogers l’ont bien compris et ont fait de leurs chronomètres de véritables outils de travail en y ajoutant différents composants et fonctionnalités. Ce sont aussi devenus des objets de luxe affichant clairement le côté esthète – et fortuné – de leurs propriétaires.

La montre, un bijou? Oui. Et ce, dès le début. Durant les guerres de religion, Jean Calvin, réfugié à Genève, interdit le port d’objets décoratifs. Ce qui poussa les orfèvres à s’intéresser à l’horlogerie… Pour le plus grand bonheur des Suisses.

Est-ce pour cela que l’on trouve des rubis dans les montres? Non. La justification de leur présence est technique: ces rubis sont là pour réduire les phénomènes de frottement et d’usure des mécanismes. Depuis les années 20, la pierre précieuse a cédé sa place à des pierres synthétiques. Mais le nom est resté.

À chaque métier, et esthète, sa montre

Les montres d’exception ont un nom – trois, en fait. Les spécialistes parlent de la Sainte Trinité qui réunit Patek Philippe (la marque la plus respectée), Audemars Piguet (la plus moderne) et Vacheron Constantin (la plus ancienne). Viennent après les leaders du marché, qui sont Rolex et Omega. Mais, en dehors de ces cinq grands noms, le choix est foisonnant, et d’autres marques tout aussi prestigieuses rivalisent de moyens pour conquérir la clientèle. Citons Jaeger-LeCoultre, IWC, Hublot…

Les pièces que ces manufactures produisent combinent noblesse des matériaux, travail manufacturé de précision, design et tradition. Comment choisir? Les critères sont multiples.

On peut d’abord déterminer l’usage que l’on veut en faire. On distingue deux grands types de montres: les montres habillées et les montres «outils», aussi appelées professionnelles. Comme les montres d’aviateur ou de plongée, pour citer les plus célèbres.

Puis entrent en jeu les complications. Dans le monde de l’horlogerie, on appelle «complication» toute fonction autre que l’affichage de l’heure, des minutes et des secondes. Sous le capot, elles prennent la forme de modules se rajoutant au mécanisme principal. Le tout témoignant de la maîtrise technologique d’une marque, qui constitue sa carte de visite.

La plus connue est le chronographe, ­fonction permettant de mesurer une durée de manière précise et souvent improprement qualifiée de chronomètre, terme servant à désigner un instrument mesurant le temps de manière précise. Le chronographe appartient à la famille des complications dites «pratiques». On trouve, dans cette catégorie, le très courant affichage de la date, l’indication de différents fuseaux horaires ou encore la réserve de marche.

Les complications «astronomiques» ont un côté plus prestigieux. Celles qui sautent aux yeux sont l’indication de phases de lune ou de marées. Avec éventuellement l’indication du lever ou du coucher de la lune et du soleil. Mais les plus connues sont les quantièmes. Fonctions qui affichent le numéro du jour dans le mois, ainsi que le mois.

Dans les complications technologiques, la plus emblématique est le tourbillon. Il s’agit d’une cage mobile abritant le balancier-spiral et l’échappement – le cœur de la montre – compensant les effets de la gravitation terrestre. On doit son invention à Abraham-Louis ­Breguet, en 1801. Le tourbillon reste une complication rare, symbole de l’excellence horlogère. Il compte entre 60 et 70 pièces et pèse moins d’un gramme.

Qui dit passion dit collection

Dès qu’on entre dans le monde des montres, le risque est de vouloir en posséder une, puis deux, puis… Que savoir pour démarrer une collection, sans forcément se ruiner?

Le premier conseil serait de commencer par les classiques et les icônes de chaque marque. Ce sont des intemporelles qui continueront à avoir belle allure au fil des années et qui ont fait leurs preuves d’un point de vue technique. Speedmaster d’Omega, Submariner ou Daytona de chez Rolex, Reverso de Jaeger-LeCoultre… La liste est longue. Cette approche permet d’éviter les tendances fugaces. L’expérience aidant, vous pourrez vous permettre de prendre des risques.

La beauté de la montre, c’est que son prix reste constant. Si, sur le marché de l’occasion, une montre neuve peut subir une décote, celle-ci ne variera plus beaucoup en cas de revente. Et, en général, cette variation se fera à la hausse. Ce qui peut constituer un bon argument au moment de l’achat…

Certaines montres peuvent, avec le temps, prendre beaucoup de valeur. C’est le cas pour les montres professionnelles de Rolex ou encore pour les emblématiques Nautilus de Patek Philippe ou les Royal Oak d’Audemars Piguet. Des hausses de prix dues soit à la disparition d’un modèle du catalogue d’une marque, soit à sa qualité de série limitée, soit à sa rareté dans les boutiques.

Hormis ces trois marques, le marché du vintage permet aussi de commencer une collection sans se ruiner. Et prenez le temps d’analyser les modèles de différentes marques et leurs prix, afin de trouver la version qui correspond à vos envies et à votre budget. Pensez ensuite à l’usage que vous comptez en faire. La montre est un accessoire qui se doit d’être en harmonie avec votre look – voire votre personnalité – et votre garde-robe. Dernier conseil: une collection est quelque chose de vivant. Rien n’interdit de vendre une pièce pour financer un nouveau projet. Prenez grand soin de préserver les papiers d’achat et la boîte d’origine. Ces boîtes sont souvent de petites œuvres d’art difficiles à retrouver sur le marché de la seconde main.

Cet article a été rédigé pour l’édition magazine de  parue le 27 avril 2022. Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine. Il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.

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