Nombre de contaminations, nombre d’hospitalisations en soins normaux et en soins intensifs, taux de positivité ou de reproduction… sur le front du Covid-19, les indicateurs suivent une trajectoire inquiétante depuis quelques semaines.
Pour la task force Covid-19 de Research Luxembourg, ils annoncent l’arrivée potentielle d’«un rebond épidémique plus significatif» qu’envisagé lors des dernières projections, note-t-elle, dans son dernier rapport daté du 11 novembre.
De fait, les modélisations de la task force prévoient un pic du nombre moyen de contaminations sur 7 jours, atteignant 260 cas par jour en janvier, suivi d’un lent ralentissement. Ce qui reste inquiétant, même si une personne contaminée n’est pas systématiquement malade et ne développe pas forcément des symptômes.
Jusqu’à 600 cas par jour
Surtout, au vu de la «volatilité» de la situation épidémique actuelle, «de petits changements dans les interactions sociales peuvent avoir un impact significatif», note le rapport. Qui prévoit donc un scénario optimiste – dans lequel le pic des contaminations est déjà atteint –, mais aussi un scénario pessimiste, avec une «dynamique exponentielle» et un pic à plus de 600 cas par jour en moyenne en janvier. Il y avait 686 cas en moyenne sur 7 jours au plus fort de la pandémie, le 4 novembre 2020.
Ce qui se répercute aussi dans les hôpitaux, avec un pic de 59 hospitalisations en soins normaux en janvier, voire 120 dans un scénario pessimiste. Même chose en soins intensifs: le pic atteint 27 hospitalisations en janvier, et jusqu’à 60 dans le scénario pessimiste. Un nombre qui dépasse cette fois le maximum atteint lors de la pandémie le 13 décembre 2020, avec 50 lits occupés en soins intensifs.
La possibilité d’un scénario différent grâce à la vaccination
Bien sûr, ces projections ne prennent pas en compte des changements dans les comportements sociaux, une hausse significative des vaccinations ou l’arrivée d’un nouveau variant.
Surtout, grâce à la vaccination, «le scénario est complètement différent» de celui d’il y a un an, relativisait le directeur de la Santé, , dans . «Je vous rappelle que, l’année passée, nous avions au même moment des incidences dans les 800 cas par jour, avec 200 ou 250 hospitalisations. Désormais, nous parlons de 30 à 40 hospitalisations et de 200 cas par jour en moyenne, avec des mesures moins contraignantes qu’il y a un an.»
Un vaccin très efficace
De fait, la vaccination est très efficace, a rappelé le Conseil supérieur des maladies infectieuses (CSMI) dans une recommandation publiée le 8 novembre: le vaccin montre «une effectivité de 96 à 97% sur tous les objectifs cliniques (formes graves de la maladie, hospitalisation et décès), et de 83% à 88% sur l’infection asymptomatique», selon une très large étude israélienne.
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Au Luxembourg, les données sont «rassurantes» pour les personnes complètement vaccinées âgées de 70 ans et plus: «85% contre les infections, 99% contre les hospitalisations, et 92% contre les décès», note le CSMI. Ainsi, il y a «presque neuf fois moins de risque d’être infecté et dix fois moins d’hospitalisations pour Covid-19 chez les personnes complètement vaccinées de 70 ans et plus. Une protection similaire est observée chez les résidents du même âge des structures d’hébergement pour personnes âgées, avec une réduction des infections de 90%, des hospitalisations de 98%, et des décès de 96%.»
Une vague de non-vaccinés
La vaccination sera-t-elle suffisante pour passer l’hiver sans encombre? Car c’est là tout l’enjeu. «Cette quatrième vague est celle des non-vaccinés», prévient ainsi Claude Muller, épidémiologiste au LIH, auprès de Paperjam. «Nous avons une très grande prédominance de personnes non vaccinées dans les soins intensifs et parmi les décès. C’est un phénomène très clair», remarque aussi Jean-Claude Schmit.
Au Luxembourg, 65,2% de la population totale est vaccinée (75,8% de la population de 18 ans et plus), selon le Centre européen de prévention des maladies infectieuses (ECDC). Ce qui fait dire à Jean-Claude Schmit que, au Luxembourg, «nous sommes bien protégés: notre taux de vaccination n’est pas mauvais, nous sommes légèrement au-dessus de la moyenne européenne – même si nous pouvons faire mieux, c’est très clair. Les pays qui posent le plus de problèmes, pour l’instant, sont ceux avec les taux de vaccination les plus faibles.»
Mais la situation dans les hôpitaux, en particulier dans les soins intensifs, peut susciter «une certaine inquiétude», remarque toutefois Claude Muller. «Cela augmente un peu plus rapidement qu’attendu», constate-t-il.
L’indispensable troisième dose
La troisième dose va aussi être un enjeu crucial ces prochains mois. Les études montrent «une diminution de l’efficacité des vaccins avec le temps», note le CSMI, qui a donc . «Elle est efficace pour augmenter le taux d’anticorps, en particulier chez les personnes immunodéprimées», remarque ce dernier. Mais, pour l’instant, si 25.000 boosters ont été administrés, la campagne pour la dose complémentaire n’est pas un succès: seulement 40% des personnes âgées l’ont pour l’instant reçue.
Des mesures anti-Covid plus strictes ne sont pas exclues. «En fonction de l’évolution, il faudra en discuter. C’est quelque chose que nous devons voir au jour le jour et, potentiellement, il faudra s’adapter si la situation épidémique dérape», prévient ainsi Jean-Claude Schmit.
Retour des gestes barrières
Ces prochaines semaines seront décisives. «Si la dynamique continue», le danger existe que «le traçage des contacts ne permette plus de briser les chaînes d’infection avec efficacité», prévient la task force Covid-19.
Pour éviter un emballement des cas, la task force recommande de bien suivre les mesures d’hygiène et les gestes barrières (masque et distanciation sociale) en attendant d’atteindre une hypothétique immunité collective grâce à la vaccination. Le message est en tout cas clair pour Claude Muller: «Faites-vous vacciner. Et si vous êtes vacciné depuis plus de six mois, faites le booster.»