Avec plus de 900.000 dossiers de soins partagés et plus de 4,4 millions de documents partagés au sein des DSP, le directeur de l’agence eSanté rejette l’analyse du LCGB qui évoque un «flop». (Photo: Shutterstock)

Avec plus de 900.000 dossiers de soins partagés et plus de 4,4 millions de documents partagés au sein des DSP, le directeur de l’agence eSanté rejette l’analyse du LCGB qui évoque un «flop». (Photo: Shutterstock)

Hervé Barge, directeur de l’Agence eSanté, a souhaité répondre aux critiques formulées par le LCGB envers le dossier de soins partagé (DSP).

Décrit comme , Hervé Barge n’a pas souhaité laisser passer cette attaque. «Parler d’un flop n’a aucun sens. Qu’est-ce qu’un flop? Qu’est-ce qu’un succès? Par rapport à quoi et à qui?», pose cet ancien enseignant, «d’autant plus quand on n’a pas les chiffres pour réaliser une analyse froide».

Les chiffres, justement, Hervé Barge en dispose en temps réel. «Une partie de mon métier est d’analyser froidement les chiffres. Dans le cas du DSP, il y a trois indicateurs neutres à prendre en compte», explique-t-il. «Le premier indicateur est volumétrique. Cela sert tout simplement savoir s’il y a des dossiers de soins partagés ou non. Pour le Luxembourg, et c’est sans doute la raison pour laquelle les politiques ont parlé d’un ‘succès’, nous avons atteint notre objectif, prévu sur deux ans, en un an», souligne Hervé Barge.

Plus précisément, le directeur de l’agence eSanté explique que «pour décembre 2021, le challenge de l’agence était de mettre en place 850.000 dossiers de soins partagés. En décembre 2020, soit 18 mois après sa phase de lancement, nous étions déjà à plus de 900.000 dossiers de soins partagés qui sont utilisables par des professionnels de santé. Je rappelle que le DSP a deux intérêts. En premier lieu, être utilisable par des professionnels de santé dans l’intérêt du patient qui, lui, peut manager son DSP. Ce n’est pas un dossier du patient ni du professionnel de santé. C’est un dossier utilisable par les professionnels de santé dans le cas d’une relation thérapeutique et gérable par le patient s’il le souhaite.»

«Le politique m’a donné pour mission de déployer 850.000 DSP en deux ans. Cela a été fait en un an. Je ne vais pas parler de succès, mais ce premier indicateur est au vert. Dans le cas d’un déploiement, si ce premier indicateur n’est pas bon, alors on peut parler d’échec. Ici, ce n’est pas le cas», pose encore le directeur.


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Quant au deuxième indicateur: «C’est également un indicateur volumétrique», commente M. Barge. «C’est le nombre de documents que l’on met dans le DSP. Dans certains pays, après 10 ans de déploiement, 50% des DSP sont vides et les autres ont une moyenne d’un à deux documents. Là encore, ne connaissant ni le cadre ni les objectifs, je ne peux pas parler d’échec ou de succès. En revanche, dans notre cas au Luxembourg, nous avions provisionné 1,5 million de documents en 18 mois. Actuellement, nous sommes à 4,4 millions de documents partagés au sein du DSP. Donc ce deuxième indicateur a explosé puisque l’on a presque triplé notre objectif avec un rythme de croissance très positif. Là encore, sans parler de succès, cet indicateur est plus que positif», poursuit Hervé Barge.

Une telle croissance de documents pourrait s’expliquer par la crise du Covid-19 et les nombreux tests biologiques réalisés par la population. Mais là encore, le directeur de l’agence eSanté est catégorique. «On pourrait le penser. Mais ce n’est pas le cas. Nous aurions pu nous attendre à une chute du nombre de documents échangés avec la fin du large scale testing. Eh bien ce n’est pas le cas. C’est même l’inverse puisque la croissance est constante. Depuis cet été, l’imagerie médicale a également pu intégrer les fonctions du DSP», souligne-t-il.

Mais nous avons pris le temps de parler, d’écouter et de discuter avec un très grand nombre de personnes.”
Hervé Barge

Hervé Bargedirecteur Agence eSanté

Enfin, le troisième indicateur concerne le taux d’usage. «Six mois après la phase de généralisation, nous étions en moyenne à 270 consultations par jour. Je ne sais pas, non plus, si c’est un succès. Mais, globalement, on avait déjà un petit usage. 18 mois plus tard, nous sommes à 10.000 consultations par jour. Je ne sais pas si on peut appeler cela un succès, mais une évolution de 270 consultations à 10.000 consultations par jour en 18 mois, je trouve que c’est pas mal», argue M. Barge.

Ces trois indicateurs servent au directeur de l’agence eSanté à comparer, là aussi «froidement», le DSP luxembourgeois avec ce qui se fait dans d’autres pays. «Dans un exercice de comparaison avec nos voisins, je me pose déjà la question de savoir s’ils disposent d’un DSP pour 150% de leur population?», lance-t-il. « Les pratiques médicales de nos voisins sont relativement les mêmes, donc on pourrait estimer le nombre de documents dans les systèmes de DSP dans les autres pays. En France, on devrait retrouver environ 440 millions de documents et environ 570 millions de documents en Allemagne. Actuellement, l’Allemagne ne dispose pas d’un système de DSP malgré plusieurs tentatives. Les Français sont assez loin des 440 millions de documents», indique-t-il encore.

Un déroulement qui le pousse à penser «légitimement que l’on ne peut donc pas parler d’un flop».

Dernière critique envers le DSP, la durée de développement de ce projet lancé en 2015 et seulement en phase de généralisation depuis l’année dernière. «La phase pilote a duré cinq ans. Mais nous avons pris le temps de parler, d’écouter, de discuter avec un très grand nombre de personnes. Pendant ce temps-là, nous avons travaillé sur des référentiels et un cadre d’interopérabilité national et sur une mise en place des échanges des données de santé», conclut Hervé Barge. Il invite d’ailleurs toute personne ayant des questions au sujet du DSP à venir à la rencontre de son équipe.