Digitalisation du travail, opposition entre emplois télétravaillables et présentiels, sans oublier la différence entre résidents et frontaliers: la crise sanitaire a intensifié les contrastes sur le marché du travail, selon le .
52% des actifs ont télétravaillé pendant la crise sanitaire, avec une pratique particulièrement marquée dans les secteurs de l’information et de la communication, ainsi que dans les activités financières et d’assurance.
Ce recours ne s’est pas fait sans mal: 45% des internautes disent avoir rencontré des problèmes dans l’utilisation d’internet à leur domicile. Un tiers s’est plaint de la mauvaise qualité de la connexion, et 12% du fait de devoir partager le matériel informatique avec d’autres membres de leur ménage.
Et si le confinement se conjugue désormais au passé, «l’hypothèse est qu’il y aura probablement un mix entre le présentiel et le télétravail, c’est une nouvelle façon de prester les services», illustre , directeur du Statec.
En première ligne et moins favorisés
Pour deux tiers des salariés dans le pays, leur travail était considéré comme essentiel à la gestion de la crise sanitaire. Un tiers d’entre eux s’est retrouvé particulièrement exposé au Covid-19, que ce soit dans les secteurs des soins de santé, de la grande distribution ou encore du nettoyage. Pas question pour eux de télétravailler. Le Statec souligne d’ailleurs que cette population se caractérise par une part plus importante de femmes, davantage de contrats à temps partiel ou temporaires, un niveau d’éducation modeste et des salaires moins élevés avec une moyenne de 23,90 euros/heure, soit 90% du salaire moyen des salariés non exposés en première ligne au virus.
Ce n’est pas la seule disparité relevée dans le «Rapport travail et cohésion sociale». En matière de revenus, par exemple, les inégalités se creusent constamment depuis 2017: 10% des personnes les plus aisées ont un revenu neuf fois supérieur à celui des 10% les moins aisés. Aussi, les 5% les plus aisés touchent des revenus près de 21 fois supérieurs aux 5% les plus défavorisés au Luxembourg.
«On voit une corrélation sur le long terme entre les inégalités qui se creusent et un trend clairement à la hausse pour le taux de pauvreté», souligne Jérôme Hury, conseiller en statistiques sociales au Statec. Si le taux de risque de pauvreté est relativement stable en 2019 avec 17,5%, l’institut observe que les familles avec beaucoup d’enfants sont particulièrement exposées, de même que les jeunes isolés, les étrangers, les personnes faiblement éduquées et les chômeurs.
Le logement, véritable épée de Damoclès
Sans surprise, le coût du logement continue à peser sur les ménages: plus de trois sur quatre estiment que la charge financière qui y est liée est préoccupante et s’aggrave s’il y a des enfants. Les locataires sont davantage préoccupés: 48,3% contre 37,8% des propriétaires avec prêt, tandis que la préoccupation est nettement moins marquée chez les propriétaires sans prêt (14,5%).
Enfin, le Statec pointe une autre inégalité: devant la maladie, il apparaît que la densité de la population sur la commune joue le principal rôle explicatif en cas de contamination au Covid-19. Le revenu ou l’éducation ne semblent donc pas influencer la tendance, qui dessine une carte du Luxembourg d’où ressort un «L» dessiné par les cantons du centre et du sud du pays, où les nouveaux cas de contamination sont les plus nombreux.

Les nouvelles infections se concentrent dans un «L» au centre et au sud du Luxembourg. (Illustration: Statec)