Étienne Henrion, responsable des achats chez Sodexo, vient tous les jours au siège à Bertrange depuis son domicile près de Thionville. (Photo: Étienne Henrion)

Étienne Henrion, responsable des achats chez Sodexo, vient tous les jours au siège à Bertrange depuis son domicile près de Thionville. (Photo: Étienne Henrion)

Paperjam donne la parole aux salariés qui, de leur bureau ou de chez eux, continuent de travailler malgré la crise du Covid-19. Comme Étienne Henrion, responsable des achats chez Sodexo Luxembourg.

D’une centaine de personnes présentes chaque jour au siège social de Sodexo Luxembourg à Bertrange, ils ne sont plus que dix. Parmi eux, Étienne Henrion, responsable des achats.

Ses tâches quotidiennes se sont retrouvées bouleversées par l’arrivée du Covid-19.

«Mon équipe et moi nous occupons des achats pour l’ensemble de nos sites au Luxembourg», rappelle-t-il. Ce sont une soixantaine de points de restauration dans des entreprises et d’autres dans les écoles et crèches . Mais la plupart ont fermé à cause de la crise sanitaire. Le groupe fournit aussi cinq à six établissements hospitaliers et exploite trois maisons senior et trois résidences services.

De la nourriture aux masques

«La plupart du temps, c’est surtout l’alimentaire qui nous occupe. Actuellement, c’est plutôt la course aux EPI (équipements de protection individuelle)», révèle Étienne Henrion. «Nous sommes focalisés sur beaucoup moins de sites mais avec une attention particulière pour fournir à nos résidents et employés ce dont ils ont besoin pour se protéger».

Sa mission: trouver du matériel à prix acceptable. «Des articles qui ne valaient pas grand-chose il y a un mois deviennent beaucoup plus chers, ce sont des enjeux stratégiques. Nous nous retrouvons avec des prix multipliés par 15 sur les masques chirurgicaux, FFP2 et les gants», précise-t-il. «Il y a un marché d’opportunistes, nous évitons de travailler avec ces gens-là.» De 10.000 masques par an environ, Sodexo en consomme désormais près de 15.000 par mois sur l’ensemble de ses exploitations.

Le responsable des achats a aussi dû, dès le début de la crise et la fermeture des sites de restauration, interrompre les commandes en cours et gérer la situation avec ses fournisseurs pour éviter de gaspiller des denrées.

«Nous avons pris la décision de rassembler tout ce que nous avions ici à Bertrange concernant les EPI et produits désinfectants, pour lutter contre les ruptures de stock. C’est pour cela que je suis là tous les jours. L’idée est de récupérer ce que nous pouvons sur les sites fermés et les distribuer avec parcimonie sur ceux qui restent ouverts, parce qu’il va falloir tenir longtemps dans cette période difficile.»

Gérer une équipe à distance

Cinq personnes s’occupent des achats chez Sodexo Luxembourg. Le responsable, Etienne Henrion, est le seul présent sur le site. «J’ai une personne qui vient un jour ou deux par semaine. Les autres alternent entre home office et congés pour raisons familiales», rapporte-t-il.

Gérer une équipe à distance, «c’est nouveau», commente-t-il. «Nous gardons le contact tous les jours ou tous les deux jours via Skype ou Microsoft Teams. Même ceux qui ne travaillent pas nous rejoignent en général parce que cela nous permet de garder le lien.»

Gain de temps sur la route

«Je ne vis pas mal le confinement car je continue à me rendre au bureau comme je le faisais toujours», témoigne-t-il. «Je suis concentré sur mon travail et je n’ai pas le temps de trop penser à autre chose.»

Il n’a pas non plus l’impression de prendre des risques pour sa santé en continuant de se rendre sur son lieu de travail. «Je ne me suis même pas posé la question parce qu’en fait, j’ai besoin d’être là pour remplir ma mission. Nous sommes dans des bureaux isolés et nous nous croisons peu. Nous appliquons strictement tous les gestes barrière, nous avons du gel hydroalcoolique…», assure-t-il.

«Le confort de la situation, c’est que je perds moins de temps sur la route», se réjouit le frontalier qui vit près de Thionville. Habituellement, il met plus d’une heure le matin pour venir au bureau.

Comme beaucoup, il s’interroge sur la sortie de crise. «Ce sera l’énorme challenge. Si demain le gouvernement dit qu’on peut redémarrer le 1er mai ou le 15 mai, tous nos clients vont vouloir rouvrir en même temps. Il faut qu’on s’organise maintenant pour être prêts», estime-t-il. «Ce seront des discussions que nous aurons avec nos clients et nos fournisseurs, comme nous les avons eues pour la fermeture des sites.»