«Pouvons-nous maîtriser cette vague avec les restrictions actuelles? Faut-il mettre en place de nouvelles restrictions?», s’interroge le directeur de la Santé, Jean-Claude Schmit. «En fonction de l’évolution, il faudra en discuter. C’est quelque chose que nous devons voir au jour le jour et, potentiellement, il faudra s’adapter si la situation épidémique dérape.» (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne/archives)

«Pouvons-nous maîtriser cette vague avec les restrictions actuelles? Faut-il mettre en place de nouvelles restrictions?», s’interroge le directeur de la Santé, Jean-Claude Schmit. «En fonction de l’évolution, il faudra en discuter. C’est quelque chose que nous devons voir au jour le jour et, potentiellement, il faudra s’adapter si la situation épidémique dérape.» (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne/archives)

La généralisation de la troisième dose à toute la population devra encore attendre, estime le directeur de la Santé, Jean-Claude Schmit. Alors qu’une nouvelle vague frappe l’Europe, le pays est protégé par la vaccination et ses mesures de protection. Mais un renforcement de ces mesures n’est pas exclu.

Alors que la troisième dose vient d’être , un élargissement n’est pas exclu dans le futur, estime le directeur de la Santé, , dans une interview à Paperjam. Mais une généralisation à toute la population reste, pour le moment, au stade de la discussion.

Concernant la situation épidémique, si le nombre d’infections remonte partout en Europe, le Luxembourg est plutôt bien protégé, estime-t-il, la vaccination étant à un bon niveau et des mesures de protection ayant été conservées. Mais le directeur de la Santé n’exclut pas un renforcement des mesures anti-Covid si la situation s’aggrave.

L’Agence européenne des médicaments (EMA) a rendu un avis début octobre autorisant la troisième dose aux plus de 18 ans. En l’ouvrant aux plus de 65 ans, vous progressez par étape. Pourquoi ne pas élargir encore plus?

Jean-Claude Schmit. – «C’est important de donner des messages clairs, de cibler des groupes selon l’âge ou d’autres critères, et de dire aux gens: vous faites partie de ce groupe-là, c’est maintenant que nous essayons de motiver votre groupe.

Et il y a des considérations pratiques. Les facteurs limitants ne sont pas les centres de vaccination qui ont beaucoup de capacité. Mais de nombreuses personnes préfèrent désormais leur médecin traitant. Or, ceux-ci ont une capacité limitée à recevoir les patients: il faut un certain temps pour prendre rendez-vous, le médecin doit s’organiser pour les séances de vaccination, il doit avoir 5 ou 6 patients en même temps parce que les doses sont des multidoses et que, dès l’ouverture d’un flacon, il faut l’utiliser. Ce qui explique peut-être que seulement 40% des personnes âgées aient reçu leur troisième dose…

Faut-il envisager, à terme, une généralisation de la troisième dose?

«Il n’est pas exclu d’élargir le cadre de cette vaccination, c’est un point de discussion. Mais il n’y a pas beaucoup de données. Or, faut-il viser tout le monde ou seulement les gens à partir d’un certain âge? Nous verrons.

Faut-il viser tout le monde ou seulement les gens à partir d’un certain âge? Nous verrons.
Jean-Claude Schmit

Jean-Claude Schmitdirecteur de la Santé

En outre, lors de la première vague, nous avons vacciné progressivement. Or, il n’y a certainement pas d’urgence à revacciner les jeunes qui viennent de l’être: leur système immunitaire fonctionne bien et il va fonctionner encore pendant neuf ou douze mois, peut-être même plus. Donc nous avons le temps…

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé dernièrement que, au vu de la dynamique actuelle, l’épidémie pourrait causer jusqu’à 500.000 morts de plus en Europe cet hiver. Le Luxembourg est-il concerné par cette déclaration ou sommes-nous protégés?

«Nous sommes bien protégés: notre taux de vaccination n’est pas mauvais, nous sommes légèrement au-dessus de la moyenne européenne – même si nous pouvons faire mieux, c’est très clair. Les pays qui posent le plus de problèmes pour l’instant sont ceux avec les taux de vaccination les plus faibles.

Les pays qui posent le plus de problèmes pour l’instant sont ceux avec les taux de vaccination les plus faibles.
Jean-Claude Schmit

Jean-Claude Schmitdirecteur de la Santé

En Roumanie ou dans les pays baltes, les taux de vaccination sont bas, la situation est catastrophique. Au contraire, si vous prenez des pays avec des taux de vaccination très élevés, comme le Portugal, la situation est tout à fait calme. L’Europe est très hétérogène et un pays ne sera donc pas touché de la même façon qu’un autre.

Au Danemark, la vaccination est à un niveau très élevé, mais l’épidémie est pourtant repartie…

«Le Danemark est parmi ces pays qui ont enlevé toutes les mesures de protection et les gestes barrières. Puis ils se sont retrouvés avec une croissance très rapide des nouvelles infections. Le Luxembourg n’est pas dans la même situation: cela augmente aussi, mais beaucoup plus doucement, parce que nous avons encore des mesures en place.

Le retour de mesures anti-Covid plus contraignantes est-il envisageable?

«Pouvons-nous maîtriser cette vague avec les restrictions actuelles? Faut-il en mettre en place de nouvelles? En fonction de l’évolution, il faudra en discuter. C’est quelque chose que nous devons voir au jour le jour et, potentiellement, il faudra s’adapter si la situation épidémique dérape.

Nous sommes dans un scénario complètement différent et c’est concrètement l’effet de la vaccination.
Jean-Claude Schmit

Jean-Claude Schmitdirecteur de la Santé

La vaccination démontre-t-elle son efficacité sur le terrain?

«. Je vous rappelle que, l’année passée, nous avions au même moment des incidences dans les 800 cas par jour avec 200 ou 250 hospitalisations. Désormais, nous parlons de 30 à 40 hospitalisations et de 200 cas par jour en moyenne, avec des mesures moins contraignantes qu’il y a un an. Donc nous sommes dans un scénario complètement différent et c’est concrètement l’effet de la vaccination.

Les personnes hospitalisées sont-elles toujours essentiellement des personnes non vaccinées?

«Nous avons une très grande prédominance de personnes non vaccinées dans les soins intensifs et parmi les décès. C’est un phénomène très clair. Malheureusement, de temps en temps, une personne vaccinée arrive en soins intensifs. Mais ce sont des personnes très âgées ou avec des maladies préexistantes, comme un cancer, pour lesquelles la vaccination fonctionne moins bien…

Nous avons une très grande prédominance de personnes non vaccinées dans les soins intensifs et parmi les décès.
Jean-Claude Schmit

Jean-Claude Schmitdirecteur de la Santé

Les enfants représentent désormais une grande part des infections, avec 11,1% d’infections actives chez les 5-9 ans. Faut-il s’en inquiéter?

«Les enfants ne sont pas vaccinés donc le virus circule parmi eux – un peu moins que l’année passée cependant. Ce n’est pas une particularité du Luxembourg, nous l’observons dans tous les pays.

Mais nous ne sommes pas inquiets, les enfants supportent bien cette infection et ne deviennent pas vraiment malades. En revanche, il y a cette crainte qu’ils puissent ramener le virus à la maison où un parent ou un grand-parent vulnérable pourrait, malgré la vaccination, s’infecter et avoir des complications. Donc c’est quelque chose que nous suivons très attentivement.»