Les restaurateurs espèrent que la justice tranchera, à terme, en leur faveur concernant les loyers payés pendant les fermetures imposées. (Photo: Shutterstock)

Les restaurateurs espèrent que la justice tranchera, à terme, en leur faveur concernant les loyers payés pendant les fermetures imposées. (Photo: Shutterstock)

Alors que la justice a donné raison à un cafetier qui voyait la Brasserie de Luxembourg lui réclamer des loyers pour les mois de «fermeture administrative stricte», l’incertitude plane toujours quant aux restaurateurs, nombreux à avoir lancé le même type de procédure judiciaire. 

Une lueur d’espoir, mais... La décision de justice donnant raison à un gérant de café face à la Brasserie de Luxembourg concernant des loyers impayés pendant les périodes de fermeture administrative stricte a remonté le moral des restaurateurs, qui y voient une potentielle lumière au bout du tunnel. Mais ce n’est pas gagné par avance.

En effet, indique Maître Frank Rollinger, en charge du dossier qui a permis au cafetier de Clausen de ne pas avoir à payer de loyers pendant les périodes de fermeture, «certains restaurants ont fait de la vente à emporter ou de la livraison, et cela pourrait représenter une inconnue», l’activité n’ayant pas été – entièrement – réduite à néant.

«La crainte, c’est que les critères soient davantage exigeants pour les restaurants», confirme Marc Grandjean, acteur de l’horeca et membre de l’association Don’t Forget Us, qui regroupe et soutient 86 sociétés et 157 locaux dans le pays.

Nombreuses procédures

S’il est impossible de dire précisément combien d’acteurs de la restauration ont entamé des procédures similaires, M. Grandjean avance toutefois que «la plupart des restaurateurs qui sont sous contrat avec des brasseries sont au tribunal».

D’autant plus, rappelle-t-il, que si cette décision est validée, la question se posera également pour ceux qui ont payé en temps et en heure leurs loyers. «Si la décision est confirmée, est-ce que les propriétaires vont rembourser les locataires? Parce que la situation est compliquée pour beaucoup de personnes, et je pense qu’il y a des propriétaires qui n’auront tout simplement pas les fonds».

Pour de nombreux acteurs du milieu de l’horeca, la responsabilité n’incombe ni aux restaurateurs ni aux propriétaires. «Personne n’a commandé le Covid», résume M.Grandjean, pour qui la meilleure solution aurait été d’indexer le loyer sur les revenus: «On pourrait imaginer que si un chiffre d’affaires est divisé par deux, le loyer le soit également. Ça permettrait aux propriétaires d’avoir quelques revenus, et aux commerçants de sauver ce qui peut encore être sauvé.»

Quid de l’État?

De plus en plus de restaurateurs, patrons de bars et discothèques pointent du doigt la responsabilité de l’État sur la gestion de ce dossier. «C’est l’État qui a décidé de nous fermer, donc soit il nous trouve une solution, soit il met la main au portefeuille. Nous avons reçu des aides, mais le Luxembourg est moins flexible que beaucoup de ses voisins européens», estime Marc Grandjean.

«Je pense que l’État cherche un peu la petite bête aussi. Honnêtement, pour le moment, les patrons en ont marre. Mais un jour, ce sera aussi au tour des salariés de vouloir se faire entendre. Il suffit de voir, rien que pour le chômage partiel, c’est le brouillard. À l’heure actuelle, nous avons reçu le mois de novembre, certains attendent encore octobre. J’ai prévenu certains employés: à la fin janvier, je n’aurai plus assez de trésorerie», conclut le patron et membre fondateur de Don’t Forget Us.