Jean-Claude Juncker regrette le manque de pouvoir de l’UE en matière de santé publique. (Photo: Jan Hanrion/Archives Maison Moderne)

Jean-Claude Juncker regrette le manque de pouvoir de l’UE en matière de santé publique. (Photo: Jan Hanrion/Archives Maison Moderne)

Face à la crise du Covid-19, l’ancien président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, regrette que l’Union européenne manque de pouvoir d’initiative en matière de santé publique. Dans une interview accordée au Quotidien, il explique que, pour lui, la solution passe par une augmentation du budget européen.

Président de la Commission européenne jusqu’en novembre 2019, a fait le point sur la crise actuelle . Son premier constat est que l’Union européenne manque de pouvoir d’initiative en matière de santé publique.

«Il y a un défaut de construction en Europe», explique-t-il. «La Commission européenne n’a aucune compétence dans le domaine de la santé publique. Les propositions à cet effet ont été rejetées en bloc par la plupart des États membres lors du traité de Lisbonne en 2007.» La Commission européenne ne peut donc que coordonner plutôt que diriger.

Il estime donc qu’il faudra revoir la mécanique européenne après la crise et «augmenter le budget européen, qui est insuffisant».

L’homme politique luxembourgeois s’attend également à «une crise économique généralisée» et donc très différente de la crise de 2008 qui avait frappé les pays européens de manière asymétrique. «Cette fois-ci, tout le monde est concerné. Tous les pays sont frappés, et ce n’est pas non plus une question d’erreur budgétaire. C’est un cas de force majeur.»

Ce n’est pas non plus une question d’erreur budgétaire. C’est un cas de force majeur.
Jean-Claude Juncker

Jean-Claude Junckerex-présidentCommission européenne

Concernant l’idée de coronabonds sur laquelle se sont heurtés les ministres des Finances lors de la réunion de l’Eurogroupe qui vient de se terminer, Jean-Claude Juncker se dit favorable. «Les coronabonds permettraient de mutualiser la dette qui sera provoquée par les investissements à venir, qui devront être massifs et qui seront nécessaires pour relancer l’économie européenne. Il ne s’agit pas d’éponger des dettes antérieures de déficit public, mais de permettre aux pays touchés par la crise sanitaire et les confinements d’investir pour sortir de la crise économique.»

Mais il admet cependant qu’une telle mesure ne peut se décider dans l’urgence en quelques jours ou en quelques mois. La priorité doit être d’augmenter le budget européen. «Ce n’est pas le moment des épiciers, mais l’heure des architectes», conclut l’ancien président de la Commission.