La ministre de la Santé Paulette Lenert, le directeur de la Santé Jean-Claude Schmit ou encore le directeur du Statec Serge Allegrezza ont assisté à la présentation des premiers résultats du séminaire de recherche «Santé pour tous» ce lundi 20 septembre. (Photo: MSAN)

La ministre de la Santé Paulette Lenert, le directeur de la Santé Jean-Claude Schmit ou encore le directeur du Statec Serge Allegrezza ont assisté à la présentation des premiers résultats du séminaire de recherche «Santé pour tous» ce lundi 20 septembre. (Photo: MSAN)

Les premiers résultats du séminaire de recherche «Santé pour tous» ont été présentés ce lundi 20 septembre à Belval. Il en ressort que la situation socio-économique des résidents a bien un impact sur la probabilité d’être infecté par le Covid-19, voire hospitalisé.

«Il y a bien des inégalités socio-économiques face à la maladie, et pas seulement au niveau de la situation sur le marché du travail ou du revenu. Notre système de santé est heureusement très efficace, mais il faut aller vers une société plus égalitaire», a réagi le directeur du Statec, , à la suite de la présentation, ce lundi 20 septembre, du séminaire de recherche «Santé pour tous».

Ce projet est le fruit de la collaboration entre le ministère de la Santé, le Statec (Institut national de la statistique et des études économiques), le Liser (Luxembourg Institute of Socio-Economic Research) et l’IGSS (Inspection générale de la sécurité sociale). Ce sont les premiers résultats intermédiaires qui ont été présentés ce lundi. Le but du projet est de livrer une analyse scientifique qui porte sur l’incidence des infections au sein de la population résidente, ainsi que des hospitalisations, admissions en soins normaux et intensifs, décès en lien avec le Covid-19 au Luxembourg et la participation des résidents aux tests de dépistage.

Une différence entre confinement et déconfinement

«On sait qu’il y a une forte inégalité en matière de santé, même dans des sociétés qui ont un État providence avec un système de santé universaliste comme le nôtre. Donc on s’attendait à ce qu’il y ait des différences, mais nous n’en savions rien à l’avance. Au niveau socio-économique, on voyait bien qu’il y avait un impact du Covid-19, que des personnes ont perdu leur emploi, ou étaient en chômage partiel, donc on s’attendait à ce qu’une certaine inégalité s’accroisse. Mais nous n’avions jamais eu accès à des données directes de la maladie, et nous avons effectivement découvert que les personnes qui sont dans une situation moins favorisée sont plus enclines à être infectées par le Covid-19 ou hospitalisées», ajoute Serge Allegrezza.

Parmi les différents graphiques présentés par les chercheurs, il y en a un notamment qui a mis en lumière la différence entre les périodes de confinement et de déconfinement. «Au moment du lockdown, on était tous très égalitaires, c’est quelque chose de très frappant. Tout le monde était logé à la même enseigne. Et après, on voit bien qu’avec le déconfinement, les différences sont de nouveau apparues», précise Vanessa Di Bartolomeo, adjointe au directeur de l’IGSS.

Corrélation n’est pas causalité

L’étude porte sur des données couvrant la période du 1er mars 2020 au 31 juillet 2021. 69.949 personnes (soit 12% de la population résidente) ont été testées positives au Covid-19. 4.022 (0,7%) ont été hospitalisées, dont 545 en soins intensifs. 691 personnes en sont décédées, et au total, 497.999 (87% de la population résidente) ont réalisé au moins un test.

Parmi les données présentées, il ressort que les personnes les plus âgées, et donc les plus vulnérables, ont été les plus touchées par la pandémie. «Mais il n’y a pas que l’âge qui entre en jeu dans la probabilité d’être infecté, la situation socio-économique joue également», a complété Ioana Salagean, chercheuse au Statec. «On remarque notamment que la composition du foyer, les revenus et le métier entrent en ligne de compte. Ceux dont le logement est occupé par plus de quatre personnes ont été plus infectés et hospitalisés, mais également ceux qui bénéficient d’une aide sociale comme le Revis, qui travaillent dans des secteurs comme la construction, les services de nettoyage, et/ou qui sont intérimaires.»

La problématique récurrente du logement

Les premières conclusions de ces résultats intermédiaires montrent que la corrélation n’est pas la causalité. «Le statut socio-économique peut être à la fois un déterminant et un marqueur de risque. En effet, bien qu’un faible revenu en soi ne constitue pas un risque pour la santé, ce qu’il permet d’acheter peut avoir de l’importance (accès à une voiture, capacité à s’isoler, etc.)», ajoute Ioana Salagean.

«Et on en revient à une problématique récurrente de notre pays qui est celle du logement», regrette Serge Allegrezza. «Tous les résidents n’ont pas accès à un logement décent et correspondant à leurs besoins, notamment les familles nombreuses. Il y a encore beaucoup de travaux que l’on a prévu de faire sur les interactions, notamment entre différents facteurs. Par exemple, on sait que l’âge est très important, mais si l’on a tel âge, telle comorbidité, quelle est la probabilité d’être infecté ou hospitalisé? Si on a une famille nombreuse, si on travaille dans tel secteur… Nous allons pouvoir calculer avec une probabilité conditionnelle selon la situation dans laquelle on se trouve. Et nous aurons dans la deuxième partie du séminaire une nouvelle variable très importante qui est le vaccin. Parce qu’on s’attend à ce que le fait d’être vacciné réduise encore fortement la probabilité d’être hospitalisé.»