Pour Fränk Thinnes, chargé de campagne Climat & Énergies de Greenpeace, l’industrie financière au Luxembourg a un rôle-clé à jouer dans la réduction des gaz à effet de serre en cessant de financer la crise climatique. (Photo: Paperjam)

Pour Fränk Thinnes, chargé de campagne Climat & Énergies de Greenpeace, l’industrie financière au Luxembourg a un rôle-clé à jouer dans la réduction des gaz à effet de serre en cessant de financer la crise climatique. (Photo: Paperjam)

Au lendemain de la publication du Giec, Greenpeace demande plus d’ambition de la part du gouvernement. Fränk Thinnes, chargé de campagne Climat & Énergies de Greenpeace, a accepté de répondre à nos questions.

Est-ce que les conclusions alarmistes des experts du Giec vous surprennent?

Fränk Thinnes. – « ont confirmé nos avertissements, prévisibles lors des derniers rapports. Déjà en 2014, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat prévenait que l’augmentation de la température globale – à l’heure actuelle à plus de 1,1°C au-dessus des niveaux préindustriels – entraînerait une multiplication des événements climatiques extrêmes. Selon le rapport «AR6», l’influence humaine est responsable sans équivoque du réchauffement de l’atmosphère, de l’océan et des terres. Le gouvernement doit regarder la réalité en face et prendre ses responsabilités. Autrement, les événements climatiques extrêmes des dernières semaines ne serviront que d’avant-goût à ce à quoi nous devons nous attendre pour l’avenir.

Est-ce que la stratégie environnementale et écologique du Luxembourg va dans le bon sens?

«Les objectifs nationaux en matière de climat et d’énergie doivent devenir nettement plus ambitieux. À la mi-juillet, dans le cadre de la législation nationale, (énergie et industries manufacturières; construction; transports, bâtiments résidentiels et tertiaires; agriculture et sylviculture; traitement des déchets et des eaux usées), qui visent à réduire de 55% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Toutefois, on peut se demander dans quelle mesure ces objectifs pourront être atteints, en raison des mécanismes de flexibilité qui permettent de reporter les réductions annuelles d’un secteur sur un autre ou sur les années suivantes. De plus, l’industrie financière au Luxembourg a un rôle-clé à jouer à cet égard et doit cesser de financer la crise climatique et aligner ses décisions d’investissement sur les objectifs de l’accord de Paris. Dans les années à venir, l’économie mondiale va devoir subir une transformation profonde vers des produits et processus de production durables et faibles en émissions.

Cependant, afin de pouvoir encore atteindre l’objectif de limitation du réchauffement de la planète à 1,5°C, les Nations unies estiment que les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent être diminuées d’au moins 7,6% par an, soit une réduction absolue d’au moins 65% pour l’UE d’ici 2030. L’Europe ainsi que le Luxembourg doivent donc réviser leurs ambitions avant la fin de la Cop26. 

On parle beaucoup d’écologie et de transition énergétique, mais est-ce ces questions ont un écho auprès de la population?

«La crise climatique est arrivée dans notre pays, et ses conséquences sont dramatiques. Les phénomènes météorologiques extrêmes que connaît notre pays, notamment les inondations catastrophiques de juillet dernier, menacent en ce moment même nos citoyens et citoyennes ainsi que l’environnement, et sont un signal d’alarme pour la société entière. 

Selon un sondage effectué par TNS Ilres pour Greenpeace en 2020, 98% des résidents luxembourgeois croient au changement climatique. 7 personnes sur 10 se sentent menacées par celui-ci, et 6 personnes sur 10 sont d’avis que ne pas y remédier constitue une violation des droits humains. En outre, 81% des personnes interrogées estiment que cette responsabilité incombe au gouvernement. 

Nous devons combattre la crise climatique ainsi que ses conséquences avec la même détermination dont nous avons fait preuve avec la crise du Covid-19. Nos responsables politiques sont notre dernier rempart contre la catastrophe. Ils doivent enfin se débarrasser de leurs œillères et reconnaître l’urgence de la situation dans laquelle nous nous trouvons. Les solutions existent, il s’agit d’en faire la priorité absolue du pays et de rendre leur mise en œuvre socialement juste.»