Après que le baril de pétrole a perdu 14% de sa valeur en 2020, il est reparti à la hausse. Depuis le début de l’année, dit l’ULC, les prix à la pompe ont déjà augmenté à neuf reprises. (Photo: Shutterstock)

Après que le baril de pétrole a perdu 14% de sa valeur en 2020, il est reparti à la hausse. Depuis le début de l’année, dit l’ULC, les prix à la pompe ont déjà augmenté à neuf reprises. (Photo: Shutterstock)

L’Union luxembourgeoise des consommateurs accuse le gouvernement de manipuler l’index, sous-entendu afin de ne pas voir arriver une nouvelle augmentation automatique des salaires trop vite. Mais ce n’est pas si simple.

Certains s’en sont fait une spécialité: «Une nouvelle tranche de l’index sera déclenchée au troisième trimestre», «au deuxième trimestre», «n’est pas prévue avant l’année prochaine». Le sujet est attendu par les consommateurs aux pouvoirs d’achat les plus modestes et détesté par une grande partie du patronat, qui voit ses charges augmenter automatiquement.

La prochaine tranche de l’index aura lieu… entre les premier et troisième trimestres 2022, indique le Statec dans sa dernière analyse de l’inflation parue le 17 février. Difficile de faire mieux pour l’institution puisque 2020 et 2021 ont induit un certain nombre de bouleversements dans le suivi de cet indicateur: les transports publics sont devenus gratuits au 1er mars dernier, les soldes ont été reportés, le pétrole a perdu 14% de sa valeur sur fond de lockdowns généralisés et à répétition, la peur des consommateurs de ne pas avoir assez à manger a relancé des comportements d’achat qu’on n’avait plus vus depuis la pire période de l’histoire européenne, et la taxe carbone, neutralisée cette année dans le calcul de l’index, pèse sur l’inflation.

De 0,6% en mai, les projections d’inflation sont passées à 0,9% dès août, et l’inflation s’est finalement stabilisée à 0,8%. Soit nettement moins que les trois années précédentes (1,7%, 1,5%, 1,7%).

La taxe carbone neutralisée

«La spirale de l’inflation a recommencé à tourner, ce qui affectera principalement les petits et moyens revenus et les retraités», assure pourtant l’Union luxembourgeoise des consommateurs (ULC). «Cette spirale des prix a été déclenchée, entre autres, au début de l’année par l’introduction de la taxe sur le CO2 nouvellement calculée. Les prix de l’énergie, le prix du diesel, à lui seul, a été augmenté neuf fois au cours des deux premiers mois de cette année, ont augmenté de pas moins de 11% au cours du dernier mois.»

«Le rebond projeté de l’inflation globale de 0,9% pour 2020 à 1,8% pour 2021 s’explique par la trajectoire des prix pétroliers», confirme le Statec. «Ils contribueraient au total de +0,5 point de pourcentage à l’inflation de l’année suivante, après –0,7 point en 2020. D’un côté, le cours de l’or noir poursuivrait son redressement après l’effondrement du printemps. À cette remontée vient s’ajouter une taxe CO2 de 20 euros par tonne, renchérissant dès janvier 2021 le prix de l’essence, du diesel, du mazout (entre 5 à 6 cents par litre TVAC) et du gaz (5 cents par mètre cube TVAC). L’impact de cette taxe sur l’inflation varie en fonction du niveau des prix pétroliers retenus.»

«La taxe sur le CO2 a également été neutralisée dans le panier de produits de l’indice et n’est donc pas prise en compte pour le calcul de l’ajustement des salaires, des traitements et des pensions à l’inflation», insiste encore l’ULC. «Cette manipulation de l’index est inacceptable. L’association des consommateurs demande au gouvernement d’inclure toutes les augmentations de prix dans l’indice.»

L’ULC «demande au gouvernement de ne pas manipuler l’indice des prix à la consommation, et donc l’ajustement des salaires, des traitements et des pensions, de quelque manière que ce soit. (…) En partie à cause de la crise du coronavirus, de nombreux travailleurs ont vu une partie non négligeable de leurs revenus s’éroder, que ce soit en raison de l’augmentation du chômage ou du chômage à temps partiel, et ont donc subi une perte de pouvoir d’achat.»

L’inflation devrait se situer à 1,7% en 2021 et à 1,8% en 2022… après le déclenchement d’une nouvelle tranche indiciaire.