«Nous ne voyons pas encore tous les effets du Covid-19, car nos chiffres s’arrêtent pour certains en 2019, mais nous observons déjà que la majorité des personnes qui sont en télétravail depuis le début de la pandémie évoluent dans des secteurs avec des salaires confortables, alors que ceux qui sont en chômage partiel sont plutôt au salaire minimum et touchent donc 80% de leur salaire, ce qui va encore renforcer les inégalités», explique , directeur de la Chambre des salariés.
La CSL a présenté ce mercredi 21 avril à la presse son dernier panorama social. Il en ressort effectivement que la tendance à la hausse des inégalités se confirme sur le long terme. Les ménages avec trois enfants ou plus à charge sont plus exposés au risque de pauvreté (35,1%), et les familles monoparentales sont également particulièrement exposées dans le pays (41,3%), ce qui classe le Luxembourg à la 3e place de la zone euro, derrière la Lituanie et Malte. Un constat également tiré par .
Un tiers des revenus dans le loyer
«Depuis plusieurs années, nous réclamons le retour à l’indexation des prestations familiales (qui sont désindexées depuis 2006, ndlr), qui devrait intervenir en janvier 2022, mais nous revendiquons surtout une rétroactivité de ce qui a été perdu par les familles depuis 15 ans», insiste Sylvain Hoffmann. Les épiceries sociales ont également vu une hausse des passages en caisse de 11% entre 2019 et 2020 et la valeur totale du panier a augmenté de 26%. Le réseau des «Buttek» (géré par Caritas et la Croix-Rouge) a été créé en 2009 et compte à ce jour 12 épiceries réparties sur tout le territoire.
Comme souvent, le logement est pointé du doigt dans le panorama social comme étant une source de difficultés. Les ménages locataires consacrent en effet en moyenne un tiers de leur revenu aux loyers, et cela atteint quasiment les 50% pour les personnes rattachées à la catégorie «pauvres» de la CSL. «En conséquence, on observe une hausse de 31% depuis 2003 de personnes qui disent avoir des difficultés à joindre les deux bouts», complète le directeur de la Chambre des salariés.
En 2019, 26,4% des ménages rencontraient ainsi des difficultés (voir graphique ci-dessous) au Luxembourg, contre 43,8% dans la zone euro (13,5% en Allemagne, 36% en Belgique et 56,7% en France, à titre de comparaison).
La part des ménages des résidents ayant du mal à joindre les deux bouts en 2018 et 2019. (Illustration: Chambre des salariés)
«Le pays ne compte que 3 à 4% de logements sociaux, c’est bien trop peu en proportion par rapport à des pays comme le Danemark ou la France. Et il y a également beaucoup de spéculation, il faudrait des mesures plus restrictives sur les loyers.»