La ministre de la Santé, Paulette Lenert, et le ministre de la Sécurité sociale, Romain Schneider, ont lancé une campagne de communication pour que les 850.000 assurés de la CNS utilisent activement leur dossier de soins partagé. (Photo: Paperjam)

La ministre de la Santé, Paulette Lenert, et le ministre de la Sécurité sociale, Romain Schneider, ont lancé une campagne de communication pour que les 850.000 assurés de la CNS utilisent activement leur dossier de soins partagé. (Photo: Paperjam)

Les ministres de la Santé et de la Sécurité sociale ont présenté ce mardi matin leur campagne de communication sur le dossier de soins partagé. 652.564 DSP ont été ouverts par l’Agence eSanté, dont 80.000 semblent actifs, a dit son président, Christian Oberlé. Un enjeu à de multiples entrées.

Peut-être avez-vous un DSP, un dossier de soins partagé, ouvert à votre nom, sans en avoir vraiment conscience. Comme la ministre de la Santé, (LSAP), l’a rappelé ce mardi matin, le gouvernement a choisi un «opt-out».

Autrement dit, 652.564 affiliés à la Caisse nationale de santé, résidents et frontaliers, ont reçu depuis des mois un courrier qui les invite à activer leur DSP. Que ce simple courrier comporte à la fois les deux codes et la méthode d’activation – ce qui ferait bondir le régulateur du secteur financier – n’est pas le problème: les affiliés ont 30 jours pour dire qu’ils n’en veulent pas. «Après ce délai, des professionnels de santé ou structures de santé autorisés par vous pourront y déposer vos données de santé et les y consulter», dit le courrier.

De ces 652.564 DSP pré-ouverts, seuls 80.000 comptes environ semblent actifs, a indiqué le président de l’Agence eSanté, Christian Oberlé, ce mardi au cours de la conférence de presse, et 0,09% (587) ont été fermés. Entre les deux, des dossiers vides.

Une multitude d’acteurs à réunir

C’est tout l’intérêt, pour les deux ministres – de la Santé, Paulette Lenert, et de la Sécurité sociale, (LSAP) –, de lancer une campagne de communication en quatre langues pour informer que le DSP existe, qu’il a des avantages, qu’il faut l’activer, et afin que la population comprenne les enjeux qu’il porte.

Des visages sont cachés par des bulles de couleur qui disent «myDSP, une aide pour connaître mon historique médical», «myDSP peut me sauver la vie en cas d’urgence» ou «le DSP, vous y gagnez».

Il y a près de 15 ans que le gouvernement a lancé le plan de digitalisation de la santé et cinq ans que la phase pilote du DSP a démarré. L’affaire n’est pas simple: chacun des acteurs de santé a sa propre technologie pour «gérer» ses patients et il a fallu réunir les hôpitaux (Hôpitaux Robert Schuman, Centre hospitalier de Luxembourg, Centre hospitalier du Nord et Centre hospitalier Emile Mayrisch), les laboratoires d’analyses biologiques (Ketterthill, les Laboratoires réunis et Bionext Lab), les acteurs du soin à domicile (Fondation Stëftung Hëllef Doheem) et les cabinets médicaux.

Seuls 75% de ces derniers participent à l’alimentation des dossiers de soins partagés, parce qu’ils utilisaient déjà un des six logiciels (Emed, Medipro, Gecamed, Praxis, Camphor et Medicus), qui resteront leur logiciel de référence, tandis qu’ils utiliseront aussi, à compter de l’activation du compte, le dossier du patient sur la plate-forme nationale. Il y a aussi des médecins qui ne sont pas digitalisés ou près de la retraite et qui n’ont pas envie de s’engager sur cette voie.

Enfin, deux centres nationaux sont de la partie (Centre François Baclesse et INCCI), quatre structures spécialisées qui utilisent IdeoMed (Tricentenaire, Centre de réhabilitation du château de Colpach, l’hôpital intercommunal de Colpach et Omega 90 via une convention) et deux autres structures (Centre médical de Rédange et CIPA Maredoc).

Un dossier médical disponible partout et tout le temps

Concrètement, le patient conserve le contrôle complet de qui peut accéder à son dossier, qui peut y déposer quoi et même qui peut voir quel document. À tout moment, il peut aussi supprimer ce dossier et modifier chaque paramètre, même si chaque acteur reste «propriétaire» du document qu’il avait partagé dans le dossier. L’intérêt du patient est d’avoir en permanence accès à tout son dossier médical et de pouvoir le partager avec un praticien dans le cadre d’une urgence ou du traitement d’une pathologie au lieu de se promener avec ses actes sous le bras. À terme, une application sera lancée – dont les ministres n’ont pas reparlé ce mardi –, ce qui rendra le DSP complètement mobile.

À l’heure des inquiétudes sur la protection des données, leur sécurisation et leur stockage, ce contrôle complet est une clé de son adoption, que les deux ministres souhaitent massive. Comme l’Agence ne développe pas elle-même de technologie, elle a acheté la solution aux Français de Maincare, a précisé son président, tandis que les données sont stockées chez EBRC et que Post a fourni la solution de sécurité. «Les données resteront au Luxembourg», a encore dit M. Oberlé.

Mais pourraient être utiles bien au-delà. Car un certain nombre de ces dossiers concernent des frontaliers, affiliés à la CNS, et que le Luxembourg travaille à deux initiatives, a encore dit le président de l’agence: permettre que des acteurs de santé des pays frontaliers puissent être authentifiés – un accord est en cours de négociation avec la Région Grand Est et deux autres suivront avec la Belgique et l’Allemagne – et il faudra que le DSP luxembourgeois puisse être utile dans ces trois pays, où il existe parfois des projets similaires assez avancés.

La ministre de la Santé a aussi annoncé que le paiement de l’acte serait facilité grâce à une solution ad hoc très complexe à mettre en place, puisqu’elle reprend toute la nomenclature pour que patient et médecin sachent directement combien va être remboursé et que la CNS versera directement ce montant. Le paiement automatique devrait être opérationnel en 2023.

«C’est une digitalisation médico-administrative», a dit M. Oberlé, qui s’enrichira l’an prochain d’une e-prescription, là aussi pour faciliter la vie du patient qui doit ensuite aller récupérer ses médicaments et leur posologie. «Peut-être que le DSP est une coquille vide… peu remplie… mais elle va se remplir progressivement», a-t-il dit, pour les 850.000 assurés de la CNS, un chiffre qui change tous les jours, au rythme de l’accélération de l’économie. Car la santé, c’est d’abord le travail.