Marc-André Bechet, directeur général adjoint de l’Alfi, a déclaré que la crise actuelle en Ukraine mettait à l’épreuve les outils de gestion des liquidités des sociétés de fonds et les valeurs des investisseurs. (Photo: Mike Zenari/Maison Moderne/Archives)

Marc-André Bechet, directeur général adjoint de l’Alfi, a déclaré que la crise actuelle en Ukraine mettait à l’épreuve les outils de gestion des liquidités des sociétés de fonds et les valeurs des investisseurs. (Photo: Mike Zenari/Maison Moderne/Archives)

La crise en Ukraine a créé une volatilité qui se répercutera certainement sur le secteur des fonds pendant cette année, selon Marc-André Bechet de l’Alfi. Le conflit pourrait aussi faire prendre conscience aux investisseurs soucieux de l’environnement du risque en évolution des actifs bloqués.

, directeur général adjoint de l’Association de l’industrie luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi), s’est entretenu avec Delano au sujet de l.

L’invasion du pays et les sanctions à l’encontre de la Russie vont logiquement dominer la conférence, dit-il. «Je m’attends à ce que près d’une session sur deux aborde, sous une forme ou une autre, l’impact de cette crise sur la façon dont sont gérés les actifs. Là où il y a des tensions sur les marchés, la volatilité est assez élevée.»

«Pour les fonds qui se spécialisent ou qui ont d’énormes investissements dans les actions russes et ukrainiennes, cela a une implication directe. Un certain nombre de fonds ont été suspendus faute de pouvoir calculer une valeur nette d’inventaire», analyse-t-il encore faisant référence à plusieurs fonds d’investissement récemment . «La priorité est de bien communiquer avec les investisseurs. Et nous devons définir une voie pour l’avenir pour les entreprises qui investissent dans les actifs russes.»

Quel impact sur la stabilité en 2022?

«Mais ensuite, la question plus large est de savoir quel est l’impact des événements sur l’économie et sur la stabilité du marché pour 2022», analyse-t-il. «La volatilité augmente et il y aura également des pressions inflationnistes. Cela change logiquement l’agenda pour toute l’année 2022.»

L’Alfi a mis en place une assistance par e-mail pour que les membres puissent soumettre leurs questions. Mais aussi regroupé les demandes et les a soumises à la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), tout comme aux responsables du gouvernement luxembourgeois. «Nous avons des appels réguliers afin de voir comment la situation évolue». 

L’évolution rapide de la gestion des actifs

La crise ukrainienne va donc influer fortement sur l’avenir des marchés européens de l’énergie et de la finance durables, estime Marc-André Bechet, en précisant qu’il s’agit de son analyse personnelle. L’impact de l’énergie sur l’économie serait déterminé par les décisions politiques sur «jusqu’où la Commission européenne et les États membres vont vouloir aller pour trouver de nouvelles sources d’énergie afin d’être moins dépendants des approvisionnements en pétrole et en gaz russes».

«La deuxième question à laquelle nous sommes tous confrontés dans le secteur des fonds est: dans quelle mesure les évolutions du marché sont-elles prises en compte dans la gestion des actifs du point de vue de la durabilité et de l'éthique?» Faisant référence au règlement sur la divulgation des informations relatives à la finance durable et à la taxonomie de l’investissement vert de l’UE, il estime que «si on veut vraiment être durable et être logique dans la façon de penser, alors il devrait y avoir des conséquences à ce qui se déroule aujourd’hui».

«Je pense que la façon dont nous gérons les actifs aujourd’hui évolue extrêmement vite. Si vous la comparez à celle d’il y a un an ou cinq ans, et à ce que vous verrez dans cinq ans, il y a un énorme changement dans les valeurs de la société et dans les valeurs des gestionnaires d’actifs, également», déclare-t-il. «Vous ne pouvez pas vous contenter de dire j’ai un fonds durable et je ne me soucie pas de ce qui se passe en termes de crise. Vous devez avoir une histoire à raconter, car vous devrez rendre des comptes aux investisseurs. Et je pense qu’en fin de compte, ce qui déterminera l’agenda, c’est la manière dont les investisseurs se comportent et investissent. Il peut s’agir d’investisseurs particuliers, mais aussi de fonds de pension et de grands investisseurs institutionnels. En tant que gestionnaire d’actifs, vous avez vos valeurs et vous devez expliquer ce que vous faites.»

(Les actifs russes) ne valent pas grand-chose, voire rien et se négocient avec une énorme décote sur la valeur.
Marc-André Bechet

Marc-André Bechet directeur général adjointALFI

Des actifs bloqués

Selon lui, «il s’agit d’un changement dans la façon de penser» et les rendements ne seront pas la seule considération de premier ordre pour de nombreux investisseurs. Les valeurs seront également au cœur des préoccupations.

Il y a également un changement «dans la façon dont vous gérez vos actifs, lié au fait qu’à un moment donné, vos actifs peuvent être bloqués». Les actifs russes «ne valent pas grand-chose, voire rien et se négocient avec une énorme décote sur la valeur». Les investisseurs qui tiennent compte des considérations environnementales pourraient commencer à se retirer encore plus de certaines entreprises, car ils se disent que «dans cinq, 10 ou 20 ans, ces actifs seront bloqués et n’auront aucune valeur».

En préambule, il constate que «nous, ALFI, sommes extrêmement attristés par le conflit et soutenons l’accueil des réfugiés par le Luxembourg».

Cet article a été écrit pour , traduit et édité pour Paperjam.