Julien Demoulin, CEO de Sodexo, espère une consommation plus locale en sortie de crise. (Photo: Sodexo)

Julien Demoulin, CEO de Sodexo, espère une consommation plus locale en sortie de crise. (Photo: Sodexo)

Sodexo a arrêté la plupart de ses activités de restauration en pleine crise du Covid-19, sauf pour les hôpitaux et maisons de soins. Des services essentiels selon Julien Demoulin, CEO de l’entreprise au Luxembourg.

Les entreprises ferment, leurs restaurants aussi. Mais pas les hôpitaux ni les maisons de soins. Comment Sodexo continue-t-elle d’assurer son service malgré une baisse d’activité? L’éclairage avec son CEO, Julien Demoulin.

Quel est le rôle de Sodexo dans cette crise?

. – «La priorité numéro une, ce sont la santé et le bien-être de nos collaborateurs, nos consommateurs et nos résidents. Il est important de maintenir les services sur les sites encore en activité où se trouvent les personnes les plus vulnérables, c’est-à-dire les hôpitaux et les maisons senior.

Nous devons donner aux collaborateurs en première ligne tout le soutien dont ils ont besoin. Je profite de cette interview pour leur dire bravo. Préparer un bon repas pour quelqu’un qui travaille dans un hôpital, être auprès des personnes âgées dans des maisons seniors où les visites des familles ne sont plus permises, c’est surtout leur donner un moment de réconfort.

Quelles activités avez-vous dû arrêter?

«Nous sommes confrontés à une fermeture quasi totale de nos sites de restauration dans les entreprises (sur environ 60 sites au total, un service minimum avec sandwichs et plats à emporter est assuré sur trois ou quatre d’entre eux, ndlr) et totale dans nos restaurants ouverts au public, les activités événementielles, les écoles, les crèches.

D’autres segments restent sollicités comme la restauration du personnel en milieu hospitalier (pour cinq ou six établissements) et l’exploitation globale de maisons pour seniors (nous avons trois maisons senior et trois résidences services).

Quel sera l’impact sur votre chiffre d’affaires?

«C’est compliqué à estimer. Disons que sur un mois complet, nous aurons une diminution de 50%. (Le chiffre d’affaires 2019, calculé entre septembre et août, s’élevait à 134 millions d’euros pour Sodexo Luxembourg. Il concerne toutes les entités sauf Sodexo BRS qui gère les chèques-repas, ndlr).

Combien de temps pouvez-vous tenir dans cette situation?

«C’est compliqué à dire. Nous avons la chance d’être dans un pays qui prend beaucoup de mesures pour nous aider et de faire partie d’un grand groupe international, même s’il connaît la crise partout dans le monde.

Comment gérez-vous la crise en interne?

«Nous travaillons dans un secteur d’activité qui demande déjà un niveau d’hygiène très élevé.

Nous avons tout de suite mis en place une cellule de crise.

Nous avons été en contact régulier avec nos clients dans le cadre de l’organisation des fermetures. Maintenant, avec nos clients actifs, nous restons en contact pour assurer la continuité des services dans les meilleures conditions. Notre ‘business continuity plan’ est en perpétuelle évolution.

Nous permettons au personnel sur les sites où l’activité est réduite de venir soutenir les équipes très sollicitées dans les hôpitaux et établissements senior. Je suis très fier de constater la solidarité qui s’opère.

Sur 2.300 salariés, la moitié ne travaillent plus en ce moment. La plupart sont au chômage partiel, d’autres en congés familiaux extraordinaires.

95% du personnel du siège social fait du télétravail, et 5% ont une présence indispensable pour gérer la ‘supply chain’. Ils respectent toutes les règles de sécurité.

Faites-vous face à des problèmes d’approvisionnement?

«Pas pour les denrées alimentaires.

Au niveau de l’approvisionnement en masques, nous sommes dans la même situation que tout le monde. Nous devons avoir une gestion précise et proactive pour ne pas tomber en pénurie.

Comment vivez-vous votre mission de CEO?

«Il faut garder la tête sur les épaules, ne pas paniquer, piloter, apporter son support dans la prise de décision. Il est important de garder un contact régulier avec les équipes. Nous devons nous atteler à les rassurer sur l’emploi, les mesures prises par le gouvernement pour nous aider dans cette crise et rester disponible pour répondre à l’ensemble de leurs questions.

Comment imaginez-vous la sortie de crise?

«Les moyens mis en place par le gouvernement pour accueillir les personnes contaminées au Covid-19 et toutes les mesures de soutien aux entreprises ont été prises de manière rapide et efficace. La seule chose que nous pouvons faire, c’est respecter les mesures d’hygiène et de distanciation. C’est tous ensemble que nous allons sortir de cette crise.

Et l’après-crise?

«Je suis un optimiste. Je suis intimement convaincu que nous en sortirons tous plus forts et solidaires. Ce sera un nouveau monde dans lequel il faudra nous réinventer pour repenser le modèle économique et remettre en question nos modes de production et de consommation actuels. Pourquoi produire à l’autre bout du monde ce que nous pouvons faire ici pour simplement économiser quelques euros? Nous le voyons avec les masques qui viennent de Chine, il faudra penser à ce que ces produits de nécessité soient plus proches de chez nous.

Chez Sodexo, nous sommes déjà extrêmement orientés ‘local’. Nous achetons chez des producteurs ou distributeurs locaux la majorité de nos produits. Mais cela va devoir être le cas pour la totalité des organisations.»