Selon BNY Mellon Investment Management (IM), les femmes orientent leurs investissements vers des secteurs à fort impact sociétal ou environnemental. (Photo: Shutterstock)

Selon BNY Mellon Investment Management (IM), les femmes orientent leurs investissements vers des secteurs à fort impact sociétal ou environnemental. (Photo: Shutterstock)

Face à l’investissement, hommes et femmes ne sont pas égaux. Le manque d’implication de ces dernières dans l’épargne financière a un coût: 3.220 milliards de dollars, selon une étude commanditée par BNY Mellon Investment Management (IM).

Si les femmes investissaient au même rythme que les hommes, ce serait 3.200 milliards de dollars qui iraient grossir les actifs de la gestion d’actifs. Des actifs estimés par BNY Mellon Investment Management (IM) à 100.000 milliards de dollars. Une goutte d’eau? Surement pas, surtout si on considère que sur ces 3,220 milliards, 1.870 milliards seraient dirigés vers des investissements responsables.

Qu’est-ce qui freine les femmes à s’engager autant que les hommes sur les marchés financiers?

Entre manque de confiance et peur du risque

D’abord un manque de confiance. Seulement 28% des femmes estiment avoir suffisamment d’assurance pour investir une partie de leur argent.

L’étude relève que c’est en Inde et au Brésil où la gent féminine est la plus en confiance avec des pourcentages respectifs de 47% et 46%. En Europe, les taux tournent autour de 25% avec la France à 20% et l’Italie en lanterne rouge à 18%. Seul le Japon fait pire avec un taux de confiance de 15%.

Elles mettent ensuite la barre un peu haut: en moyenne et dans le monde entier, les femmes pensent qu’elles ont besoin de 4.092 dollars de revenu disponible chaque mois – soit 50.000 dollars par an – avant de pouvoir commencer à investir une partie de leur argent relève l’étude. Qui renvoie à une des images d’Épinal les plus répandues selon laquelle si l’homme investi, la femme épargne.

50.000 dollars par an, c’est largement plus que la moyenne mondiale en matière de revenu disponible. Aux États-Unis, la barre est encore plus haute à 6.000 dollars. À titre de comparaison, elle est de 550 dollars en Inde et de 1.400 dollars au Brésil.

Le dernier frein est celui de l’appétence au risque. Selon l’étude, 45% des femmes déclarent qu’investir de l’argent sur le marché boursier – que ce soit directement ou dans un fonds – est trop risqué pour elles. Seuls 9% des femmes déclarent avoir un niveau de tolérance au risque élevée ou très élevée en matière d’investissement. 49% ont une tolérance au risque modérée et 42% une faible tolérance au risque.

Le reflet d’un secteur peu inclusif

D’autres freins «externes» existent.

86% des gestionnaires d’actifs admettent cibler prioritairement les hommes avec leurs produits. 73% des gestionnaires d’actifs déclarent que les produits d’investissement de leur organisation sont principalement destinés aux hommes, ce qui suggère qu’ils se concentrent sur les avantages et les caractéristiques qui attirent généralement plus les hommes que les femmes.

Selon BNY Mellon Investment Management (IM), favoriser les investissements inclusifs passerait moins par la proposition de produits genres que par l’évolution vers un secteur de l’investissement plus diversifié et inclusif. Et la route risque d’être longue… La moitié des sociétés de gestion d’actifs interrogées dans le cadre de l’étude ont déclaré que seulement 10%, voire moins, de leurs gestionnaires de fonds ou de leurs analystes d’investissement étaient des femmes. 73% des gestionnaires d’actifs estiment de leur côté que le secteur serait en mesure d’attirer davantage de femmes à investir s’il comptait plus de femmes gestionnaires de fonds.

Investir dans des valeurs

L’étude s’est également penchée sur les motivations de la gent féminine à investir.

La principale motivation est l’impact que leurs investissements pourraient avoir. 53% des femmes se disent prêtes à investir ou à investir davantage si l’impact de leur investissement correspondait à leurs valeurs personnelles ou si les fonds d’investissement avaient un objectif clair ou une finalité positive.

Au hit-parade de ces valeurs, l’innovation et les nouvelles technologies arrivent en tête suivie par les thèmes du changement climatique et de l’investissement social. 

66% des femmes qui investissent actuellement essaient d’investir dans des entreprises qu’elles aiment et qui soutiennent leurs valeurs personnelles.

Cette volonté d’aligner les investissements sur les valeurs semble être plus forte chez ceux qui ont des enfants: trois quarts des parents – femmes et hommes – qui investissent actuellement disent préférer investir dans des entreprises qui soutiennent leurs valeurs personnelles, contre 59% des adultes qui n’ont pas d’enfants.

Cet article est issu de la newsletter Paperjam Finance, le rendez-vous mensuel pour suivre l’actualité financière au Luxembourg.